
Ils témoignent
- Ghislain Eschasseriaux, délégué général de la Fédération des Services Energie Environnement (Fedene)
- Kamel Amara, directeur général adjoint en charge des ressources humaines de Fayat Energie Services
- Olivier Dekens, pilote du groupe de travail pour l’attractivité des métiers de l’Afpac et directeur du développement et de la communication du groupe Cham
- Julie Cousin, chargée de recrutement pour Bouygues énergies et services France.
- Hubert Haag, DRH du groupe Océa
Des embauches en masse
Le secteur de la transition énergétique est vaste. Il est donc difficile de comptabiliser l’ensemble des salariés de cette branche de notre économie. Mais quel que soit le sous-secteur envisagé, on annonce des recrutements très importants.
Ainsi, le Serce, le Syndicat des entreprises de la transition énergétique, indique, pour 2022, « un besoin d’embauche d’environ 10 000 salariés dont une bonne moitié d’ingénieurs ».
La Fédération des Services Energie Environnement (Fedene), regroupant 7 syndicats, estime devoir également embaucher, toujours en 2022, 10 000 salariés. « Nous recrutions depuis 2017 de 5000 à 8000 nouveaux salariés par an, explique Ghislain Eschasseriaux, le délégué général. Devant des réglementations qui évoluent, une demande qui explose, nos prévisions sont de l’ordre de 10 000 à 15 000 recrutements annuel dans les dix prochaines années dont environ 30% de cadres ». La Fedene regroupe 500 entreprises salariant quelque 70 000 emplois la plupart « non-délocalisables ».
Kamel Amara, directeur général adjoint en charge des ressources humaines de l’entreprise de 4000 salariés Fayat Energie Services, devrait en embaucher 500 en 2022. « En matière d’encadrement, je recherche des ingénieurs, des chefs de projets mais aussi des financiers, des acheteurs, des cadres pour mes services généraux et pour la RH ».
La société Bouygues énergies et services a embauché 1000 salariés dont 300 cadres en 2021 et devrait en recruter 1300 en 2022 dont également 300 cadres.
« Notre secteur recrutera environ 200 cadres par an jusqu’en 2030, poursuit, ravi, Olivier Dekens, le pilote du groupe de travail pour l’attractivité des métiers de l’Afpac regroupant les spécialistes de la pompe à chaleur. Il est aussi directeur du développement et de la communication du groupe Cham. Cette filiale de EDF comprend 1000 salariés et prévoit 15 recrutements de cadres en 2022.
Des recrutements d’ingénieurs mais aussi de managers, de commerciaux…
Le secteur de la transition énergétique embauche avant tout des ingénieurs. Dans l’encadrement, cela représente près de la moitié des recrutements.
- Les trois postes les plus en tension sont ceux d’ingénieurs.
o Les ingénieurs d’études qui sont assistants à la maitrise d’ouvrage. Ils réalisent des cahiers des charges, des études de faisabilité et répondent aux appels d’offre. Aujourd’hui, faute de jeunes diplômés, de nombreuses entreprises ne répondent pas à ces propositions. C’est dire si ces diplômés sont attendus par les employeurs.
o Ces jeunes peuvent aussi exercer la fonction d’Energy manager (ingénieur en efficacité énergétique). C’est le 2e métier le plus en tension de cette branche d’activité. Ces spécialistes gèrent plusieurs sites en même temps pour optimiser leurs performances énergétiques. Ils ont aussi un rôle de veille en cas de dysfonctionnement. Si le problème est avéré, il délègue sur site des techniciens supérieurs pour réparer et maintenir.
o Mais le secteur laisse aussi sa place aux technico-commerciaux, aux chargés d’affaires. Ce sont des diplômés d’écoles d’ingénieurs mais ils sont aussi issus d’écoles de commerce ou d’un Master 2 universitaire.
- Les employeurs recherchent aussi des facility managers. Ces profils sont plus variés. Ils exercent leur métier au sein des services généraux. Ils veillent, par exemple, aux conforts des occupants d’un bâtiment donné. Le plus souvent, ils sont issus d’écoles de commerce et/ou de l’université.
