Se reconvertir dans l’immobilier : les bons plans et les impasses

Aurélie Tachot

RECONVERSION – Le secteur de l’immobilier recrute à tour de bras et attise les envies de s'y reconvertir. Mais attention : si, dans les métiers de la transaction et de l’administration de biens, les cadres qui ont suivi un parcours de reconversion ont toutes leurs chances, c’est moins vrai dans ceux de la promotion immobilière et du développement foncier, où les places sont plus chères. Enquête, témoignages et conseils de pro pour tenter votre chance les yeux grand ouverts.

Enquête et témoignages de professionnels si vous voulez tenter votre chance dans l'immobilier grâce à une reconversion.

Se reconvertir dans l’immobilier : les bons plans et les impasses
Enquête et témoignages de professionnels si vous voulez tenter votre chance dans l'immobilier grâce à une reconversion.

Ils témoignent :

  • Céline Blanc, Manager au sein du cabinet de recrutement Fed Immobilier
  • Philippe Buyens, Directeur général de Capifrance
  • Justin Froli, Team Leader au sein d’un market center Keller Williams
  • Maxime Ginsburger, Responsable de programmes pour Mobicap

Secteur immobilier : les places sont chères pour les cadres reconvertis

 

Volume record de transactions, mobilité accrue des Français, projets de construction d’envergure... En ce début d’année, le marché immobilier est dans une forme olympique. Un phénomène qui en croise un autre : l’envie post-Covid des cadres de changer de métier, d’après une étude menée par Cadremploi en mars 2021, qui révèle que la reconversion fait partie de l’univers mental de 83 % des cadres. Ce passage à l’acte pourrait-il se faire dans l’immobilier, dont l’industrie représente 2,3 millions d’emplois ? Rien n’est moins sûr.

Le secteur immobilier a toujours été attractif aux yeux des candidats. Pour autant, les profils qui font l’objet d’une reconversion ne sont pas ceux qui intéressent le plus les recruteurs.
Céline Blanc, manager au sein du cabinet de recrutement Fed Immobilier

Et pour cause : dans cette filière, les places sont chères. Dans la promotion immobilière et le développement foncier, « nous avons dû mal à positionner des candidats qui ne sont pas issus du secteur, certainement parce que les rémunérations sont élevées et que les recruteurs attendent, en retour, un bon degré d’expérience », ajoute-t-elle. À titre d’exemple, un responsable de programme et un développeur foncier touchent un salaire annuel entre 40 et 90 K€, selon l’Apec. « À cela s’ajoutent la part variable, qui représente entre 20 et 30 K€, et les avantages en nature », détaille-t-elle.

La transaction : l’eldorado des reconvertis !

Dans la filière de la transaction et de l’administration de biens, où les métiers cadres sont toutefois moins nombreux, c’est tout l’inverse : les profils reconvertis sont accueillis à bras ouverts. Certains réseaux d’agences en font même leur marque de fabrique.

Philippe Buyens

« Chez Capifrance, 70 % des conseillers immobiliers que nous embauchons font l’objet d’une reconversion », illustre Philippe Buyens, directeur général. Même son de cloche au sein du réseau Orpi, qui précise, sur son site, que 60 % des collaborateurs ne possédaient aucune expérience dans l’immobilier avant de rejoindre l’enseigne.

Là aussi, l’appât du gain est l’un des critères qui attirent les cadres. « La première raison, c’est souvent l’envie d’évoluer dans un secteur valorisant, d’accompagner les projets de vie des Français et de toucher à des sujets variés liés au juridique, à la fiscalité, à l’urbanisme... Les perspectives de rémunération viennent en second. Elles sont d’ailleurs bien plus intéressantes que dans la grande distribution, la banque, l’administration », assure Philippe Buyens.

Certains candidats sont prêts à faire une croix sur leur statut cadre pour exercer un métier dans la transaction. « Ils sont souvent issus du commercial, du marketing, de la communication. Ils s’orientent le plus souvent vers le statut d’indépendant pour bénéficier d’une liberté d’action et articuler leur vie personnelle et professionnelle », indique-t-il.

