Certes les observateurs restent prudents. Mais les recrutements 2010 dans les métiers de l'audit et du conseil annoncent déjà un léger mieux sur le marché de l'emploi. « Ce n'est pas l'euphorie, observe François Humblot, administrateur du Syntec Recrutement, mais l'audit et le conseil englobent des métiers amortisseurs, qui baissent moins que les autres et repartent plus vite. » Chez KPMG, malgré des « prévisions basses », ce ne sont pas moins de 1000 embauches (480 CDI et 520 stagiaires) qui sont envisagées pour l'année. Deloitte, de son côté, prévoit 800 recrutements... dont 75 % de jeunes diplômés.
La place aux jeunes
Car s'il est un secteur favorable aux juniors, il s'agit bien de l'audit et du conseil. Surtout quand les temps sont durs. « En période difficile, les entreprises préfèrent parfois avoir à faire à un consultant junior pour les services duquel elles paieront moins cher », analyse François Humblot. Un argument réfuté par les grands cabinets. « Nos entreprises sont basées sur un modèle de promotion interne, explique Pascal Collardey, associé et DRH de KMPG SA. On embauche donc majoritairement des jeunes qui ont des possibilités de carrière très rapides au sein de l'entreprise. En 5-6 ans, il est possible d'être nommé manager d'équipe. »
La crise a favorisé des niches
Avis aux intéressés, la pénurie guette pour certains métiers. « Nous avons souvent du mal à recruter des actuaires, avance Antoine de Riedmatten, associé responsable du recrutement chez Deloitte. Les formations en la matière sont rares. » La crise a aussi fait apparaître certaines niches encore à pourvoir. « Risk Management, réduction des coûts... Et toutes les missions de conseils autour de la restructuration et du reclassement se portent naturellement très bien en ce moment », constate François Humblot. Mais pas seulement. « Nous recrutons aussi des techniciens paie et des juristes en droit social pour nos missions de conseil en externalisation de paie auprès des PME » », reprend Pascal Collardey.
Profils variés
Et les cabinets d'audit et de conseils se veulent une porte d'entrée pour les jeunes dip avec des profils variés. « Nous cherchons des profils bacs + 5, mais en dehors de ça, nous n'avons pas de critère défini, note Antoine de Riedmatten. On considère que l'on gagne en innovation à favoriser la mixité des parcours et des idées. » Chez Deloitte, 30 % des embauches se font entre les écoles d'ingénieurs et les universités. PriceWaterHouseCooper a même décidé de participer à l'opération Phoenix, accueillant ainsi au sein de ses équipes des diplômés de Lettres ou de Philosophie. « Néanmoins, tempère Pascal Collardey, de KMPG, en période de crise, on se retourne plus volontiers vers les jeunes sortis des grandes écoles de commerce. »
Commencer par un stage
Une ouverture qui explique l'affluence des candidatures. « En 2009, nous en avons reçu 60 000 rien que dans notre système informatique RH, poursuit le DRH de KMPG. Et c'est sans compter sur les lettres et les courriels que nous recevons directement au cabinet. » Comment sortir du lot parmi la foule des prétendants ? Pas de secrets pour les professionnels : faire un stage. « « L'année dernière, nous avons recruté 50 % de nos stagiaires, argue Antoine de Riedmatten. On prend beaucoup moins de risque en embauchant quelqu'un qui a prouvé sa motivation. Et qui connaît les dossiers. Car chez nous, un stagiaire est un remplaçant rémunéré. » Même son de cloche chez KMPG. « Nos cabinets ont des cultures très fortes et des métiers très prégnants, le stage permet de faire la différence entre ceux qui cherchent une valeur refuge en période de crise et ceux avec qui ça collent réellement, reconnaît Pascal Collardey. C'est donc un facteur privilégié et important. Mais pas exclusif. »
Pascal Greboval © Cadremploi.fr - 2010
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