Economie sociale et solidaire : des places à prendre

Sylvie Laidet-Ratier

Une économie non lucrative ! Non, vous ne rêvez pas, cela existe. On appelle cela l'économie sociale et solidaire (ESS). Un secteur méconnu qui emploie un salarié sur dix.

Aujourd'hui, l'ESS regroupe plus de 200 000 organisations soit près de 2,3 millions de personnes. Soit un salarié français sur dix. En valeur, l'ESS pèse 8% dans le PIB français.

Il regroupe des structures ayant plusieurs points communs : être des sociétés de personnes et non de capitaux, avoir un fonctionnement collectif (au moins 2 personnes) et démocratique et ne pas poursuivre de but lucratif. Dans l'ESS, une partie des bénéfices est réinvestie dans l'entreprise, c'est ce que l'on appelle les « réserves impartageables ». Exit les dividendes aux actionnaires.

 

Mais qui en sont les grands acteurs ?

En fait, l'ESS fait déjà partie de la vie de millions de français qui ont par exemple une mutuelle de santé, sont bénévoles dans une association, font leurs courses dans l'une des grandes coopératives de la grande distribution.... Ce secteur regroupe des mutuelles d'assurance et de santé, des associations, des coopératives mais aussi des fondations.

« Parmi les 100 plus grosses entreprises appartenant à l'économie sociale, 45 sont des coopératives (Coopérative atlantique, Banque populaire, ...), 11 sont des mutuelles (MGEN, Macif, etc...), 36 sont des associations (Croix Rouge Française, APF, etc...) et 8 des fondations », souligne Guillaume Gaudron du pôle Etudes économiques régionales à l'Insee. Les salariés de l'ESS travaillent essentiellement dans les activités financières, les services aux particuliers, l'éducation, la santé et l'action sociale.

Du fait de son ancrage territorial et donc de son caractère non délocalisable, l'ESS a plutôt bien résisté à la crise. « Le secteur a continué à créer des emplois même pendant la crise car son modèle économique est plus solide car basé sur le long terme. Dans l'ESS, on ne doit pas dégager des profits pour satisfaire rapidement des actionnaires », souligne Guillaume Légaut, délégué général du Ceges (conseil des entreprises, employeurs et groupement de l'économie sociale).

Ce secteur va poursuivre son développement car il répond toujours à des nouveaux besoins. La hausse du chômage et la montée en puissance des exclusions poussent les citoyens et les entreprises, à rechercher de nouveaux modèles de développement.

A cela s'ajoute une pyramide des âges vieillissante notamment dans les grandes institutions financières et d'assurance du secteur. « Actuellement un cadre de l'ESS sur 5 à plus de 55 ans. Donc d'ici à 2018, entre 55 000 et 97 000 cadres partiront à la retraite », estime Coralie Faure, chargée de mission à l'Observatoire national de l'ESS du Conseil national des chambres régionales de l' Economie sociale.

Certes, tous les partants ne seront pas remplacés, car comme dans l'économie lucrative, l'ESS n'échappe pas aux fusions d'entreprise mais le secteur va continuer d'embaucher des cadres. Donc à vos CV !

 

L'ESS emploie aujourd'hui 378 132 cadres

 Principaux secteurs d'emploi

 Nombre de cadres

 Enseignement

 151 517

 Activités financières assurance

 56 888

 Action sociale

 43 104

 Santé humaine

 28 390

Source : Insee, Clap 2008, traitement : Observatoire national de l'ESS / CNCRES

 

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Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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