Les Scop, une spécialité du Grand Est

Sylvia Di Pasquale

Connaissez-vous les Scop ? En 10 ans, les sociétés coopératives de production ont doublé leur nombre dans le Grand Est. Des entreprises pas comme les autres où la voix d'un salarié compte autant que celle du boss. Tous les secteurs (ou presque) de l'économie leur font une place. Eclairage sur cette alternative au salariat traditionnel.

L'Alsace n'est pas qu'une terre de spécialités culinaires. C'est aussi la région championne de France des Scop, puisqu'un quart des sociétés coopératives de production hexagonales sont implantées du côté de Strasbourg. Une particularité contagieuse pour les régions alentour car en Champagne-Ardenne comme en Lorraine, on aime l'autogestion. Résultat : pour l'ensemble du Grand Est, le nombre de coopératives a doublé en 10 ans pour atteindre aujourd'hui la centaine.

 

Salariés impliqués
Quelle différence entre une Scop et une entreprise traditionnelle ? L'implication des salariés dans la gestion de l'entreprise : ainsi tout nouvel embauché, quel que soit sa fonction, a la possibilité de devenir associé ou « coopérateur ». Il participe alors, au même titre que ses collègues, aux choix stratégiques de l'entreprise lors des assemblées générales annuelles. De même, la désignation des dirigeants, et l'affectation des résultats de la Scop se font de façon concertée.

 

 

Partages de bénéfices
Les Scop du Grand Est réalisent un peu moins de 200 millions d'euros de chiffres d'affaires et emploient 2 000 personnes. Avec des taux de réussite à rendre jaloux les entrepreneurs traditionnels puisque 73 % des structures nées à la suite d'un redressement judiciaire continuent leur bonhomme de chemin. De manière plutôt fringante. En 2006, les Scop du Grand Est ont distribué à leurs salariés qui sont aussi leurs associés, la coquette somme de 4,7 millions d'euros de dividendes, soit 47 % des 10 millions de bénéfices enregistrés, la somme restante étant allouée au développement des coopératives de ces régions.

 

(Presque) tous les métiers
Ces entreprises pas comme les autres s'emparent de nombreux secteurs. Même si le BTP reste l'activité maîtresse. 44 % des sociétés participatives du Grand Est s'y adonnent. Elles sont 20 % à lui préférer les transports et 14 % se sont orientées vers les services. De nombreuses opportunités existent pour les cadres et plus généralement pour les diplômés bac +2 à bac +4 ou 5 dans les métiers de l'architecture, le bio, l'environnement, la formation, le négoce, entre autres (voir rubrique « En savoir plus », ci-dessous). Réunies en congrès il y a quelques jours à Strasbourg, ces associations à but lucratif ont également tenu à effacer quelques clichés jugés indélébiles. Non, elles ne naissent pas toutes sur les décombres de dépôts de bilan et des conflits sociaux. Lorsqu'elles ne sont pas le fruit d'une transmission difficile. 52 % d'entre elles sont créées à partir d'une simple idée qui se transforme en initiative collective. Une éclosion parfois aidée par l'Union régionale des coopératives. Un véritable bureau d'études et de conseil installé à Nancy et qui guide ces créateurs pluriels dans leurs démarches. D'ailleurs trois jeunes pousses coopératives doivent éclore dans la région avant Noël.

 

Scop et tradition
On peut évidemment s'interroger sur un tel engouement pour cette forme d'entreprise en Lorraine, Champagne et surtout en Alsace. L'explications vient peut-être du fort ancrage de l'esprit associatif de ces régions. Il faut dire que les habitants des deux départements frontaliers sont les Français les plus impliqués dans la vie associative. Et lorsque l'on a pris l'habitude de gérer ses loisirs de manière collective, l'on dispose d'un certain entraînement pour gérer sa vie professionnelle de la même façon.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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