Elles n’ont pas toujours bonne presse et pourtant, les entreprises de services du numérique (ESN, nouvelle appellation pour les ex-SSII) comptent parmi les plus gros recruteurs d’ingénieurs informatiques. Pour 2016, Alten vise plus de 600 embauches, Aubay table sur 200 recrutements sur ce créneau, CGI sur 1400 embauches ou encore 230 chez Synchrones Technologies, etc… Dans ce secteur, la guerre des talents est donc déclarée.
Sélectives toujours !
« C’est une bonne compétition. Même si le chômage existe dans l’informatique, notamment à cause de l’évolution rapide et constante des technologies, c’est vrai que ce marché de l’emploi est favorable aux candidats », observe Stéphane Dahan, directeur du recrutement chez Alten. Les candidats ont actuellement beaucoup d’offres, les DRH ont donc une « fenêtre de tir » plus réduite pour les séduire mais, compte tenu de l’importance des enjeux business, ils n’entendent pas non plus se laisser imposer leur choix. Leurs critères de sélection sont donc affutés. « On évalue leur aptitude à endosser la casquette de consultant. A savoir leur capacité à s’adapter, leur esprit de service car ils seront en lien avec les clients, mais aussi leur potentiel à travailler en équipe. La mobilité est aussi importante car ils pourront aussi bien évoluer en région parisienne qu’en province », détaille-t-il. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la connaissance des technologies est importante mais pas primordiale. « Pour nous, il est très compliqué de trouver des candidats pré formés à nos technologies à des coûts raisonnables. En conséquence, en entretien, je me concentre donc sur la capacité de raisonnement du candidat. Un ingénieur en informatique plus généraliste qui sait chercher et raisonner mettra certes plus de temps à être opérationnel, mais nous intéresse tout autant. Mais il faut qu’il ait envie d’apprendre », renchérit Pierre Chaussée, directeur technique associé de FWA, une ESN de 30 personnes qui vise 10 nouvelles embauches cette année. Comme dans les start-up, le terme « passionné » revient fréquemment dans les propos des recruteurs. « On apprécie les candidats qui sont à l’affût des nouveautés dans leur métier et en veille technologique permanente », souligne Nadia Morales, directrice de la communication groupe et du recrutement de Aubay.
Découpages des tâches : on aime ou l’on déteste
Côté conditions de travail, tout dépend de la taille de l’ESN. Les petites structures sont évidemment plus agiles et plus proches de l’esprit start-up que les grands mastodontes. « Nous avons peu de hiérarchie et fonctionnons davantage par projet. Un développeur peut faire du code sur un projet, être le référent client sur un dossier ou passer chef de projet. Tous le monde a plusieurs rôles », illustre Pierre Chaussée de FWA. Entré chez CGI comme analyste programmeur en 2006 et aujourd’hui analyste, Aurélien Gueury apprécie également cette diversité des missions. « Il n’y a pas de routine car la multiplication des clients impose de traiter des projets très divers. A chaque fois, on découvre et solutionne de nouvelles problématiques. Et puis, à partir du moment où nous respectons nos engagements par rapport aux clients, on est libre de gérer notre temps », apprécie-t-il. Passé par 3 postes avant d’être nommé directeur de projet chez Infotel, Nicolas Méténier apprécie la circonscription des projets dans le temps : « une prestation a un début et une fin. Je peux ainsi changer de contexte alors que si j’étais au service informatique d’une grande entreprise, cette variété des missions ne serait pas possible ». D’autres partis rejoindre des start-up, regrettent au contraire ce découpage des tâches. « Dans une ESN, on ne peut que très rarement mesurer concrètement les fruits de son travail. La mise en production intervenant plusieurs semaines voire plusieurs mois plus tard », regrette un développeur passé en start-up. En effet, les ESN étant les prestataires de service d’autres entreprises, elles ne maîtrisent pas toute la chaine de création de valeur d’un projet. « On reste prestataire. J’aimerais parfois pouvoir être plus participatif dans les stratégies des clients », regrette Nicolas Méténier. Pour autant, il n’envisage pas de passer de l’autre côté du miroir.
Des évolutions de carrière fléchées
Comme les grands comptes pour lesquels elles travaillent, les ESN, réputées pour leur turnover élevé, proposent désormais des parcours « fléchés » à leurs ingénieurs. Outre des évolutions vers davantage d’expertise technique ou vers du management, Alten a ainsi créé pour cette population technique des passerelles vers son département commercial ou les fonctions support. « Plutôt que de vendre des projets, l’ingénieur, qui passe par notre académie de formation, se retrouve à les vendre. Il peut aussi s’orienter vers des fonctions transverses comme le marketing ou les RH », illustre Stéphane Dahan. Ceux qui ne trouvent pas de perspectives d’évolution en interne migrent en général chez les clients ou optent pour des structures plus petites, des ESN à taille humaine ou des start-up. Certains créent même leur propre business.
Parlez-moi salaire !Voilà un sujet sur lequel les recruteurs ne sont pas très bavards. Entre ceux qui ne trouvent pas judicieux de donner des fourchettes tellement elles sont larges (et de peur que les gens parlent entre eux) et d’autres qui avancent des chiffres et se rétractent par écrit quelques jours plus tard, de peur de faire fuir le chaland… (enfin les candidats), difficile d’y voir très clair. Heureusement certains ont joué le jeu. Ainsi, Alten recrute les jeunes ingénieurs entre 30 et 40 000 euros par an en moyenne (en fonction de leur école d’origine entre autres). Chez Synchrones Technologie, un ingénieur junior (1 à 3 ans d’expérience) peut espérer entre 32 et 42 000 euros annuels. Un expérimenté (plus de 10 ans) doté d’une certaine expertise peut miser sur 50 à 70 000 euros en fonction de son degré et de son sujet d’expertise. FWA, la « mini ESN », s’est avérée la plus diserte sur le sujet. « Pour un jeune titulaire d’un bachelor en informatique, le salaire d’embauche annuel oscille entre 30 et 35 000 euros. Pour un jeune ingénieur, on oscille entre 35 et 40 000 euros. Ces deux mêmes profils dotés de 3 ans d’expérience demandent en général 45 à 50 000 euros. A ce prix-là, on est du coup plus exigeant en terme de compétences techniques, humaines et de capacité à s’adapter. Pendant la période d’essai, ils sont davantage observés que les autres car pour une structure comme la nôtre cet investissement n’est pas neutre », détaille Pierre Chaussée, directeur technique associé de FWA. Dont acte. |
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