Spécial mobilité : quelles opportunités dans le Nord?

Tiphaine Réto

Envie de changer de poste ? De changer d'entreprise ? Zoom sur la mobilité professionnelle et les secteurs qui bougent dans les régions Nord.

Regain de bougeotte chez les cadres : 7% d'entre eux ont changé d'entreprise l'an dernier, selon le dernier panorama des mobilités professionnelles de l'Association pour l'emploi des cadres. 20% ont changé de poste ou ont vu leurs missions évoluer significativement.

Vous voulez bouger ? C'est maintenant ou jamais, car si le marché résiste, la contraction est annoncée en 2012. Et « pendant la crise, les candidats ne veulent prendre aucun risque et cherchent avant tout la stabilité », rappelle Pierre-Luc Rigal, manager régional chez Hays. Pour l'heure, « il reste des opportunités dans le Nord, où le volume d'offre a doublé par rapport à 2010 », note Anne Bondu, directrice de l'entité Nord d'Hudson.

Une mobilité culturelle

Dans des régions au tissu d'entreprises dense et diversifié qui favorise la mobilité, beaucoup attendaient cet appel d'air, poursuit cette dernière : « Les candidats ont rongé leur frein pendant deux ans : la charge de travail était souvent plus importante, la pression plus forte, mais les possibilités de partir moindre. Le vécu dans l'entreprise a pu être compliqué dans certains cas et l'envie de changement demeure aujourd'hui palpable. »

La mobilité, ici, est culturelle. « Dans le secteur de la grande distribution, notamment, la mobilité interne est très développée », relève Anne Bondu. Et favorise l'implantation régulière de cadres venus d'autres régions, à commencer par la région parisienne. Dans la Somme, c'est le travail de la Cellule accueil mobilité mise en place par Amiens Métropole et la CCI d'Amiens-Picardie d'accompagner les arrivants dans le cadre de leur nouvelle installation : « En 2010, nous avons accueilli 575 familles, calcule Béatrice de Villeneuve, en charge de la structure. Parmi eux, la moitié avait moins de 30 ans. »

Augmentation de salaire

Mais qu'est-ce qui pousse les cadres ? Pour Pierre-Luc Rigal, l'une des raisons principales est financières : « Même si c'est de moins en moins le cas suite à quelques rééquilibrages, un changement d'entreprise permet généralement d'avoir une augmentation de salaire plus rapide, autour de 10-15% voire plus. Les PME, notamment, sont prêtes à mettre le prix pour attirer savoirs et compétences. »

L'observation est partagée par Anne Bondu. Pour la responsable Nord d'Hudson, la mobilité est avant tout stratégique : « Les cadres pilotent désormais leur carrière eux-mêmes. Ils ont pris conscience de la notion d'employabilité et la mobilité permet avant tout d'évoluer professionnellement plus rapidement. »

Certes. Mais des motivations plus personnelles entrent en jeu : « On voit de plus en plus de cadres venir s'installer dans la région pour renouer avec une meilleure qualité de vie », note Pierre-Luc Rigal. Ainsi, selon l'équipe du salon Provemploi, en 2010, 2000 cadres parisiens ont largué l'Ile-de-France pour le Nord-Pas-de-Calais et l'Oise. « Ce sont des gens qui veulent se rapprocher de leur famille ou tout simplement qui savent que le pouvoir d'achat sera plus intéressant dans le secteur », affirme Antoine Colson co-organisateur du salon.

Coup de pouce des entreprises

Pourtant, la mobilité n'est pas toujours évidente pour tous. Et les entreprises doivent parfois user de subterfuges pour attirer les candidats. « De plus en plus mettent en place des aides au déménagement ou prêtent un petit logement pendant la période d'essai. Et cela se négocie », rapportent les recruteurs. D'autres font directement appel aux services du Conseil Régional, tels ceux de la cellule d'accueil mobilité d'Amiens : « Suivant les demandes, nous organisons des rendez-vous avec des recruteurs pour les conjoints ou favorisons le développement d'un réseau de connaissances par des activités régulières », précise Béatrice de Villeneuve. Une écoute permanente ajoutée au traditionnel sens de l'accueil des habitants du Nord...

Tiphaine Réto © Cadremploi.fr

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