Nautisme : les entreprises recrutent, dopées par la crise

Ils témoignent

• Éric Mabo, délégué général adjoint de la Fédération des industries nautiques (FIN)
• Cyrille Corlay, directeur général adjoint de Grand large yachting Manche Atlantique, en charge des recrutements
• François Daniel, chargé de mission au sein du Cluster maritime français (CMF)

Le nautisme recrute, porté par la crise

Les entreprises du nautisme reviennent de loin. Paralysée en 2020 par la crise du Covid-19, longtemps privée de salons professionnels, où est réalisée la majorité des ventes de bateaux de plaisance, dépossédée des débouchés à l’export, qui représentent trois quarts de son chiffre d’affaires, l’industrie nautique affiche une santé étonnante. « Depuis la fin des confinements, le marché est extrêmement dynamique. Les prévisions pour 2022 sont bonnes, du fait de l’appétence très forte des Français pour les bateaux », explique Éric Mabo, délégué général adjoint de la Fédération des industries nautiques.

Une fois les restrictions sanitaires levées, le constructeur Grand Large Yachting est par exemple reparti au quart de tour.

La filière du nautisme se porte tellement bien « qu’elle peine à répondre à la demande, par manque de ressources humaines », explique François Daniel, chargé de mission au Cluster maritime français.

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Quels employeurs du nautisme embauchent en 2021 ?

D’une manière globale, la filière du nautisme est composée de deux sous-ensembles : la production et les services (maintenance, vente...).

Or, dans les TPE, peu de cadres sont recherchés. « Leurs effectifs sont composés d’ouvriers qualifiés et du chef d’entreprise, très rarement de cadres », résume Eric Mabo, le délégué général de la Fédération des industries nautiques. Dans cette filière, les recrutements concernent surtout les ouvriers (accastilleurs, technicien de maintenance, mécanicien, chaudronnier...). Lorsqu’ils sont recherchés par les entreprises du secteur (souvent les plus grosses), les cols blancs décrochent des postes d’ingénieurs au sein des cellules R&D, dans la production et dans les fonctions support.

Les constructeurs incontournables, à l’image de Bénéteau (constructeur de bateaux à voile et à moteur), Catana Group (catamarans de luxe) et Fountaine Pajot (catamarans de croisière), sont ceux qui les recrutent le plus. « Ce sont eux qui donnent le la du marché : lorsqu’ils sont dans une dynamique positive, ils emmènent dans leur sillage les sous-traitants et les équipementiers », explique-t-il. Notamment des entreprises comme Wichard (accastillage marin), NV Equipment (protection outdoor pour bateaux), Alliance Marine (distribution d'équipements pour la navigation de plaisance et la marine professionnelle), etc.

Avez-vous le profil pour postuler dans le nautisme ?

Les ingénieurs spécialisés dans les technologies de pointe (surtout s’ils parlent plusieurs langues !) sont ceux qui intéressent le plus les employeurs. « Les spécialistes des technologies embarquées, des capteurs connectés, de l’automatisme et plus généralement tous ceux qui ont une expertise dans le transport "propre" sont convoités par les entreprises du secteur », illustre François Daniel du CMF. De même que « les ingénieurs spécialisés en hydrodynamique, en électronique, en résistance des matériaux et en mécanique des fluides », ajoute Éric Mabo.

Outre les ingénieurs, les chargés d’affaires et les responsables achat sont également recherchés dans la filière. Tout comme les responsables de développement en bureau d’études, convoités par le leader des bateaux de plaisance Bénéteau. En 2022, afin de soutenir sa croissance, le groupe Grand Large Yachting recrutera, quant à lui, trois cadres, dans le cadre de trois créations de postes.

Une filière hyper ouverte aux reconversions

Bonne nouvelle pour les cadres souhaitant rejoindre la filière nautique : les profils reconvertis passionnés par la mer ont largement leur place. Et pour cause : « il n’existe pas d’école qui forme les cadres aux métiers spécifiques de l’industrie nautique », note Éric Mabo. De facto, les profils intégrant la filière sont débutants (et formés sur le terrain) ou issus de secteurs industriels connexes. « Même si elles ne sont pas organisées, il existe des passerelles avec les métiers de l’aéronautique et de l’automobile, notamment pour les ingénieurs », illustre-t-il.

François Daniel confirme : « Nous avons des métiers en commun avec l’industrie navale et l’énergie. La manière de réfléchir et de concevoir des ingénieurs est la même dans ces secteurs. Ces profils sont donc accueillis sans aucune hésitation dans le nautisme » . Lorsqu’ils recrutent des ingénieurs, Cyrille Corlay regarde surtout leurs soft skills, notamment leur fiabilité, leur minutie, leur rigueur. « Qu’ils soient issus d’un autre secteur industriel n’a aucune importance, dans la mesure où nous pouvons les former en interne », indique-t-il.

L’atout du nautisme : des entreprises à taille humaine

Le corolaire, c’est que la filière du nautisme est directement en concurrence avec des secteurs industriels parfois plus attractifs lorsqu’elle doit recruter des cadres.

L’autre axe majeur de différenciation des employeurs du nautisme, c’est leur taille. « Nos entreprises sont à taille humaine et grandissent essentiellement via des opérations de croissance externe. La dimension patrimoniale est donc forte et les circuits de management moins complexes que dans les grands groupes de certaines industries », précise Éric Mabo. La plus grande entreprise de la filière nautique, c’est Bénéteau et elle compte, en France, environ 5500 salariés, dispatchés sur une vingtaine de sites de production. Rien à voir avec l’effectif de PSA par exemple, qui frôle, à l’échelle nationale les 55 000 collaborateurs. Les modes de management, un critère très regardé par les cadres, ne sont donc pas les mêmes.

Quid des rémunérations ?

« Dans le nautisme, la rémunération est un critère important mais pas décisif. Les salaires des cadres, qui évoluent plutôt dans des TPE et PME, ne rivalisent pas avec ceux des grands groupes comme Airbus ou Naval Group. L’écart est d’environ 10 à 20 %. Pour autant, ils s’alignent bien avec leurs sous-traitants », d’après François Daniel, du CMF.

Quelles activités regroupe le secteur du nautisme ?

Le nautisme regroupe 4 grandes activités :

• la production de bateaux de plaisance
• la réparation-maintenance et les services portuaires
• les services de loisirs (location de bateaux ou d'articles de sport, activités sportives,...)
• le commerce de détail d'articles de sport

Où sont implantées les entreprises du nautisme ?

La grande majorité des entreprises sont implantées sur les zones côtières : Bretagne, Normandie, Pays-de-la-Loire, PACA, Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi-Pyrénées ou Nord-Pas-de-Calais.

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