Les recruteurs gardent le moral dans le Sud

Christine Piedalu

Malgré des inquiétudes et une grande prudence, les entreprises recrutent. Des secteurs se montrent particulièrement dynamiques : en tête l’aéronautique, mais aussi le naval militaire, la santé…

Stabilité et continuité ont marqué le premier trimestre 2012 dans le Sud ; attentisme et réserve, le début du 2ᵉ trimestre. Le manque de visibilité freine les entreprises et les recruteurs assistent au retour de la frilosité chez les candidats. « Des acteurs continuent pourtant à recruter fortement, il y a de belles opportunités liées au papy boom car les sociétés doivent remplacer des départs, voire créer des postes », affirme Frédéric Benay, directeur exécutif chez Michael Page.

Commerciaux et managers commerciaux sont les grands gagnants lorsque les recrutements sont offensifs. « Mais il n’est pas rare, lors du départ d’un directeur régional, que la tendance s’oriente vers la redistribution des tâches en interne », remarque Thierry Philippon, dirigeant de Phileas Conseil.

Particularismes régionaux

Les particularismes régionaux sont à prendre en compte. Dans le Sud Est, les industries navales militaires, la santé, le biomédical tirent leur épingle du jeu. « L’industrie de la parfumerie affiche de belles performances, Sophia-Antipolis a des besoins en ingénierie », souligne Frédéric Benay. A Marseille, le BTP résiste. « Le projet Euroméditerranée dynamise le secteur du BTP », note Nicolas Brivois, directeur régional chez Hays.

En Midi-Pyrénées, la sous-traitance et l’ingénierie bénéficient des excellents carnets de commandes d’Airbus et des équipementiers de rang 1. « Le changement annoncé du siège d’EADS à Toulouse devrait créer de nouveaux emplois », poursuit Nicolas Brivois. L’agroalimentaire est bien positionné. « Des acteurs se développent dans le médical, la région fourmille de petites sociétés de géolocalisation très dynamiques. Tous les métiers liés à l’ingénierie et à la R&D recrutent », renchérit Frédéric Benay.

La mobilité freinée par la frilosité des candidats

Mais rien n’est parfait. Nicolas Brivois déplore sur Toulouse un secteur de l’immobilier languissant. « Nous ne recherchons que des profils en commercialisation immobilière. » A Montpellier, il rappelle un marché de la défiscalisation et des énergies renouvelables en berne.

Sur l’agglomération bordelaise, gros œuvre, second œuvre et TP se maintiennent. Le secteur vitivinicole est plus contrasté. « Cognac est en plein boom grâce aux exportations, les vins de Bordeaux peinent sur un marché international très concurrentiel, reconnaît Thierry Philippon. Pour autant, l’industrie agroalimentaire, la restauration, la grande distribution n’ont pas à se plaindre et recrutent. »

Quels profils ?

Les commerciaux exports restent les favoris mais DAF et DRH sont de nouveau recherchés, observe Thierry Philippon. Les contrôleurs de gestion industriels intéressent les sous-traitants aéronautiques. « Ils sont de plus en plus challengés par leurs clients et doivent mieux maîtriser leurs coûts », explique Frédéric Benay. L’électronique embarquée, dans l’aéronautique et la production navale, nécessite par ailleurs des ingénieurs pointus. Les métiers pénuriques se retrouvent dans la maintenance, les profils techniques de l’ingénierie, ainsi que chez les acheteurs techniques.

Les candidats, quant à eux, hésitent. « La période d’essai peut durer plus de 7 mois, ce qui n’incite guère à bouger », reconnaît Nicolas Brivois. Les salaires ne contribuent pas non plus à la fluidité. Si Sophia-Antipolis affiche des rémunérations proches des salaires parisiens, dans l’ensemble, ils sont inférieurs de 20% à ceux de l’Île-de-France. « Le coût de la vie est aussi moins élevé en région », rappelle Thierry Philippon. La surenchère salariale n’est en tout cas pas à l’ordre du jour !

Christine Piédalu © Cadremploi.fr

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