Le numérique transforme les métiers du conseil et son marché en 2017

Marine Lesprit

Le conseil confirme sa reprise en France avec une croissance de 8 % de son chiffre d’affaires en 2016 et des prévisions jusqu’à 12 % en 2017. Un redémarrage qui s’accompagne de changements dans la structure des entreprises et dans les besoins en recrutement.
Le numérique transforme les métiers du conseil et son marché en 2017

« Le conseil connaît un cycle positif, reconnaît Rémi Legrand, président de Consult’In France, association professionnelle représentant les métiers du conseil en stratégie et management. On revient de loin après une décroissance en 2009 puis en 2012, période difficile liée directement à la crise financière. » Le secteur, qui réunit cabinets spécialisés, services dédiés et consultants indépendants est boosté par la reprise économique de ses clients et l’émergence de nouvelles demandes, la filière ouvre à présent de nouvelles opportunités.

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Des recrutements plus variés en 2017

Si l’activité de conseil est moins développée en France qu’au Royaume-Uni et en Allemagne, le secteur représentait tout de même 35 000 emplois fin 2016. Cet effectif est encore amené à croître au vu des bons résultats de la filière : l’année dernière, 3 500 nouveaux postes ont été créés. « Ça bouge pas mal, reconnaît Michel Noiry, co-fondateur d’Origa Consulting & Advisory. Le recrutement est important pour deux raisons : le marché a retrouvé son dynamisme et le turn-over est important. » Un turn-over consubstantiel au métier selon Rémi Legrand, le renouvellement des effectifs, de l’ordre de 25 % chaque année, laisse de la place à des profils plus variés que par le passé. « Le recrutement s’est un peu diversifié du fait du digital, confirme Michel Noiry. Il y a aujourd’hui des opportunités pour les profils scientifiques autrefois considérés comme trop spécialisés. »

 

Émergence d’un conseil plus technologique

Le redémarrage de l’activité est étroitement lié à la révolution digitale. L’adaptation a créé de nouveaux besoins et transformé le secteur. « Le conseil a connu une phase d’investissement très forte sur le digital, expose Rémi Legrand.  Sur ce point, on est peut-être même un peu en avance sur l’Allemagne. » Expérimentation de nouveaux modes d’organisation (méthodes agile) et d’avancées techniques (intelligence artificielle, blockchain) sont les domaines où l’expertise extérieure est devenue centrale pour les services financiers (32% de l’activité) et industrie (26%), qui sont toujours les branches les plus demandeuses.

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Toujours plus de concentration dans le secteur

Cette évolution était déjà perceptible en 2015, mais ses conséquences se font à présent sentir. « Il commence à y avoir des disparités entre les cabinets qui ont anticipé ou qui disposent de moyens d’investissements, et ceux qui sont sur une activité de conseil plus traditionnelle », souligne Rémi Legrand. Un des effets de cette mutation est la concentration des cabinets, qui se regroupent via la prise de participation dans des sociétés technologiques. Le secteur est déjà traditionnellement dominé par les branches conseil des Big Four (PwC, Deloitte, KPMG, EY). Ceux-ci connaissent encore une croissance importante.

 

La résistance des TPE et ETI

Pour le secteur, la prochaine piste de croissance reste le conseil aux très petites entreprises et entreprises de taille intermédiaire (jusqu’à 4 999 salariés). Ce marché important est encore largement sous-investi en 2017. Du côté de la demande, les TPE, PME et ETI sont encore peu enclines à faire appel à des consultants. « Ce n’est pas dans leur culture, admet Odile Olivier, dirigeante de petite-entreprise.net, une plateforme de conseil aux TPE. La demande n’est pas exprimée, même si le besoin existe. » Rémi Legrand renchérit : « Il y a un facteur historique. Le conseil est un métier récent et jeune en France, qui est apparu il y a trente ou trente-cinq ans. En comparaison, certains cabinets américains ont plus de cent ans ! »

Pour Consult’in, la priorité est de casser une image : celle du consultant très théorique qui fait de belles slides. Car si la demande est encore trop timide, l’offre a aussi du mal à pallier aux besoins particuliers des TPE. « Il y a un problème d’adaptation, diagnostique Odile Olivier. Le consultant va essayer à tout prix de vendre son expertise. Alors que l’objectif de la petite entreprise, c’est trouver des clients, gérer sa trésorerie et suivre le cadre légal. » Adapter son offre aux besoins immédiats du client permettrait ensuite de développer d’autres activités de conseil et ouvrir ainsi le marché des PME. Elles représentent 3,5 millions de clients potentiels, soit 99,9 % des entreprises françaises. 

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Marine Lesprit
Marine Lesprit

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