Quel budget pour ouvrir une franchise ?

Régis Delanoë

Droits d’entrée, apport personnel, emprunt bancaire, fond de roulement, investissement global, aides éventuelles… Il n’est pas toujours facile de s’y retrouver au moment de savoir exactement quel budget prévoir pour devenir franchisé. Éclairage sur l’indispensable volet financier de l’ouverture d’une franchise.

Franchise de services ou de commerce ?

« Il convient de bien distinguer les franchises de services de celles de commerce », prévient Bernard Tardy, gérant du cabinet conseil RBC. Les secondes, nécessitant d’investir dans un local, de payer un droit au bail et d’avancer les premiers loyers, peuvent entraîner un investissement de plusieurs centaines de milliers d’euros, voire dépasser le million. « C’est par exemple le cas des enseignes de boulangerie ou de restauration rapide, précise Bernard Tardy. Dans le cas d’une franchise de services en revanche (exemple : services à la personne, enseigne de réparation informatique…), on peut démarrer chez soi. » Au moins pour la mise en route de sa franchise.

 

Un fond de roulement à ne pas négliger

« Il ne s’agit pas de vider ses économies pour lancer son activité en franchise, c’est important de bien compter dans son budget un fond de roulement pour permettre de survivre pendant les premières semaines voire les premiers mois », met en garde Patrick Rougeon, fondateur du réseau Les Savants Fous. Ce fond doit permettre de payer les premiers loyers le cas échéant, les frais de déplacement, de rémunérer du personnel embauché, etc. « C’est une trésorerie de départ dont la taille dépend énormément du type d’activité de la franchise », note Chantal Zimmer, la déléguée générale de la Fédération Française de la Franchise. En règle générale, elle correspond environ à un tiers de l’investissement global de lancement.

 

Un apport personnel minimum

Alors comment le budget d’une franchise se décline-t-il ? « Il y a un droit d’entrée (droit d’utiliser la marque), un investissement de départ (les outils pour démarrer l’activité) et un besoin en fond de roulement (BFR), le tout étant financé pour partie par un apport personnel et le reste par emprunt bancaire », détaille Julien Moineau, fondateur et pdg du groupe Axeo Services. Ce réseau de services à la personne par exemple est accessible avec un droit d’entrée de 25 000 euros, un investissement de 25 000 euros et un BFR de 25 000 euros également, pour un investissement total de 75 000 euros financé entre 30 et 40 % par un apport personnel minimum, soit entre 22 500 et 30 000 euros.

« Les cas de figure diffèrent selon les franchises », assure Julien Moineau. Exemples parmi d’autres : l’investissement total pour l’ouverture d’une franchise Attila Système (entretien et réparation de toitures) est estimé à 140 000 euros, dont 26 000 euros de droit d’entrée ; s’agissant de l’enseigne Citron Vert (institut de beauté), 130 000 euros d’investissement, dont 16 800 euros de droit d’entrée ; pour Les Savants Fous (animation scientifique pour enfants), comptez 30 000 euros d’investissement total dont 16 500 euros de droit d’entrée. « Les différences s’expliquent surtout par le fait que les outils pour démarrer l’activité ne sont pas les mêmes », éclaire Pierre-Michel Cros, consultant du cabinet de conseil MADERE. Dans le cas d’Attila Système, il faut par exemple s’équiper de matériel de réparation de toiture et d’une fourgonnette. Pour Les Savants Fous, l’activité peut démarrer en achetant seulement quelques kits d’animation.

 

Des banques généralement conciliantes

Les instituts bancaires accordent généralement des emprunts bancaires à hauteur de 60 à 70 % de l’investissement total estimé pour l’ouverture d’une franchise, de manière à compléter le 30 à 40 % d’apport personnel. C’est ce que constate Chantal Zimmer : « Toutes les banques ont désormais un département dédié. C’est l’un des gros avantages de ce mode de création d’entreprise : les banquiers ont plus facilement tendance à accorder leur confiance à un entrepreneur qui se lance en franchise que s’il se lance en indépendant. » Et forcément, plus le franchiseur est réputé, plus la banque sera conciliante.

Des facilités de financement à ne pas négliger

Les candidats à la franchise peuvent-ils se faire aider dans leur démarche ? « Ni plus ni moins que n’importe quelle création d’entreprise », répond Rose-Marie Moins, responsable de la formation à la Fédération Française de la Franchise. « Vous pouvez bénéficier du dispositif ACCRE (exonération d’une partie des charges sociales) et continuer à percevoir des allocations chômage durant 12 à 15 mois », précise Pierre-Michel Cros. Autre dispositif géré par Pôle emploi, NACRE (Nouvel accompagnement pour la création d’entreprise) s’adresse aux entrepreneurs ayant besoin d’être accompagnés (financement d’un expert-comptable ou d’un avocat par exemple). « Généralement ces besoins en accompagnement sont assurés par le franchiseur », constate néanmoins Pierre-Michel Cros.

Il existe aussi des réseaux parallèles à Pôle emploi, type Entreprendre (financement et conseil), des aides alloués en cas de création d’une franchise en ZFU (Zone franche urbaine), en ZRR (zone de revitalisation rurale), des subventions dans certaines régions, mais aussi des aides pour les femmes créatrices d’entreprise. C’est un vrai parcours à mettre en œuvre auprès des différents organismes pour collecter ces aides éventuelles.

 

 

Régis Delanoë
Régis Delanoë

Après un Master obtenu à l’Institut d’études politiques de Rennes, Régis Delanoë s’est mis à son compte en tant que journaliste indépendant. Multitâche, il travaille depuis plus de dix ans dans le vaste domaine de la presse écrite et web. Enquêtes, reportages, interviews et veille de l’actualité : il s’est notamment spécialisé dans le secteur de l’emploi et de la formation, s’intéressant de très près aux nouvelles tendances et aux évolutions à venir en la matière.

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