Dans l’Ouest, les PME tirent le marché

Christine Piedalu

Malgré la morosité de l’économie en général, ces entreprises relancent certains recrutements depuis quelques mois.

Frédéric Ecotière,

Expert

Vincent Tharreau,

Michael Page

Grégory Seyer,

Hays

La situation reste compliquée dans l’Ouest, avec un recul des embauches au premier trimestre et un repli significatif de l’intérim (- 15% en Pays de la Loire). « La région n’en représente pas moins 33 à 34 000 équivalents temps pleins », tempère Frédéric Ecotière, directeur de la zone Nord Ouest chez Expert.

A défaut de reprise économique, les cabinets de recrutement observent un changement d’état d’esprit des chefs d’entreprise. « Après des mois d’attente, des PME se réorganisent. Elles modifient leur encadrement pour optimiser l’activité et lancent des recrutements », constate Vincent Tharreau, manager chez Michael Page Ouest.

Grégory Seyer, responsable de division chez Hays, confirme : « Les entrepreneurs savent que l’économie ne va pas redémarrer immédiatement, leurs effectifs sont tendus. Ils commencent à prendre les devants et recherchent des profils confirmés ou avec une technicité particulière. » Il note depuis peu quelques créations de postes. « Elles sont marginales, mais fin 2012 on ne parlait que de remplacements », rappelle-t-il.

Sur un marché qui manque de visibilité, difficile de relever des tendances. « Une entreprise du même secteur pourra connaître des difficultés, quand son voisin se portera très bien, s’exclame Vincent Tharreau. Les industries automobile, manufacturière ou encore le bâtiment peinent. Pourtant des PME se diversifient, tablent sur l’export et continuent de gagner des parts de marché. »

« Dans l’agroalimentaire, plus on grimpe dans la chaîne de valeur, plus les entreprises sont solides, poursuit Grégory Seyer. Pour autant, des sociétés d’abattage de volaille marchent très bien, parce qu’elles ont su, là encore, se diversifier. » L’aéronautique et l’aide à la personne sont les rares exceptions qui confirment cette règle.

Les fonctions affichent plus clairement la couleur. Sans grande surprise les commerciaux, particulièrement les commerciaux export, sont très recherchés. Les PME des industries mécaniques, de matériaux de construction, d’équipements industriels… recrutent. « Les ingénieurs R&D sont des denrées rares toujours très demandés dans les entreprises high-tech», indique Frédéric Ecotière.

La strate managériale, directeurs de travaux, responsables d’ateliers de production…, est très sollicitée. « Les entreprises veulent des profils à valeur ajoutée, des cadres immédiatement opérationnels, capables d’accompagner la PME, à la fois dans son quotidien et ses choix stratégiques », précise Vincent Tharreau.

Convaincre les candidats

Frédéric Ecotière remarque des demandes de comptables et de techniciens informatique en CDI ou en intérim, tandis que le manque de visibilité conduit les entreprises à recourir davantage à l’intérim cadre. « Dans une région où les salaires sont généralement peu élevés, les PME sont prêtes à payer plus cher l’intérimaire », confie Vincent Tharreau.

Lorsqu’elles recrutent, les PME multiplient les entretiens et les assessments. Mais depuis le mois d’avril Grégory Seyer note des sociétés un peu plus pressées. « En 2012 les cahiers des charges se sont précisés, aujourd’hui les PME qui veulent embaucher ne peuvent plus attendre », assure-t-il.

Côté candidats c’est une autre affaire. Ils peuvent se désister au dernier moment et la négociation est plus compliquée. « Elle porte sur tout, reconnaît Vincent Tharreau, localisation, rémunération, conditions de travail, etc. »

De plus en plus de cadres sont ainsi attirés par un temps partiel. « Ils prennent le risque de changer d’entreprise, en contrepartie ils demandent un aménagement de leur temps de travail », constate Grégory Seyer. Les fonctions commerciales, projet dans l’ingénierie sont les premières concernées.

Christine Piédalu © Cadremploi.fr

Christine Piedalu
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