Rhône-Alpes : l’attentisme gagne du terrain sur le front des recrutements

Christine Piedalu

Le rythme des embauches se ralentit au dernier trimestre. Néanmoins des secteurs et des fonctions restent porteurs. Le 2e bassin économique français se tourne de plus en plus vers les marchés internationaux.

Les nouvelles manquent de peps. Peu de visibilité, attente de nouvelles lois, des budgets de fin d’année… autant de facteurs qui contribuent au ralentissement des embauches en Rhône-Alpes. « Ce dernier trimestre est plutôt celui de l’observation pour les entreprises et côté candidats celui des hésitations », résume Patrick Favre, directeur de Michael Page Rhône-Alpes. Bertrand Naveau, responsable du bureau Hays de Lyon, se veut lui aussi prudent. « Même les grandes entreprises, dont certaines font partie des sociétés qui embaucheront le plus en 2013, hésitent à dévoiler leur plan de recrutement », déclare-t-il.

Dans ces conditions, peut-on parler de secteurs et des fonctions porteurs ? La réponse est oui. Dans la finance d’entreprise, contrôleurs de gestion, DAF, DRH, crédit managers sont demandés ; les profils comptabilité audit en cabinet ne connaissent pas la crise : « Un seul candidat, s’il correspond, suffira en short list ! », affirme Stéphane Waluga, manager chez Experts. En informatique, les fonctions techniques prennent l’avantage sur les managers de projet. « Les SSII seront probablement les grandes gagnantes l’année prochaine. Dans un contexte incertain, elles apportent de la souplesse aux entreprises qui n’internaliseront que les experts dont elles ne peuvent se passer », estime Bertrand Naveau. La pénurie de techniciens en maintenance, essais… pénalise l’industrie aéronautique et nucléaire. « Dans le nucléaire notamment, ces profils ne sont plus formés », déplore Stéphane Waluga.

Le ralentissement est en revanche palpable dans la construction où seule la promotion régionale se distingue. « Les profils expérimentés en bureau d’études, les développeurs fonciers, responsables étude de prix demeurent néanmoins prisés », affirme Patrick Favre.

Incontestés, les commerciaux et technico-commerciaux se placent en tête des recrutements. Bien localisé, riche en infrastructures, le deuxième bassin économique français exporte aussi de plus en plus ; il recherche des profils export bien dimensionnés. « La situation de la zone euro incite les entreprises à sortir du périmètre européen pour se tourner davantage vers les pays émergents », précise Stéphane Waluga. Patrick Favre note des développements en Amérique latine, Maghreb, Afrique Sub-saharienne, Moyen Orient, avec des recrutements rapides dès lors que les candidats connaissent la zone géographique, maîtrisent la culture, les bonnes pratiques commerciales.

Attractivité à l’étranger

Parallèlement, la région attire les entreprises étrangères. En 2011, sur 60 projets d’implantation sur Lyon et ses environs accompagnés par l’Aderly (*), 55% étaient à capitaux étrangers. La diversité des secteurs industriels et technologiques (pôles de compétitivité, Lyonbiopôle, nanotechnologies, etc.) séduit. Bémol tout de même : « Lorsque la cible est la France, la région a une vraie carte à jouer auprès des sociétés. Lorsqu’elle est plus large, la Suisse, de par sa fiscalité, ses contrats de travail, peut faire la différence », confie Patrick Favre.

En France, la tentation des entreprises est grande de « verrouiller » les salaires. Selon Hays, les contrôleurs de gestion, les RRH et commerciaux sont ceux qui s’en sortiront le mieux en 2013. Mais qui dit export, dit volonté de s’implanter ou de se développer pour l’entreprise, et déplacements fréquents pour le collaborateur : « Ce sont des profils rares et cela se rétribue », souligne Bertrand Naveau. « Pour un poste de commercial export de 40 à 50 Keuros, un directeur m’a dit d’emblée : avec une culture internationale, il faudra sans doute sortir de la grille », renchérit Stéphane Waluga.

* Agence pour le Développement économique de la Région lyonnaise

Christine Piédalu © Cadremploi.fr

Christine Piedalu
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