L’audit-conseil privilégie les parcours « à la carte » pour fidéliser ses collaborateurs

Christine Piedalu

Les cabinets attirent toujours par la formation qu’ils dispensent, mais cela ne suffit plus. Par petites touches, ils revoient leur modèle et tentent des parcours plus individualisés.

Martin Huerre,

DRH de Mazars France

Anik Chaumartin,

PwC

Nicolas Pfeuty,

Ernst &Young

Leur croissance molle est à l’image de celle de leurs clients, néanmoins les cabinets d’audit-conseil poursuivent les recrutements. « Il s’agit de préserver nos pyramides de grades et nos business models, souligne Martin Huerre, DRH de Mazars France. Nous recrutons des débutants promus chaque année, qui partent en moyenne au bout de 4 à 5 ans, forts de l’employabilité acquise. » Le cabinet prévoit 350 nouveaux collaborateurs cette année, 90% de jeunes diplômés d’écoles de commerce, d’ingénieurs et d’universitaires. « Les trois quarts viendront renforcer nos activités d’audit », précise Martin Huerre.

L’audit reste une valeur phare ou refuge, selon les cas. Ainsi Ernst &Young recrutera près de 1000 débutants et stagiaires, principalement en audit, juridique et fiscal, plus une centaine d’expérimentés. PwC recherchera 400 à 450 jeunes diplômés et une centaine d’expérimentés. « Légèrement moins que l’année dernière du fait de l’inflexion du turnover », indique Anik Chaumartin, associée RH.

Les cabinets attirent toujours par la formation qu’ils dispensent et les évolutions rapides. Cela suffit-il ? Par petites touches, les Big four et leurs confrères revoient leur modèle. Si PwC ne recrute plus que des bac+5, il propose à des bac+3 un contrat en alternance pour devenir experts comptables et cherche à diversifier ses profils. Il engage chaque année une vingtaine de bac+5 littéraires qu’il forme à ses métiers dans le cadre de l’opération Phénix.

Ernst & Young n’a pas attendu et accueille depuis 2 ans des bac+2 à 4 et des bac+4 à 5 qui préparent le DCG et le DSCG* en alternance. « Sur les 30 étudiants de la première promotion, 29 sont allés jusqu’au bout, se félicite Nicolas Pfeuty, responsable RH audit. Nous aurons nos premiers diplômés cette année. »

Parallèlement, les cabinets concoctent des parcours à la carte pour les plus performants. Ernst & Young a ouvert il y a un an ses « parcours challenge ». Une dizaine de bac+5 travaille pendant 6 mois en audit, 6 mois dans une autre activité avant de faire son choix en fin de deuxième année. Les parcours croisés de PwC concernent une vingtaine de jeunes par an. Ils occupent trois métiers différents pendant deux ans. Succès oblige, la démarche a été adaptée aux collaborateurs de 2 à 3 ans d’expérience « La demande est énorme, or nous devons construire un parcours qui fasse sens, avec un accompagnement solide. Mais le taux de fidélisation de ces jeunes expérimentés issus d’écoles superbes est remarquable », confie Anik Chaumartin.

Des organisations du travail revues

Mazars pratique lui aussi les parcours croisés. Pour Martin Huerre « il s’agit surtout de cursus permettant d’apprendre des méthodologies d’audit pour évoluer vers d’autres activités. » Est-ce un tort ? « La démarche prépare des collaborateurs multimétiers, réplique Anik Chaumartin, capables, le jour venu, de vendre la variété de nos activités. »

Plus largement, pour répondre aux demandes ou aux impératifs de la vie privée de leurs collaborateurs, les cabinets cherchent à faciliter la mobilité géographique, assouplissent l’organisation du travail.

Cette individualisation des parcours oblige à repenser le rôle du management de proximité. « Il est clé, affirme Anik Chaumartin, car cette jeune génération a besoin de managers qui apportent, qui passent du temps avec eux. » PwC a formé des people managers, modifié son programme d’évaluation, réalise une enquête de satisfaction annuelle. Ernst & Young a renforcé la formation comportementale des managers, va modifier son système d’évaluation. « Nous travaillons sur la fixation d’objectifs qualitatifs et nous voulons rendre compte de la performance collective, en plus des résultats individuels », souligne Nicolas Pfeuty.

Face à cette petite révolution, les salaires, eux, restent stables. Entre 32 000 et plus de 40 000 euros pour un débutant selon l’école et la localité, chez Ernst & Young ou PwC (plus variable chez ce dernier). La rémunération oscille entre 32 000 et 44 000 euros chez Mazars, le variable intervient au bout de 2 à 3 ans.

Christine Piédalu © Cadremploi.fr

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