Pour May Kassis-Morin, se retrouver nommée, à 36 ans, associée de l'activité audit en France de l'un des « Big » cabinets est une étape importante. Son parcours pour le moins exceptionnel, on l'imagine marqué de coups d'éclats et de moments décisifs. « En réalité, chaque jour de ces 14 dernières années a été décisif. »
Tel celui de son premier entretien, dans ce cabinet qui s'appelait alors Arthur Andersen et où elle comptait bien décrocher son stage de troisième année d'études à HEC. Ce jour là, elle est reçue par un associé, « un ancien d' HEC. Il m'a mis le pied à l'étrier, m'a fait travailler sur le grand compte dont il s'occupait. » Après son embauche, May Kassis-Morin a continué à suivre cette grande entreprise du secteur pétrolier pendant neuf ans, « tout en gérant d'autres clients en parallèle, bien sûr. »
En 2002, Arthur Andersen et Ernst & Young fusionnent et la consultante demande à s'expatrier au bureau de Londres. « Dans un grand groupe international, on a plus de chance de décrocher une expérience à l'étranger, » commente-t-elle simplement. Elle apporte sa collaboration au « french desk » destiné aux clients français qui ont créé des filiales en Grande Bretagne. « Ces trois années d'expatriation se sont bien passées, résume-t-elle. J'ai pu découvrir le secteur des telecoms et poursuivre des audits dans celui des media. Ce qui m'a permis de revenir en France sans problèmes. » Et de s'attaquer à de nouvelles missions, comme les certifications Sarbanes-Oxley.
En septembre dernier, elle est cooptée associée en compagnie de 14 autres consultants, dont une seule autre femme. « Le fait que je sois une femme n'a joué ni dans un sens, ni dans l'autre, analyse-t-elle. Je suis mariée, j'ai trois enfants, cela n'a pas été un frein. Et à l'inverse, on ne m'a pas facilité la tâche pour respecter de quelconques quotas. » La seule recette pour parvenir à ce stade ne serait donc que ce que May Kassis-Morin veut bien en dire : de l'opiniâtreté au quotidien ? « Bien sûr, je ne suis pas associée par hasard. En 14 ans, j'ai réussi à démontrer que je possède des atouts importants que sont le sens du commercial, du management et de l'innovation, complète-t-elle. C'est cet ensemble qui fait que j'ai été choisie. »
Une fois le titre d'associé en poche, n'est-on pas tenté de se reposer sur ses lauriers en attendant une lointaine retraite ? Ou partir rejoindre une entreprise cliente ? « Pas du tout, il y a plein de choses à faire, à créer, à développer, insiste l'auditrice. Ernst & Young n'est pas seulement un cabinet, c'est aussi une entreprise à part entière et en tant qu'associés, nous participons à sa gestion. Moi, dans le pôle dont je m'occupe, j'ai des responsabilités RH, avec des implications très opérationnelles. » Le consultant associé serait donc un cadre comme un autre ? « Sauf que mon horizon ne se limite pas à mon seul bureau. J'ai accès au cœur même d'autres entreprises, ce qui élargit chaque jour mon univers. »
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.