
Des effectifs stables
Malgré les multiples rapprochements passés et en cours, l’effectif des mutuelles reste stable selon La Mutualité Française : 85 000 salariés dont 15 000 au sein de ses établissements de santé (opticiens, audioprothésiste, dentistes, etc…). Parmi eux, 22 % de cadres, essentiellement dans les fonctions support que sont le juridique, la gestion des risques internes et la conception de produits et études de risque selon l’Observatoire de l’emploi des métiers de la mutualité (OEMM). Concernant les perspectives d’embauches de cadres dans les mois à venir, impossible de trouver des projections sur le sujet. Mais une chose est sûre, l’entrée en vigueur de la réforme Solvabilité 2, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2016 (PLFSS), la généralisation de la complémentaire santé, la digitalisation de la relation client, le big data, vont avoir une incidence sur les métiers et les profils recherchés par les mutuelles.
Des exigences règlementaires qui dopent l’emploi cadre
La directive Solvabilité 2, qui prévoit la mise en place d’un dispositif de gouvernance garantissant une gestion saine et efficace des organismes, engendre de nouveaux postes. Avec la règle des "quatre yeux", l'organisme doit disposer d'au moins deux dirigeants effectifs, et renforcer la mise en place de fonctions clés, dotées de responsables (gestion des risques, conformité, audit interne, actuariat). « Sur ces postes, les mutuelles sont obligées de s’aligner sur les salaires du marché pour attirer les meilleurs », observe Anne-Sophie Luçon, responsable des divisions Banque et Assurance du cabinet Michael Page. « Contraintes par des règles comptables qui leur sont propres, les mutuelles étoffent également leur service comptabilité », constate Florence Paul-Leblache, consultante en recrutement au sein du cabinet TalentPeople. « Un candidat doté d’une expérience de 7 ans qui serait chargé de piloter un projet en comptabilité peut espérer une rémunération brute annuelle de plus de 60 000 euros », observe Hector Toubon, responsable du pôle Banque Assurance Finance des Echos Etudes. Les nouvelles règles introduites par le PLFSS 2016, et notamment l’apparition des contrats complémentaires santé pour les plus de 65 ans, les dispositions en faveur de la couverture des salariés en contrats courts et précaires, vont inciter les mutuelles à affiner leurs offres produits. Les actuaires mais aussi les spécialistes de la tarification vont avoir du pain sur la planche. « L’ANI qui généralise les contrats obligatoires dans les entreprises privées et transfère une large part des contrats de santé de l’individuel vers le collectif nous pousse à renforcer nos équipes de rédacteurs de contrats d’assurance collective », explique Hélène Terrien-Thomas, responsable RH métiers de La Mutuelle Générale.
Passage en mode digital obligatoire
La dématérialisation des échanges entre les adhérents et les caisses d’assurance maladie ainsi que la digitalisation de la relation client qui impose une présence omnicanal suppose l’arrivée de pros du web marketing mais aussi de spécialistes de la data et des systèmes d’information. Une partie des 8 postes cadres en ce moment ouverts chez Adrea Mutuelle, concerne des spécialistes en administration de systèmes et gestion de base de données. La Mutuelle Générale qui recrute une cinquantaine de cadres par an recherche également des pros de l’informatique (responsable d’application, architecte en système d’information, consultant data, etc) pour assurer sa digitalisation. « Pour ces postes-là, nous ne sommes pas dans une logique de branche. Nous recherchons avant tout des candidats qui ont déjà eu ce type d’expérience dans des secteurs ayant déjà engagé une importante transformation digitale. Par exemple des candidats venant de la distribution, de la téléphonie, des sites internet de voyages », précise Hélène Terrien-Thomas.
Back ground assurantiel… mutualiste recommandé
En revanche, pour les postes cœur de métier de la mutualité, les profil hors secteur mutuelles sont plus rares. « Je n’exclus pas un candidat issu d’un grande compagnie d’assurance anglo-saxonne mais je sais que ce n’est pas ce type de profil qui aura la préférence de mon client. Leurs valeurs sont souvent trop éloignées. L’un venant du secteur marchand, l’autre ayant pour objet social la non-lucrativité. Les employeurs mutualistes sont encore frileux à l’idée de s’ouvrir aux pures profils bancaires et assurantiels », constate Anne-Sophie Luçon du cabinet Michael Page. En revanche, la mutualité est très à l’écoute de profils issus de la concurrence bien sûr, mais aussi des institutions de prévoyance, des courtiers et des bancassureurs… mutualistes.
Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.