Grand Paris : l'optimisme revient

Christine Piedalu

Dans le privé, les fonctions techniques et commerciales sont les plus recherchées. Le secteur public, lui, a des besoins dans presque tous les domaines.

 

Près de 3000 Rouennais prennent quotidiennement le train pour travailler sur Paris. Un exemple parmi d'autres de ces villes à 100 ou 150 km de la capitale, très appréciées des « navetteurs ». Si la 3ᵉ couronne parisienne ne manque pas de lieux où il fait bon vivre, elle ne se résume pas à cela. Ces régions ont connu la crise mais offrent toujours des opportunités. La région parisienne, elle, poursuit ses recrutements.

« Très industrielle, la Normandie a été durement touchée, reconnaît Christine Hervieu, de RH Partners (Rouen). Depuis avril, on assiste à une reprise ; des profils doivent être renouvelés, des sociétés reprennent confiance. » Elle observe un frémissement du marché, tandis que les embauches se sont poursuivies dans le secteur de la santé et du bâtiment, que les énergies nouvelles et les services à la personne affichent des besoins croissants. « Il y a aujourd'hui dans ce type de services des opportunités pour de jeunes bac+5 », affirme Christine Hervieu, qui vient de recruter le directeur, d'une trentaine d'années, d'un IME (1).

 

Besoins dans les métiers techniques

Plus globalement, on assiste à de forts besoins dans les métiers techniques. « On note moins de résistances pour recruter sur ces postes très opérationnels que sur des fonctions cadres ou liées à l'administration des entreprises », remarque Antoine Lecoq (Page Personnel). Les commerciaux continuent à très bien tirer leur épingle du jeu et les entreprises ne se contentent plus de renouveler les effectifs, elles investissent sur ces experts. « Preuve qu'elles ont des carnets de commandes intéressants ou des perspectives de les remplir rapidement », analyse Antoine Lecoq. Beaucoup moins attentiste que le privé, le secteur public poursuit ses embauches. « Les profils techniques et d'administration générale sont recherchés. Les collectivités ont besoin de cadres RH, financiers ou de fonctions plus ciblées, directeur ou directrice de maison de l'enfance par exemple », ajoute-t-il.

Mais le profil star, celui que convoitent les sociétés, c'est celui d'ingénieur, estime Didier Gaillard chez Expectra. « Nous avons des demandes en forte augmentation en logistique, sécurité ou télécoms, observe-t-il. Parallèlement, la R&D redémarre, notamment dans l'automobile, dopée par l'arrivée de véhicules électriques, alors que de grands projets se dessinent dans les télécoms. »

Les cahiers des charges sont de plus en plus précis. « Paradoxe, les process de recrutement se sont allongés, alors que l'urgence des embauches est de nouveau à l'ordre du jour », relève Didier Gaillard. Les sociétés contrôlent plus que jamais compétences et adéquation au poste. « Or sur des lignes de métiers comme ingénieurs et commerciaux, on est à des niveaux de demandes proches de 2008 », s'inquiète Antoine Lecoq.

Les candidats, eux, hésitent. Valeur ajoutée du poste, pérennité dans et de l'entreprise sont essentielles, loin devant le salaire. Une frilosité qui rend leur mobilité géographique plus aisée sur Paris qu'en région, avec pour de jeunes diplômés et des juniors -plus disponibles-, des opportunités.

Attention tout de même, l'installation en région doit correspondre à un vrai choix de vie, rappellent les recruteurs. « C'est la garantie pour l'entreprise que l'embauche s'inscrira dans la durée », souligne Christine Hervieu.

 

(1) Institut Médico-Educatif

Christine Piedalu
Christine Piedalu

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