Handicap et emploi des cadres : un bilan contrasté

Aurélie Tachot

La situation des salariés handicapés demeure fragile. Si les tabous concernant le handicap se lèvent et que la parole se libère au sein des entreprises, les freins au recrutement subsistent. Et le fameux seuil des 6 % reste rarement atteint.

Certes, les entreprises respectent de mieux en mieux leurs obligations en matière d’emploi de personnes handicapées. En 2011, 47 520 établissements ont versé une contribution à l'Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph), contre un peu plus de 50 000 en 2010. Environ 61 % des entreprises respecteraient le seuil des 6 % de travailleurs handicapés, contre 57 % l’an dernier. Des progrès qui ne suffisent toutefois pas à absorber la hausse du nombre de demandeurs d’emploi chez les personnes en situation de handicap. Le dernier bilan de l’Agefiph révèle que leur taux de chômage est deux fois plus élevé que celui de la moyenne nationale, soit environ 20 %.

Trop d’entreprises à la traîne

Si certaines entreprises, à l’image de Bosh et Casino, respectent d’ores et déjà le fameux quota de 6% imposé par la loi, d’autres sont à la traîne. Malgré une convention signée avec l’Agefiph en mars 2010 et un élargissement de son processus de sourcing, le cabinet Ernst & Young affiche par exemple un taux de travailleurs handicapés de 0,82 %... et ce dernier ne fait nullement figure d’exception, sachant que les performances en ce domaine s’expliquent notamment par la nature des emplois proposés. En dépit d’un 7ᵉ accord d’entreprise signé en avril dernier, le groupe Thalès atteint difficilement, quant à lui, un taux d’emploi de 5,1 % de travailleurs handicapés.

Un pourcentage qui devrait toutefois atteindre la barre symbolique des 6 % dès 2013 dans la mesure où le groupe compte recruter, entre 2012 et 2014, 120 salariés, 30 alternants et 240 stagiaires en situation de handicap. Pour Gérard Lefranc, responsable de la mission handicap du groupe, l’enjeu n’est toutefois pas là. « Il faut dépasser la logique du chiffre. Pour favoriser l’emploi des personnes handicapées, les entreprises doivent travailler main dans la main avec les pouvoirs publics et permettre aux travailleurs handicapés d’accéder à des formations diplômantes ou qualifiantes, en phase avec la réalité du marché de l’emploi. »

Peu de candidats qualifiés

Les entreprises qui peinent à accueillir des cadres en situation de handicap se heurtent à un obstacle de taille : la pénurie de profils qualifiés. « Les postes que nous proposons sont, pour la majorité, accessibles avec un Bac+2 minimum. Or, 80 % des travailleurs handicapés ont un niveau de qualification inférieur au Bac », rapporte Florence Quentier, DRH du groupe Chèque Déjeuner. Même son de cloche chez Groupama, qui recrute à partir du BTS. « Pour surmonter cet obstacle, nous misons sur l’alternance. En fin d’année dernière, 21 % des collaborateurs en situation de handicap sous CDD étaient en formation alternée », précise Marcella Cofre, responsable des relations sociales groupe et responsabilité sociale. L’entreprise Airbus rencontre, elle aussi, ces difficultés. Elle s’est toutefois engagée à recruter 185 personnes en situation de handicap d’ici la fin de l’année 2013. « Nous avons, entre autres, signé des partenariats avec des écoles d’ingénieurs et des associations afin d’accompagner la montée en compétences de ces personnes », indique Marie-Stéphane Pefferkorn, responsable diversité.

Aurélie Tachot © Cadremploi.fr

Aurélie Tachot
Aurélie Tachot

Après avoir occupé le poste de rédactrice en chef d’ExclusiveRH.com (entre autres), je travaille désormais à mon compte. Pour Cadremploi, je contribue à la rubrique Actualités via des enquêtes, des interviews ou des analyses sur les évolutions du monde du travail, sans jamais oublier l'angle du digital.

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