« 38 % de nos embauches concernent des cadres sur les fonctions études, travaux et affaire, explicite Julie Cousin, chargée de recrutement confirmée pour Bouygues énergies et services France. Au-delà de la formation et de la maitrise technique, nous recherchons des candidats disposant de compétences comportementales en management, en sens de la satisfaction du client et en sens des affaires ».
Un développement de carrière facilitée
La position de Kamel Amara, le DRH de Fayat Energie Services, résume bien l’ambiance qui règne aujourd’hui dans ce secteur. « Nous créons les conditions pour que celui qui veut aller loin dans notre secteur puisse le faire. Ainsi, nous avons mis en place des outils pour faciliter la mobilité professionnelle via des formations diplômantes. Cela permet aux cadres de gagner en valeur. C’est bon pour eux et pour nous. Conséquence : la globalité de nos dirigeants sont ainsi des ingénieurs qui ont franchi l’ensemble des échelons de notre société ».
Une étude de l’IESF (Ingénieurs et scientifiques de France) confirme cette volonté de promouvoir ces salariés, désir loin d’être partagé par l’ensemble des branches d’activité françaises. « Comparés à d’autres secteurs d’activité, précise l’association, 66 % des ingénieurs du génie électrique et climatique exercent des responsabilités hiérarchiques (seulement 48,1 % pour l’ensemble des ingénieurs tous secteurs confondus) et ils sont près de 11,6 % à accéder à des postes de direction générale (contre 7,5 % tous secteurs confondus). Avant 30 ans, ils sont 58 % à exercer des fonctions d’encadrement (contre 48 % pour l’ensemble des ingénieurs) ».
Autre exemple qui prouve la culture de la promotion sociale de ce secteur : parmi les membres du Synasav (le syndicat professionnel du SAV chauffage et pompe à chaleur), 77 % des dirigeants d’entreprises ont commencé leur carrière comme technicien supérieur. « Près de 30 % de nos embauches concernent les fonctions supports et les cadres, ajoute Ghislain Eschasseriaux, délégué général de la Fedene. Nos métiers permettent de belles carrières. Pour démarrer, rien ne vaut mieux que de débuter par une fonction de terrain, au contact avec nos clients. Ensuite, il sera possible d’intégrer une fonction plus commerciale comme celle d’ingénieur d’affaire, puis de directeur d’agence ou de responsable d’un bureau d’études pour devenir manager des équipes opérationnelles et ensuite gérer un centre de profit ».
Des salaires confortables
Eprouvant des difficultés à embaucher, le secteur paye bien. Un ingénieur d’études perçoit, en salaire de départ, de 38 000 à 40 000 euros brut par an avec une prime représentant un gain de 10 % en plus. Un jeune Energy manager (ingénieur en efficacité énergétique) perçoit, au démarrage, de l’ordre de 40 000 euros brut par an. Un chargé d’affaire débutera, lui, à 36 000 euros brut par an alors qu’un pilote en facility management, issus des écoles de management, émargera à quelque 60 000 à 70 000 euros brut par an. Un technico-commercial pourra, lui, escompter de 38 000 à 40 000 euros en tout début de carrière. Chez Bouygues énergies et services, le salaire d’entrée d’un jeune ingénieur est de 36 000 euros brut par an. « Chez nous, conclut Hubert Haag, DRH du groupe Océa (500 salariés) qui compte embaucher 50 candidats au 1e semestre 2022, un jeune diplômé Bac +5 perçoit de l’ordre de 40 000 à 45 000 euros brut par an. A cela, il faut ajouter une voiture de fonction ».

Je suis journaliste spécialisé dans les questions de formation et d’emploi. L’un ne doit pas aller sans l’autre et la compréhension des deux permet de s’orienter au mieux. Je rédige aussi, tous les deux ans, le Guide des professionnels du recrutement. Je suis aussi passionné d’histoire et amoureux des routes de la soie.