Le « partage des cadres » a le vent en poupe

Marine Relinger

Les PME, via les groupements d'entreprises ou des cabinets spécialisés, recrutent en commun de plus en plus d'experts et de cadres expérimentés de haut niveau.

Alors que syndicats et patronat sont appelés à renégocier les modalités de fonctionnement des groupements d'employeurs, les cadres expérimentés sont de plus en plus nombreux à se tourner vers ces structures qui permettent aux PME de recruter, à plusieurs, les experts qu'elles ne pourraient s'offrir seules. Côté cadres, le travail à temps partagé est notamment un levier contre le chômage des séniors. Mais pas seulement.

« La formule n'est pas nouvelle, mais ce qui change est la hausse du niveau de compétence demandé », rapporte Grégoire Buffet, responsable de l'activité recrutement spécialisé du cabinet de recrutement H3O. Ce dernier embauche « de plus en plus de DG, de DRH, de directeur des affaires financières, de directeur marketing et communication, pour des TPE d'une dizaine de salariés comme pour des PME de 150 personnes, qui n'ont pas besoin ou qui ne pourraient financer de tels postes à 100 K€ l'année », précise-t-il. RRH, comptables et acheteurs sont également très demandés.

Les groupements d'employeurs - qui recrutent eux-mêmes ces experts pour les mettre à disposition de leurs membres - ne sont donc pas les seuls sur le créneau. Les cabinets de recrutements, les sociétés spécialisées dans la gestion des achats et les cadres eux mêmes, via le statut d'auto-entrepreneur, proposent aux entreprises, partout en France, des expertises à temps partagé.

La formule rencontre un certain succès. Selon un rapport rédigé en 2009 par Thomas Chaudron, ancien président du Centre des jeunes dirigeants, l'Hexagone compte près de 3600 groupements employant au total 30.000 personnes.

« Cette activité, concrètement, peut prendre plusieurs formes. Je suis actuellement manager de transition dans un cabinet, sur des missions de direction générale ou de DRH, tout en consacrant deux jours par semaine à mon poste de DRH d'une PME d'une quarantaine de salariés dans le secteur de la métallurgie », explique Jean-Paul Jérôme. Et, pour ce dernier, cela fait dix ans que cela dure. « Contrairement aux missions de management de transition, de 6 mois à un an en général, les entreprises qui se tournent vers un salarié à temps partagé créent un emploi à long terme, de plus de deux ans, voire pérenne, en CDI, qui traduit un besoin structurel », note Grégoire Buffet.

Le statut, cependant, ne conviendrait pas à tous. « Il faut savoir, et aimer, jongler entre plusieurs activités. Et se rendre disponible dans ce cadre autant que nécessaire, même si cette disponibilité est prise en compte en terme de rémunération. Le point commun entre ces deux activités : le client attend un résultat pas une présence », estime Jean-Paul Jérôme.

En outre, le processus en cours concernant l'encadrement des groupements d'employeurs inquiètent les syndicats. Faute d'accord interprofessionnel, plusieurs dispositions votées en juin entreront en vigueur, comme la suppression de l'obligation de négocier un accord collectif pour les entreprises de plus de 300 salariés avant d'adhérer à un groupement. « La loi reprend mot pour mot ce qui était depuis des années les revendications du Medef », dénonçait il y a quelques jours la CGT, craignant « que les groupements d'employeurs ne deviennent une nouvelle forme d'intérim à bas prix ».

Marine Relinger © Cadremploi.fr

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