French Tech, le Sud en force

Rozenn Gourvennec

Avec trois métropoles labellisées French Tech et un écosystème thématique, le grand Sud se veut un acteur incontournable du numérique. Zoom sur les quatre territoires méditerranéens high-tech.
French Tech, le Sud en force

En créant l’initiative French Tech en 2013, le gouvernement a souhaité valoriser les écosystèmes numériques existants dans chaque région pour impulser une dynamique collective et faire rayonner la France high-tech à l’étranger. À la clé, des leviers de croissance : 200 M d’euros investis par l’État dans les accélérateurs, structures qui aident et financent le développement des start-up, et 15 M d’euros dédiés à la promotion de la marque French Tech à l’international. Montpellier et Aix-Marseille ont fait partie de la première vague de territoires labellisés fin 2014. Creuset des grands noms de l’informatique depuis les années 60 (IBM, Dell, Intel), Montpellier a été pionnière en matière d’accompagnement de start-up avec le premier Business and Innovation Center (BIC) en France, en 1987. Depuis, le BIC figure parmi les meilleurs incubateurs au monde et a aidé plus de 500 start-up, parmi lesquelles la plupart des belles success stories de l’agglomération : Medtech, Budget Telecom, Intrasens, Aquafadas… « La force de Montpellier Métropole Numérique réside dans la densité d’entreprises innovantes qu’elle concentre », analyse Florent Desserre, délégué French Tech Montpellier par intérim.

L’Hérault est le deuxième département français pour la création de jeux vidéo avec 60 entreprises dans le domaine. Cinq start-up (Awox, Matooma, Pradéo, Isotropix et Scimob) sont titulaires du PASS French Tech, un programme d’aide au développement économique réservé aux entreprises en très forte croissance (il en existe 50 en France). Teads, spécialiste de la publicité vidéo sur le web, présent dans une trentaine de pays, est la pépite montpelliéraine actuelle, puisqu’elle a atteint 100 M d’euros de chiffre d’affaires en seulement quatre ans d’existence».

 

Aix-Marseille, place stratégique

L’économie du numérique est également extrêmement développée sur le territoire Aix-Marseille. Pour preuve, les Bouches-du-Rhône ne comptent pas moins de 40 000 emplois et 8 000 entreprises, en majeure partie des TPE, soit l’équivalent du tourisme et de l’industrie portuaire dans l’économie locale. « Une des particularités de Marseille est d’être reliée par câbles sous-marins à l’Asie, à l’Afrique et au Moyen-Orient, explique André Jeannerot, président de Medinsoft, réseau de promotion de l’industrie numérique en Paca. Cela en fait une place stratégique pour les télécommunications et la deuxième localisation de datacenters en France, après Paris. Un plus pour l’implantation d’acteurs internationaux dans la région ». Autre atout : la présence de huit accélérateurs différents qui offrent une large palette de services aux créateurs d’entreprises.

The Camp, en cours de construction près d’Aix-en-Provence, se veut un campus dédié à la ville du futur. Porté par Frédéric Chevalier, fondateur du groupe de marketing HighCo, le projet devrait voir le jour en 2016 et générer environ 150 emplois directs et indirects dans le management, l’administration, l’animation du lieu, les services d’exploitation et la formation. Toujours à Aix-en-Provence, l’agence de voyages en ligne Voyage Privé prévoit de créer en 2017 un campus numérique comprenant notamment un accélérateur de start-up sur les métiers de l’e-tourisme.

 

Union sacrée sur la Côte d’Azur

Sur la Côte d’Azur, la French Tech regroupe quatre territoires possédant chacun leurs spécificités : Sophia Antipolis, première technopole d’Europe, réputée mondialement pour son excellence dans les technologies de l’information ; Nice Côte d’Azur, historiquement première métropole de France et quatrième "Smart city" au monde au classement 2015 de Juniper Research ; Cannes, ville en pointe sur les satellites et dans l’image numérique, et Grasse, capitale mondiale du parfum, qui explore la modélisation et la simulation biologique et chimique. Des start-up et PME d’excellence telles que Doremi, Ask ou Wildmoka côtoient les leaders mondiaux comme Amadeus, Bosch, IBM ou Thales Alenia Space. « Sans la Côte d’Azur et Sophia Antipolis, le label French Tech n’aurait pas eu de sens, affirme Jacques Lesieur, directeur de Team Côte d’Azur. Ce titre donne un élan aux entreprises qui, alors qu’elles ne se côtoyaient pas forcément, collaborent désormais lors de soirées, afterworks et animations… Depuis la création de la dynamique French Tech, sept accélérateurs ont vu le jour : Allianz, Le village Crédit Agricole, Amadeus, Silicon Valley Camp, European Innovation Academy, Digital In-Pulse et ePlus Ecosystem ».

 

Avignon et la culture numérique

Aux côtés de ces métropoles French Tech figure le bassin avignonnais qui s’est vu attribuer en juin 2015, à titre pilote, le label thématique French Tech Culture, comme trois autres écosystèmes candidats. Fort de 1 200 entreprises faisant partie du coeur de cible numérique, le territoire d’Avignon-Arles-Carpentras-Nîmes compte en effet 5 000 emplois dans le secteur et douze tech champions. Mais de par sa situation à cheval sur les régions Paca et Languedoc-Roussillon, il pouvait difficilement se rapprocher des candidatures French Tech de Montpellier ou de Marseille. D’où l’idée de postuler à un label thématique. « Nous avions un atout unique : deux millions de festivaliers qui assistent chaque année aux grandes manifestations régionales que sont le Festival d’Avignon, les Chorégies d’Orange, le Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence ou les Rencontres de la photographie d’Arles, se réjouit Paul Hermelin, PDG de Capgemini et président de French Tech Culture Avignon Provence. C’était l’occasion de réaliser un living lab, d’expérimenter sur ces festivaliers les idées numériques de nos start-up. Nous avons ainsi testé neuf technologies pendant les festivals de l’été 2015 ». À Avignon, les spectateurs étrangers ont par exemple assisté à des spectacles de théâtre français grâce à des lunettes connectées qui affichaient en temps réel les sous-titrages dans leur langue. « Nous avons aidé les entreprises Atos et Théâtre in Paris à définir leur marché et à le développer, poursuit Paul Hermelin. Notre espoir est d’attirer les sociétés sur notre territoire pour favoriser les créations d’emplois. Sur les neuf start-up à l’origine des expériences réalisées cet été, cinq envisagent de s’y implanter ou de revenir l’été prochain. Cet hiver, nous avons prévu trois sessions d’accélérations de start-up ; certaines d’entre elles proposent des usages qui pourront se prêter à des démonstrations en live pendant les festivals 2016 ». Si Toulon n’est pas encore labellisée French Tech, la métropole possède elle aussi un réseau numérique dynamique. Toulon Ruche digitale recense 1 300 entreprises du secteur, 6 000 salariés, 1 200 étudiants formés aux métiers du numériques et 100 créations d’entreprises accompagnées par an. Sans compter les dix tech champions, acteurs forts dans les domaines de la création de sites Internet, des jeux vidéo, de serious game, d’édition numérique, de e-commerce ou de la communication digitale. Mis en lumière par le label French Tech, tous ces territoires vont encore gagner en visibilité à l’international pour inventer les usages et les emplois de demain.

Rozenn Gourvennec
Rozenn Gourvennec

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