Y-a-t-il encore de la place pour d’autres candidats ?

 

La réponse est oui. Dans la filière de la transaction, les opportunités sont actuellement nombreuses, qu’on soit diplômé ou non dans l’immobilier. « En 2021, le marché a enregistré 1,2 millions de transactions, contre 1 million en 2020 qui avait pourtant été pénalisée par huit semaines de confinement. Le secteur enregistre donc une croissance importante, qui encourage l’ensemble des acteurs à recruter », souligne Philippe Buyens.

En France, « on estime qu’un conseiller immobilier indépendant doit disposer d’une zone de 3000 foyers, soit 10 000 habitants, pour générer 80 à 140 000 euros de chiffre d’affaires. Cela représente donc un potentiel de 9000 conseillers, contre nos 3000 actuels », ajoute-t-il.

Justin Froli, Team Leader au sein d’un market center Keller Williams, apporte un léger bémol.

Justin Froli
Aujourd’hui, le marché est extrêmement porteur car le volume de transactions est fort. Toutefois, lorsqu’il se repliera, les opportunités seront forcément moins nombreuses.
Justin Froli, Team Leader au sein d’un market center Keller Williams

Malgré tout, en 2022, les cadres souhaitant s’orienter vers les métiers de la transaction ont donc toutes leurs chances pour réussir. « À condition d’avoir de solides compétences relationnelles et juridiques », précise Justin Froli, qui travaille aux côtés d’anciens cadres de l’énergie, de la banque, de l’armée...

Quels postes à pourvoir dans l'immobilier ?

Retrouvez ici les offres d'emploi dans l'immobilier mises à jour quotidiennement.

 Maxime Ginsburger : « Je suis un vrai autodidacte ! »

TÉMOIGNAGE – Il y a 7 ans, Maxime Ginsburger a quitté son poste d’expert-comptable pour devenir responsable de programmes pour Mobicap, un promoteur spécialisé dans les résidences adaptées aux personnes en perte d’autonomie.

 

« Lorsque j’étais expert-comptable chez PwC, j’avais du mal à appréhender la finalité de mon poste, qui était de produire des liasses fiscales et des bilans comptables. J’avais envie de challenge et je voulais m’inscrire dans une aventure entrepreneuriale. J’ai quitté ce poste, j’ai monté une SAS et j’ai acheté un immeuble à rénover dans les Hauts-de-Seine. L’immobilier m’a toujours beaucoup attiré, non pas pour les rémunérations qu’il propose – je gagnerai mieux ma vie en tant qu’expert-comptable – mais pour sa pluralité de contacts. On peut, en une journée, échanger avec un maçon, un avocat, un banquier, un élu...

C’est une période entrepreneuriale qui fût très difficile – je me suis surendetté – mais durant laquelle j’ai beaucoup appris. À cette occasion, j’ai rencontré un promoteur de Pégase Partners, qui recherchait un directeur de projet avec une forte appétence pour le financement. Il m’a embauché et j’ai ainsi pu terminer la rénovation de mon immeuble, à ses côtés.

En 2019, j’ai ensuite intégré Mobicap en tant que responsable de programme. Je n’ai jamais eu besoin de me former, je suis un vrai autodidacte ! Dans l’immobilier, je pense qu’il y a de la place pour les profils comme le mien.

Chez Mobicap par exemple, il y a beaucoup de salariés qui viennent d’autres horizons : de la finance, de l’histoire de l’art et même de l’escape game !

C’est surtout un métier de réseau, où il faut de la volonté, du bon sens et un fort esprit d’équipe. Je ne pense pas que les recruteurs soient fermés aux profils reconvertis. Je pense plutôt que le marché est serré, que la tension foncière est forte et qu’il n’est donc pas simple, pour les promoteurs, de se projeter sur des recrutements. » 

Aurélie Tachot
Aurélie Tachot

Après avoir occupé le poste de rédactrice en chef d’ExclusiveRH.com (entre autres), je travaille désormais à mon compte. Pour Cadremploi, je contribue à la rubrique Actualités via des enquêtes, des interviews ou des analyses sur les évolutions du monde du travail, sans jamais oublier l'angle du digital.

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