Les recrutements repartent dans le secteur bancaire

Benjamin Dusaussoy

31 000 recrutements en 2013 puis 35 000 en 2014 dans le périmètre de la Fédération bancaire française. Après une période de repli de 2008 jusqu’à fin 2013, le secteur est redevenu un acteur dynamique sur le marché de l’emploi. Comment se portent les banques françaises et quels sont les profils recherchés ?
Les recrutements repartent dans le secteur bancaire

« C’est véritablement lors du premier semestre 2014 que les recrutements sont repartis à la hausse en Île-de-France comme en province et ce, sur une très large majorité des métiers de la banque de réseau », observe Fréderic Hatsadourian, senior manager de la division Banque & Assurance du cabinet Robert Walters. Les raisons de ce changement ? Le vieillissement des effectifs du secteur faisant suite à de nombreux départs à la retraite conjugués au gel des embauches ces dernières années qui poussent les entreprises à renforcer leurs effectifs. D'après la Fédération bancaire française (FBF), près de 58 % des nouveaux recrutés en 2014 étaient ainsi âgés de moins de 30 ans. « Les banques embauchent essentiellement des bac +5 ou bac +2 sortis de parcours en alternance pour des missions de conseils à la clientèle, en conformité, dans l'audit, l'informatique ou le marketing », explique Philippe Gendillou, directeur des affaires sociales à l'Association française des banques (AFB).

 

Des fonctions support vers les fonctions front office

Contexte oblige, les banques ont été obligées de se restructurer pour améliorer la gestion des risques et renforcer le niveau et la qualité de leurs fonds propres suite notamment à la réforme de Bâle III. « Entre 2008 et 2012, ce sont donc surtout les fonctions liées au risque qui ont été sollicitées : opérateur de crédit de marché et compliance, chargé d’études de crédit et autres risk manager. Depuis, ce sont les postes en front-office qui prennent le relais », relève Fréderic Hatsadourian. Et notamment les commerciaux chargés de clientèle auprès de particuliers, de professionnels et des gestionnaires de patrimoine. Un constat qui s'applique par exemple au groupe BPCE comme l'explique Maryse Vépierre, responsable recrutement et diversité : « Les trois quarts de nos effectifs assurent des missions  de conseil  en contact direct avec nos clients. Naturellement, nos recrutements, environ 3 500 CDI par an, concernent donc majoritairement les fonctions commerciales. »

 

Des processus de recrutement plus longs

Si la courbe actuelle des recrutements s’apparente à celle des années 2005/2007 d'avant crise et que les banques hexagonales se portent mieux, grâce notamment à l'appréciation de leur savoir-faire de proximité Made in France, les processus d’embauche ont quant à eux quelque peu évolués. « Les institutions bancaires font preuve de plus de prudence pour ne pas se tromper dans le choix des hommes. Cela se traduit par plus d'entretiens, parfois jusqu'à quatre ou cinq en plus de tests. Les diplômés à bac +5 possédant trois ans d’expérience ne sont pas forcément légions. Les recrutements se tournent dès lors aussi bien vers les profils juniors que vers des profils plus expérimentés », concède le responsable de chez Robert Walters.

Autre nouveauté : l'apport du digital lors des parcours de recrutement. « Afin d'être en phase avec les nouvelles habitudes des candidats, nous utilisons de plus en plus les réseaux sociaux pour recruter, témoigne Maryse Vépierre. La digitalisation du parcours intervient aussi dans la phase de sélection. Plutôt que d'utiliser uniquement l'entretien en face à face, nous invitons par exemple les candidats à répondre à quelques questions en se filmant en différé. ».

 

Encadrement des salaires dans la banque d'investissement

De leur côté, les banques de financement et d'investissement (BFI) ont également consenti à étoffer leurs équipes. « Il s’agit dans l’ensemble de recrutements limités et ciblés en coverage, c’est-à-dire la couverture des grands clients, financement structuré, gestion des risques et conformité », témoigne Emmanuelle Lalé, manager exécutif en charge des services financiers au sein de la division Banque chez Michael Page. Alors que le niveau général des rémunérations fixes est resté stable malgré la crise au sein des BFI, « c’est surtout le montant des bonus qui a eu tendance à baisser même si les salaires restent largement attractifs », concède-t-elle. Pour autant, les professionnels s’accordent à dire qu'on est loin des niveaux accessibles à Londres, New York ou sur les marchés émergents asiatiques. « La tendance est à l’aune du contexte économique mondial qui est orienté vers ces places », selon Isabelle Reux-Brown, directrice des ressources humaines de la Banque de Grande Clientèle de Natixis.

Au sein des banques de détails, pas d'embellie particulière à signaler non plus en matière de rémunération. « En plus de leur salaire, commente Philippe Gendillou, les banques peuvent mettre en place des systèmes d’intéressement ou de participation qui pourront représenter jusqu'à 10 à 20 % de la rémunération annuelle. »

Benjamin Dusaussoy
Benjamin Dusaussoy

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