
La mobilité interne fait souvent l’objet de belles histoires. Celle de Fabien incarne parfaitement le fait qu’il est possible de débuter dans la grande distribution tout en bas de l’échelle avant de gravir progressivement les échelons jusqu’à exercer un métier à responsabilité. « Mon premier poste chez Leclerc a été un job d’été : j’étais employé, en charge de la mise en rayon des articles. J’avais décroché ce poste grâce à ma mère qui était, elle-même, responsable de caisse. C’était ma toute première expérience professionnelle. Ce que je ne savais pas à l’époque, c’est que c’est dans cette entreprise que j’allais faire carrière », raconte-t-il. En effet, alors qu’il prépare le CAP « Poissonnier écailler », Fabien doit travailler en milieu professionnel pendant 14 semaines. Par facilité, il choisit l’hypermarché Leclerc qu’il connaît, situé dans le Finistère, en Bretagne, où il est bien connu de la direction.
Une fois diplômé, Fabien prend son courage à deux mains et partage, à son responsable de stage, sa volonté d’intégrer l’enseigne en tant que poissonnier. « Je me souviens qu’à l’époque, mon responsable avait déjà des difficultés à recruter et à fidéliser une équipe. Les profils de poissonniers étaient rares, le métier attirait peu », explique-t-il. Cette vive motivation est donc du pain béni pour le N+1 de Fabien, qui s’empresse de lui préparer un contrat de travail. « Mon atout, c’est que j’étais déjà opérationnel : j’avais été formé pendant mon stage aux méthodes de préparation et de découpe des poissons. J’avais même confectionné des plateaux de fruits de mer pendant la période des fêtes », raconte Fabien. Quelques années plus tard, sa carrière connaît un coup d’accélérateur. « Un jour, mon responsable m’a indiqué qu’il partait à la retraite – la même année que ma mère – et qu’un poste de chef de rayon poissonnerie allait donc se libérer. Au début, j’étais un peu surpris qu’il me parle de ce poste. Je n’étais pas carriériste, je n’avais même pas imaginé que j’évoluerai un jour dans mes fonctions ».
Le poissonnier ne se démonte pas et accepte la proposition. Quelques mois après, il est promu au poste de chef de rayon marée. Il encadre alors une équipe de quatre poissonniers. « Heureusement, entre le moment où j’ai su que j’avais le poste et celui où j’étais officiellement chef de rayon, il s’est passé quelques semaines durant lesquelles mon responsable m’a expliqué comment organiser le travail de l’équipe, acheter les produits, gérer les commandes, enregistrer la réception des marchandises, réaliser un inventaire… J’ai tout appris sur le tas », indique Fabien. Pour l’aider dans ses fonctions, une formation sur le management lui est proposée par le magasin Leclerc, qui emploie 200 salariés. « C’était nouveau pour moi d’être à la place de celui qui dirige les autres. J’ai suivi une formation de trois jours, à Rennes, qui m’a permis de connaître les fondamentaux du management. J’ai notamment appris qu’il fallait prendre en compte les personnalités de chacun », explique-t-il.
Au fil des années – et de son évolution de poste – Fabien a vu son salaire augmenter. « Aujourd’hui, je suis payé 2 100 euros nets par mois en tant que chef de rayon poissonnerie, contre 1 550 euros nets lorsque j’étais poissonnier. C’est un très bon salaire alors que je n’ai techniquement qu’un CAP ! En parallèle, je touche aussi un 13e mois », se réjouit-il. S’il avait travaillé pour une enseigne intégrée comme Carrefour ou Auchan, Fabien aurait certainement connu la même évolution de carrière. Mais sa rémunération n’aurait sans doute pas été aussi élevée. « L’un de mes amis est responsable de rayon poissonnerie dans un Géant Casino, dans le Morbihan. Il est payé 200 euros nets de moins par mois », confie-t-il. Et pour cause : les enseignes indépendantes comme Leclerc, Système U, Intermarché… ne sont pas soumises à une grille de salaire. Elles ont davantage de flexibilité en matière de rémunérations et peuvent donc faire du salaire un facteur d’attractivité à part entière.

Après avoir occupé le poste de rédactrice en chef d’ExclusiveRH.com (entre autres), je travaille désormais à mon compte. Pour Cadremploi, je contribue à la rubrique Actualités via des enquêtes, des interviews ou des analyses sur les évolutions du monde du travail, sans jamais oublier l'angle du digital.