Coaching : "je soigne les maux des comités de direction"

Pascale Kroll

Un coach de direction soigne les bobos du comité de direction, l'instance suprême de l'entreprise où se décide la stratégie de la société et se jouent les luttes de pouvoir. Que faire quand ça cafouille en haut lieu, qu'un directeur général veut y trouver sa place et remotiver ses troupes ? Entretien avec Catherine Blondel.

Il est difficile de faire voler un avion quand les pilotes ne sont pas d'accord entre eux. Cet adage, Catherine Blondel, en a fait son pain quotidien. Fondatrice du cabinet Vis-a-vis, elle est coach de dirigeants. Elle aide le comité de direction à redonner souffle et vigueur à l'entreprise et à démêler des situations conflictuelles délicates.

Lorsque la tête ne va pas bien, le corps souffre

Son travail consiste à redonner de la cohérence au comité de direction. Les enjeux sont importants. Les divergences à la tête d'une entreprise s'accentuent en effet à mesure que l'on descend les échelons : les rumeurs s'installent, l'information ne circule pas, les différents services se tirent dans les pattes, c'est la guerre des chefs.

Dénouer des situations conflictuelles

« Le dirigeant, ou le DRH, peut faire appel à moi parce qu'il est nouvellement nommé, qu'il veut bien connaître son équipe et que les personnes travaillent mieux ensemble, explique Catherine Blondel. Il peut aussi y avoir une situation conflictuelle importante. J'ai ainsi eu un dirigeant nommé par le fonds qui venait de racheter l'entreprise et qui avait une réputation de « tueur ». Le coaching a permis au dirigeant de s'expliquer et à l'équipe de se positionner. »

Le premier bénéfice de ce coaching est en effet d'apaiser tensions et conflits. La parole a un pouvoir qu'on n'imagine pas. Dire les problèmes en atténue les effets.

Des entretiens individuels pour mieux travailler ensemble

D'une durée moyenne de trois mois (entre un et six mois), le coaching a lieu en trois temps :

  • La rencontre avec le dirigeant pour déterminer la situation et les objectifs
  • L'élaboration d'une proposition de collaboration : Catherine Blondel s'entretient pendant 1h30 à 2h avec chacun des membres du comité de direction. Objectifs : permettre de comprendre les points de convergence et de divergence, recueillir leurs attentes quant au fonctionnement de l'entreprise.« A ce moment, je peux entrevoir leur rôle au-delà de leur fonction, voir qui se pose en s'opposant, qui est source d'initiatives, qui est de nature consensuelle, etc. », explique la coach.
  • Le compte-rendu : en respectant la confidentialité des entretiens, elle présente les résultats et suggestions au dirigeant puis à tous les membres du comité. Elle peut alors les accompagner le temps qu'ils l'estiment nécessaire, en assistant notamment aux comités de direction.

Faire oublier les luttes de pouvoir

Selon Catherine Blondel, le coaching de comité de direction a des vertus inégalées :

-Il apaise les tensions et conflits

-Il libère les énergies

-Il développe la solidarité entre les membres de l'équipe

-Il encourage l'innovation.

« Cet accompagnement permet de faire prendre un nouvel élan à une équipe fatiguée et démoralisée à la suite d'un rachat, raconte-t-elle. Quand vous avez une équipe qui comprend mieux les enjeux, cela permet de mettre en place des mesures très innovantes, de même que l'on consacre moins d'énergie aux luttes de pouvoir. »

Le coach de comité de direction a-t-il raison de tout ?

Pas sûr.

« Dans certains cas, vous faites comme vous pouvez, avoue la coach. C'est plutôt au dirigeant de se débrouiller. Le pire exemple que j'ai connu était l'accompagnement d'une équipe de dix personnes dans le secteur du conseil. Des managers passaient leur temps à déstabiliser le dirigeant et à dévaloriser les autres, de façon plus ou moins consciente. Le coaching a cependant eu ceci de bénéfique qu'il a permis de révéler la situation aux autres membres. Certains secteurs sont très individualistes, à l'instar du conseil. C'est là où c'est certainement le plus difficile. Mais c'est là aussi où c'est le plus nécessaire.

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Pascale Kroll
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