Postuler quand on présente un handicap : vos questions, nos réponses

Sylvie Laidet-Ratier

Le handicap n’est pas un obstacle insurmontable lorsqu’on cherche un emploi. Au contraire, cela peut même devenir un atout. Nos conseils sur l’attitude à adopter pour maximiser vos chances de réussite.

1. Faut-il faire apparaître son handicap sur son CV"?

Bien sûr que non ! Seule la notion administrative de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) peut intéresser l’employeur. Cependant, même si on le lui demande, le candidat n’est pas obligé d’en parler. Est-il utile de faire apparaître la mention « bénéficiaire RQTH » sur son CV ? « Tout dépend du canal de diffusion du CV. Si vous l’envoyez à une mission handicap ou à un jobboard spécialisé, cela paraît judicieux. Si vous postulez dans le circuit commun, il est prématuré d’en faire état. Enfin, si vous envoyez votre CV dans le cadre d’une cooptation, tout dépend de la nature des premiers échanges, du destinataire et des informations que vous avez sur l’entreprise », détaille Franck Duthil, dirigeant de JobinLive.

2. Quel est le rôle d’une mission handicap"?

Il y a autant de réponses possibles que de missions handicap. « Certaines missions recrutent, d’autres ont d’abord pour objectif de sensibiliser au handicap », prévient Stéphane Rivière, fondateur et directeur général de Talentéo. La mission handicap joue souvent un rôle moteur pour diversifier les sources de candidats en se tournant vers les Cap emploi, des cabinets spécialisés ou des réseaux associatifs. Elle peut également faciliter l’acquisition de savoirs ou de savoir-faire par les personnes en situation de handicap. « Dans la phase de sélection, elle accompagne certaines candidatures pour prévenir les risques de discrimination indirecte, apporter des solutions de compensation ou organiser une visite de pré-embauche », ajoute Franck Duthil. Enfin, la mission handicap peut changer le regard des recruteurs sur leur métier, les aider à distinguer leur responsabilité de celle du médecin du travail et à avoir une vision plus claire des critères de sélection opportuns. En développant une culture de la diversité, elle facilite l’identification des talents utiles à l’entreprise.

3. Comment aborder mon handicap lors d’un entretien"?

Certainement pas sous l’angle médical. Mieux vaut ne pas mentionner le nom de votre maladie ou de votre handicap, qui relève du domaine personnel. Vous avez une hernie lombaire qui vous oblige à vous lever toutes les demi-heures ? Contentez-vous de dire que vous devez alterner les positions assise et debout à cause de petits problèmes de dos. « Seul l’éventuel décalage entre les contraintes du poste et celles liées au handicap est important. Cette question doit être abordée sous l’angle des moyens de compensation permettant l’expression des compétences », complète notre expert de JobinLive. Cette approche peut toutefois susciter des incompréhensions. Il est alors nécessaire de ramener le recruteur sur le champ des compétences. En principe, la question du handicap ne devrait se poser qu’après la validation des compétences professionnelles, dans le but d’assurer l’intégration du candidat.

4. Suis-je obligé de répondre aux questions sur mon handicap"?

Non. Le recruteur n’a pas le droit de poser de questions sur le sujet, c’est à vous de décider ce que vous voulez dire. Toutefois, plus vous serez transparent, meilleure sera votre intégration dans l’entreprise.

5. Existe-t-il des postes réservés aux travailleurs handicapés"?

Non. Depuis 2010, les offres d’emploi ne peuvent plus porter la mention « poste réservé à un travailleur handicapé ». De même, les salons de l’emploi dédiés aux personnes handicapées ne peuvent pas refuser l’accès à des personnes valides. Pourtant, en établissant un quota minimum de 6 % de travailleurs handicapés dans les établissements de 20 salariés et plus, le législateur implique de fait une discrimination positive. 

6. Est-ce à moi d’aborder le sujet des aides à l’embauche et à l’aménagement de postes"?

Non, car cela risque de décrédibiliser votre candidature. Normalement, un employeur recrute sur les compétences des candidats et ne fait pas de chasse à la prime. D’ailleurs, c’est à l’entreprise – via sa mission handicap quand elle existe –, en lien avec la médecine du travail, d’effectuer le diagnostic pour un éventuel aménagement de poste et donc de s’occuper de ce problème. Toutefois, si vous postulez dans une PME, ce type d’argument peut faire mouche auprès du recruteur qui n’a généralement pas de mission handicap à proprement parler.

 

7. Qu’est-ce qu’un « accord handicap » ?

C’est l’un des moyens pour les entreprises de satisfaire à leur obligation d’emploi de travailleurs handicapés. Le contenu résulte d’une négociation entre les partenaires sociaux et la direction. Un accord (souvent triennal) doit obligatoirement comprendre un plan d’embauches chiffré de personnes handicapées et au moins l’une des actions suivantes : un plan d’insertion et de formation, un plan d’adaptation aux mutations technologiques ou un plan de maintien dans l’emploi. Il est ensuite soumis à une procédure d’agrément auprès de la Direction générale du travail. Lorsque l’entreprise obtient un accord agréé, elle ne contribue plus à l’Agefiph et ne peut plus bénéficier (sauf exception) des aides de cette association. Et ce, même si elle n’atteint pas le quota de 6 % de travailleurs handicapés. Le montant qu’elle aurait dû verser à l’organisme est en fait conservé en interne. Il est souvent géré par la mission handicap de l’entreprise et doit servir à mettre en oeuvre sa politique d’emploi en faveur des personnes handicapées. Une entreprise ayant signé un accord handicap ne manque en général pas de le faire savoir par voie de presse ou sur son site Internet. Vous êtes alors en droit de penser que les recruteurs auront été sensibilisés au handicap. Peut-être un avantage pour votre candidature.

Sylvie Laidet © Cadremploi.fr

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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