L'UX Research recrute et attire les profils en reconversion

Gwenole Guiomard

METIER QUI RECRUTE – L’UX Research – User eXperience Research en anglais ou “recherche utilisateur” en bon français – fait partie des nouveaux métiers hybrides qui mixent plusieurs disciplines. A la croisée des sciences cognitives, du marketing, de la psycho ou encore du design (mais pas que !), il consiste à analyser les usages et les besoins des utilisateurs pour améliorer ou développer un service à l'aide de techniques très spécifiques. Les besoins en recrutement sont immenses. Tant et si bien que les profils atypiques sont les bienvenus et que les reconversions y sont possibles. Cadremploi a interviewé des experts du métier et vous guide sur les possibilités d’y accéder via un diplôme ou en venant d’un autre univers.

Les besoins en UX Researchers ne cessent de grossir. Quel est ce métier ? Comment s'y former ? A quels salaires prétendre ? Le point avec des recruteurs, des formateurs et des experts de cette discipline que les entreprises tentent d'internaliser.

L'UX Research recrute et attire les profils en reconversion
Les besoins en UX Researchers ne cessent de grossir. Quel est ce métier ? Comment s'y former ? A quels salaires prétendre ? Le point avec des recruteurs, des formateurs et des experts de cette discipline que les entreprises tentent d'internaliser.

Ils témoignent

  • Roxane Lacotte, UX researcheuse, cofondatrice de la start-up Panash
  • Romain Asse, UX Designer et Researcher, intervenant du Mastère UX & CX Innovation de l’école Efrei. Ce cursus en deux ans peut se dérouler en alternance (900 euros de frais d’inscription) et est accessible aux diplômés à minima d’un Bac +3.
  • Marie Schneider, senior UX Researcher chez  Docusign
  • Thibault Geenen, dirigeant de Ferpection, une société de conseils en UX Research
  • Mathieu Lombard, Head of UX chez Ferpection
  • Alexia Moity, directrice de l'ECV Paris, une école proposant un mastère en alternance en UX design et research
  • Anne-Sophie Guillou, senior UX researcher chez Criteo

UX Research : un métier qui devient incontournable dans les entreprises

L’UX Research (la recherche utilisateur en français) en est à ses balbutiements en France. Mais devant l’importance de ses missions (schématiquement, l’étude des besoins des utilisateurs d’un produit ou d’un service), la fonction est en train de devenir incontournable dans toutes les entreprises.

Les métiers de l’UX sont de plus en plus internalisés par les entreprises, mais le métier est aussi exercé par de nombreux indépendants.

Roxane Lacotte

« Quand j’ai commencé ma carrière, se souvient Roxane Lacotte, UX researcheuse de 29 ans, cofondatrice de la start-up Panash, je pouvais compter sur une à deux offres d’emploi salarié lorsque je faisais une recherche. Aujourd’hui, il y en a des centaines. C’est maintenant une fonction très recherchée avec des employeurs qui étoffent des équipes, les passant de un à une vingtaine de spécialistes en UX Research ».

Romain Asse

Les recrutements sont très importants mais encore difficiles à chiffrer. « Le secteur est porteur actuellement, confirme Romain Asse, UX Designer et Researcher, intervenant du Mastère UX & CX Innovation de l’école Efrei. Nous avons beaucoup de demandes émanant des grandes entreprises, des laboratoires d’innovation ou de startups. »

Les UX Researchers que nous avons interrogés indiquent pouvoir trouver un travail dans les trois mois s’ils veulent quitter leur emploi actuel. « J’ai juste à accepter les sollicitations qui m’arrivent régulièrement… », ajoute une Researcher senior qui souhaite, de plus, travailler en télétravail intégral car elle ne souhaite pas quitter sa région.

Des soft skills multidisciplinaires

Thibault Geenen

Thibault Geenen, qui dirige Ferpection, une société de conseils en UX Research, salarie 20 collaborateurs. Il compte en embaucher 5 de plus en 2023.

« Je recherche des UX researcher disposant, avant tout, de soft skills type empathie, écoute et capacité d’analyse. Un bon UX Researcher doit savoir aussi convaincre son client, l’influencer, le conseiller ».

Le secteur n’est pas hostile aux autodidactes qui ont commencé en freelance. Mais le job se professionnalise et les diplômés sont évidemment très appréciés.

