Pourquoi l'informatique peine à recruter certains profils

Adeline Fabre

Derrière les chiffres des recrutements se cachent des difficultés propres au secteur. Oui mais lesquelles ? Innovation technologique, turnover et fort besoin de main-d’œuvre… Autant de facteurs qui renforcent la pénurie sur certains métiers.

L’enquête « Besoins en main-d’œuvre » (BMO) de Pôle emploi révèle que les informaticiens (« ingénieurs, cadres d’études et R&D et responsables informatique ») arrivent en deuxième position dans le top 10 des métiers connaissant les plus fortes difficultés de recrutement. Si les employeurs déclarent plus de 28 000 intentions d’embauche de cadres, 62,3 % de ces projets de recrutement s’annoncent selon eux compliqués. Ce niveau de difficulté se limite à 47 % pour les cadres en moyenne nationale. Le Syntec Numérique, s’appuyant sur des données de l’Apec, a récemment souligné que les trois quarts des recruteurs perçoivent ces difficultés.

Source : BMO 2012.

Manque d’attractivité

En cause, selon Régis Granarolo, président du Munci (association professionnelle des informaticiens) : la forte sélectivité des recrutements IT. « D'autant plus qu’en informatique, il existe des dizaines de métiers et des centaines de compétences. Ces métiers sont de plus en plus spécialisés et externalisés chez les prestataires de services qui, forcément, ne trouvent pas les profils adaptés au bon moment », précise-t-il. Autre raison invoquée: la perte d’attractivité de ces métiers. « Il est un fait établi que l'informatique n'attire plus les jeunes ingénieurs comme cela était le cas auparavant. C'est un marché extrêmement secoué où l'on n'hésite pas à faire des coupes sombres. Dès lors, les candidats soucieux de leur carrière ont tendance à privilégier les postes industriels », estime Christine Pruvost, team leader IT et télécoms chez Hudson. « Ces candidats peuvent se détourner en cours de route des postes d’expertise pour aller vers le management », complète Marlène Ribeiro, directrice de la division systèmes d’information chez Michael Page.

Par ailleurs, le secteur gère souvent ses effectifs à court terme, soit en raison « des innovations technologiques qu’on a du mal à percevoir et qui rendent les emplois plus difficiles à pourvoir (le cloud computing, par exemple) », soit en raison des évolutions conjoncturelles. « Quand l’activité va mal, les grands comptes ne sont pas sûrs de leurs budgets et vont mettre en attente certains projets. Les SSII (Sociétés de services en ingénierie informatique), en bout de chaîne, qui subissent ces aléas, vont se retrouver avec moins d’emplois à proposer », souligne Jean-Louis Zanda, chargé de mission à Pôle emploi ; les SSII représentant un grand nombre d’employeurs du secteur.

Formation toute !

Pour Régis Granarolo , la solution est à chercher du côté de la formation professionnelle, qui devrait permettre de « réduire l'inadéquation des compétences entre l'offre et la demande ». Selon lui, il convient également de « mieux réglementer la sous-traitance, car on ne peut plus continuer à externaliser pour reporter la flexibilité chez les prestataires. Ce modèle de recours massif à la sous-traitance génère le caractère très cyclique de l’emploi IT où les salariés des SSII ont le sentiment d'être surtout des variables d’ajustement », conclut-il.

Adeline Fabre © Cadremploi.fr

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