« L'Alsace a su tirer son épingle du jeu. La bonne fin de l'année 2010 a contribué aux projets d'investissement et au dynamisme du premier semestre 2011, l'activité transfrontalière a repris, relève Stéphane Glaser, fondateur de Global Mind Search. Si le second semestre a enregistré un tassement, des entreprises ont investi, innové au bon moment et certaines, situées sur des marchés de niche, sortent du lot. »
Les chiffres de l'emploi salarié en Alsace ont grimpé d'un point en 2011; le taux moyen du chômage reste inférieur à la moyenne nationale. « En 2011 la région Alsace prévoyait de recruter 3800 à 4400 cadres, elle a réalisé environ 4000, renchérit Philippe Haen, président du cabinet Managing, en majorité dans les services et l'industrie. »
Tout n'est évidemment pas rose. Dans une région fortement marquée par l'industrie manufacturière, l'automobile et la chimie sont en perte de vitesse. « Néanmoins les équipementiers travaillant pour des constructeurs allemands ont des carnets de commandes remplis et recrutent », tempère le directeur de Michael Page Est, Mathieu Moisan.
Le BTP accuse un fléchissement, mais les métiers de conducteurs de travaux restent pénuriques et l'ingénierie du bâtiment se porte bien, assure Stéphane Glaser. « Bureaux d'études et de contrôle recherchent des cadres pour répondre aux nouvelles réglementations BBC [Bâtiment basse consommation] », confie Philippe Haen.
Les investissements se poursuivent
Des projets d'investissement se poursuivent. Ainsi Mars Chocolat dans l'agroalimentaire devrait augmenter ses capacités de production, Liebherr (terrassement, pelles minières) va construire sa 3ᵉ usine près de Colmar. Dans le transport, « Alstom Transport, Vossloh Cogifer... ont remporté de beaux contrats en 2011 », souligne Stéphane Glaser. Le secteur de la santé recrute. « Un groupe comme Millipore vient d'investir dans un nouveau centre de recherche. Des groupements de cliniques privées recrutent massivement », note-t-il.
Dans le high tech, de nouveaux métiers tels que community manager, traffic manager, émergent et les besoins en ingénieurs développement augmentent. « Dans le conseil en technologie, des entreprises comme Capgemini, Alten ont d'importants besoins. Autant d'ouvertures pour des jeunes bien formés, observe Philippe Haen. Tandis que les secteurs de l'énergie ou de l'environnement, la dépollution de l'eau, des sols... sont dynamiques. »
Côté fonctions, Mathieu Moisan constate un premier semestre 2011 très profitable aux fonctions commerciales. « Puis entre le 2ᵉ et le 3ᵉ trimestre 2011, les missions se sont orientées sur des fonctions techniques de production, du fait des marchés remportés par les commerciaux », explique-t-il. Ces derniers restent pour autant très courtisés. « On recherche à la fois des ingénieurs commerciaux terrain très pointus, avec des compétences linguistiques en anglais et en allemand, et des fonctions plus stratégiques de responsable ou de directeur commercial », résume-t-il. Plus largement, il observe la structuration de l'encadrement intermédiaire et sur les sites de production, le besoin de responsables de service et responsables qualité produits ou service, afin de se différencier des concurrents.
Pour résister à la crise, les entreprises cherchent plus que jamais à se démarquer, observe Mathieu Moisan : « Au sein des bureaux d'études et des services R&D on recherche des ingénieurs capables d'innover et de développer, d'inventer les produits de demain ou/et de diversifier ses activités. » Conséquence : « Le souci de maintenir et d'accroître ses parts de marché pourrait rendre les entreprises un peu plus souples en matière de rémunération, dans des limites acceptables », remarque Stéphane Glaser.
Christine Piédalu © Cadremploi.fr