« Dans ce métier, l’expérience compte avant tout, précise Marie Schneider, senior UX researcher, 7 ans d’ancienneté, travaillant pour la société américaine Docusign, qui sécurise la dématérialisation des contrats. Et il n’est pas nécessaire d’avoir décroché un cursus dans l’UX research ».

Ceci précisé, la connaissance de plusieurs langues dont l’anglais constitue un accélérateur de carrière car cela permet de démarcher des entreprises américaines, le pays où est née l’UX Research. Ou de réaliser des recherches dans plusieurs langues.

Qui peut se reconvertir dans l'UX Research ?

Le métier manque de « cerveaux ». Les employeurs sont donc (relativement) prêts à embaucher des profils ayant débuté dans d’autres disciplines. Des spécialistes en marketing, en étude, en sociologie, en journalisme, en psychologie peuvent donc postuler en ayant pris soin, au préalable, de se former à l’UX Research.

Anne-Sophie Guillou

« La reconversion est possible, confirme Anne-Sophie Guillou, senior UX researcher de 37 ans qui exerce ses talents pour Criteo, la société responsable des publicités qui vous traquent une fois que vous êtes passés sur un site… Il est cependant nécessaire de disposer de bases en UX qui s’acquièrent en se formant. Puis, il est indispensable de pratiquer via des associations, des proches. On apprend en exerçant. »

La start-up Panash permet ainsi de se former sur 5 semaines (2490 euros le cursus). Bien sûr, le novice en UX research devra s’assumer comme junior et se faire la main sur des études auprès d’employeurs amis tout en se créant une culture UX Research. Il est également recommandé de se rapprocher de ses (futurs) pairs en rejoignant des collectifs qui se créent pour professionnaliser le métier comme l’association Flupa.

Comment s'auto-former en UX Research ?

Mathieu Lombard

« L’autoformation est possible pour se lancer dans la profession, ajoute Mathieu Lombard, 33 ans, head of UX pour la société Ferpection. Si le métier plait, il sera alors possible de suivre les cursus du Nielsen Norman group, la référence ou ceux de la « Interaction design foundation ». On peut aussi s’informer via notre blog chez Ferpection ou chez UX Republic ou encore chez Usabilis qui proposent des webinars gratuits d’initiation ».

Autres moyens de se forger une culture UX et de se perfectionner : les podcasts de Roxane Lacotte ou le programme de Nikki Anderson.

Combien gagne un UX Researcher ?

1- Combien gagne un UX Researcher débutant ?

Dans l’UX research, un jeune diplômé bac +4/5 débutera avec un salaire tournant autour des 35 000 €. C’est un peu moins en région avec une baisse de l’ordre de 15 à 20 % pour un salaire avoisinant les 30 000 euros.

Alexia Moity

Mieux vaut alors travailler en « home office » pour une société parisienne… « Nos diplômés en UX research perçoivent, en début de carrière, de 35 000 à 38 000 euros brut par an, confirme Alexia Moity, directrice de l'ECV Paris, une école proposant un mastère en alternance en UX design et research. Après deux ans d’expérience, ils toucheront environ 40 000 euros brut par an. Il y a du travail dans le secteur. Nous n’avons aucun souci à trouver des entreprises pour nos apprentis avec 50 demandes d’employeurs pour des promotions de 30 étudiants. Ils ont donc la possibilité d’être exigeant ».

Les jeunes ingénieurs sortant d’une école comme l’Efrei percevront, c’est ce que signale l’établissement, 38 900 € précisément pour un poste d’UX Researcher.

2- Combien gagne un UX Researcher confirmé ?

Après 5 ans d’expérience, un UX researcher pourra, en moyenne, gagner entre 44 000 et 50 000 euros brut par an en Ile-de-France (37 000- 43 000 en région) et de l’ordre de 65 000 à 70 000 euros brut par an pour les plus confirmés comme ce UX researcher sénior qui vient de prendre un poste chez une société de distribution de vêtements. Salaire annuel brut : 70 000 euros. Ensuite, certains postes, rares, avoisinent les plus de 100 000 euros brut par an avec un plafond de 60 000 euros brut par an pour les spécialistes travaillant en région.

Tags : UX
Gwenole Guiomard
Gwenole Guiomard

Je suis journaliste spécialisé dans les questions de formation et d’emploi. L’un ne doit pas aller sans l’autre et la compréhension des deux permet de s’orienter au mieux. Je rédige aussi, tous les deux ans, le Guide des professionnels du recrutement. Je suis aussi passionné d’histoire et amoureux des routes de la soie.

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