Qui sont les salariés aidants ?
En France, plus de 5 millions d’actifs accompagnent au quotidien un ou des proches dépendants tout en continuant de travailler. Et avec le vieillissement de la population française, ils seront de plus en nombreux.
Un quart des salariés deviendra aidant d’ici 2030. Plus de 7 actifs non-aidants sur 10 considèrent qu’ils seront probablement ou certainement aidants dans les 5 ans à venir.
- FEMMES Les salariés aidants sont majoritairement des femmes (52%) selon le baromètre « Aider et travailler 2023 »* réalisé par Interfacia X Tilia x Groupe VYV x ANPP x Le Lab RH.
- TEMPS PARTIEL SUBI Ces aidants bossent majoritairement à temps partiel, de façon subie pour 69% des interrogés, qui génère un manque à gagner évident.
- FAIBLE SALAIRE Les actifs aidants touchant moins de 2000 euros mensuels sont 11% de plus que les non aidants. A l’inverse, ils sont 17% de moins à percevoir (en brut mensuel) plus de 3000 euros.
- POSTES A RESPONSABILITES Autant dire que le statut d’aidant salarié ne fait pas bon ménage avec des postes à responsabilités, qui nécessitent de la disponibilité.
Leur rémunération « est un véritable enjeu, sachant que la plupart des aidants contribuent financièrement à la prise en charge de leur proche fragilisé », soulignent les auteurs de l’étude. Pour preuve, plus d’un tiers des salariés aidants consacrent entre 500 euros et 1000 euros à la personne aidée.
Nous assistons à une véritable précarisation du statut d’aidant qui s’accentue jour après jour et qui génère de grandes inquiétudes pour l’avenir. 6 travailleurs aidants en activité sur 10 sont ainsi inquiets de l’impact de leur rôle sur leur future retraite.Christine Lamidel, fondatrice et directrice générale de Tilia
Un tiers des salariés aidants quittent leur job
Moins bien payés que les autres, davantage en temps partiel, harassés par leur double, voire triple journée, et pas toujours épaulés par leur employeur, un tiers des aidants (34%) a quitté son boulot à cause de son rôle d’aidant.
Même si le chiffre s’amenuise au fil des ans (-12% sur trois ans) notamment grâce au développement du télétravail, les deux tiers d’entre eux considèrent encore que l’aidance à un impact négatif sur leur travail mais aussi sur celui de leur conjoint. A tel point donc, qu’ils démissionnent. Une fois devenu juste aidant et plus « salarié aidant », difficile pour la moitié d’entre eux de retrouver un job. La double peine en somme !
Des salariés aidants inspirants pour les équipes
En menant de front leur vie professionnelle, personnelle et de proche aidance, la moitié de ces actifs déclare avoir acquis de nouvelles compétences. Notamment des soft skills : ils sont passés maitre dans la gestion des priorités, l’organisation de leur temps et donc l’optimisation de leur efficacité. De nouvelles compétences qui rayonnent dans l’entreprise dans son ensemble.
Plus de la moitié de leurs collègues et managers estiment que l’aidance a un impact positif sur la cohésion d’équipe, et sur leur propre organisation du travail.
Un aidant dans une équipe représente un véritable atout : plus d’empathie, de sens, et de résilience. En revanche, ils sont près de 8 sur 10 à noter un impact négatif sur l’organisation du travail de l’équipe.
Des salariés aidants fidèles si épaulés par leur employeur
On le voit les salariés aidants, tout comme leurs collègues et managers, sont demandeurs de solutions pour optimiser leur efficience et le travail d’équipe. Quand le sujet est pris au sérieux et avec ces actions concrètes, cela peut même être un outil de rétention des talents.
46% des salariés aidants sondés estiment que les dispositifs déployés par leurs employeurs contribuent à les fidéliser.
A l’avenir, les salariés aidants seront amenés à être plus nombreux.
Plus de 7 actifs non-aidants sur 10 (72%) considèrent qu’ils seront probablement ou certainement aidants dans les 5 ans à venir.
Un tiers des RH méconnaissent l’aidance
Les salariés aidants, mais aussi leur entourage professionnel, réclament une meilleure prise en charge de cette situation par les employeurs. Sur le sujet, il y a encore du boulot. Même si depuis quelques années, la prise en compte de leurs contraintes monte dans les entreprises, le sujet n’est pas encore adressé partout.
Côté pile, plus de 6 responsables des ressources humaines sur 10 (64%) indiquent avoir mis en place des actions pour adresser la problématique de l’aidance. Des actions reconnues par les collaborateurs puisque 66% d’entre eux disent que leur entreprise prend en compte leur situation, soit 10 points de plus qu’en 2020, et 46% d’entre eux estiment que les dispositifs déployés contribuent à les fidéliser.
Côté face, un tiers des responsables RH ne savent toujours pas que 20% des salariés en France sont des aidants. Et près de deux tiers n’ont pas conscience que l’aidance impacte 30% de l’ensemble d’un effectif. Ils sont pourtant près de la moitié (47%) à être interpellés sur le sujet, dont un tiers (34%) par des sollicitations qui proviennent des managers. Dans 6 entreprises sur 10, le sujet ne fait même pas partie du dialogue social.
* Enquête de plus d’une centaine de questions menée entre le 5 avril et 16 juin 2023, auprès de plus de 500 actifs aidants, anciens aidants, managers, collègues d’aidants et responsables RH.
Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.