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Caroline Bouchery, Arismore |
Geoffrey Burns, Capgemini-Sogeti |
Emilie Rambaud, Daher |
A quand la parité hommes femmes ? Sur près de 750 000 ingénieurs en France, les femmes ne sont que 17%* en moyenne. Les progrès sont néanmoins visibles puisque les chiffres grimpent à 26% pour les moins de 30 ans.
Tous les secteurs n’en sont pas au même point. Dans les SSII, la demande en ingénieurs est très forte et la moyenne autour de 15%. « Beaucoup préfèrent s’orienter vers le client final, assurance, banque, etc. », déplore Caroline Bouchery, RRH de la SSII Arismore (150 personnes dont 10% d’ingénieures sur 18% de femmes).
Capgemini-Sogeti tire bien son épingle du jeu. La SSII de 22 000 salariés en France (120 000 dans le monde) s’enorgueillit de ses 25% de collaboratrices (ingénieurs ou non) et espère bien atteindre 29% d’ici 3 ans. « Le problème est plus profond, observe le directeur du recrutement, Geoffrey Burns. La pénurie concerne les ingénieurs en général et nécessite d’intervenir dès le lycée. » Le groupe a également élargi ses profils aux universitaires : « La majorité des étudiants s’y trouve et les femmes y sont plus nombreuses que dans les écoles d’ingénieurs », explique-t-il. En 2011 le groupe a ouvert avec Paris XIII un diplôme qui forme à ses métiers des bac+4/5 scientifiques, non informaticiens.
« Communiquer, se faire connaître est d’autant plus essentiel qu’en 1ʳᵉ et 2ᵉ année d’écoles d’ingénieurs et dans les universités, beaucoup de jeunes ne savent pas encore ce qu’ils veulent faire », déclare Emilie Rambaud, responsable recrutement de Daher. L’équipementier (7500 salariés) compte 13% de femmes ingénieurs ou bac+5 techniques. « Nous faisons intervenir des opérationnels et notamment des femmes dans les salons, les forums écoles, etc. pour montrer qu’une carrière féminine est possible. »
Les stéréotypes ont la vie dure
Reste du chemin à parcourir. « Chez Daher, les femmes ingénieurs occupent des postes de management et à responsabilités mais pas encore au sein de la direction », reconnaît Emilie Rambaud. Les chefs de projet sont à parité chez Capgemini, mais très peu à la tête de business unit. Arismore, s’est donné pour objectif d’avoir au moins une femme par équipe projet. « Elles ont en moyenne 2 à 5 ans d’expérience, nous avons donc encore peu de femmes managers », confie Caroline Bouchery.
Leur arrivée récente dans les entreprises n’explique pas tout. Casser le plafond de verre suppose une politique volontariste. Capgemini-Sogeti a donné le coup d’envoi officiel il y a un an. Il a signé un accord sur l’équité hommes femmes, la parentalité, et travaille à la revalorisation des salaires des femmes… Son programme Women@Capgemini cherche notamment à promouvoir par le mentoring et à mettre en avant des femmes qui ont réussi. Parallèlement, il propose 2 heures à ceux et celles qui le souhaitent pour la rentrée des classes, recommande d’éviter les réunions tard, etc. « Ce sont des symboles, mais qui engagent la réflexion », affirme Geoffrey Burns. Daher prévoit des journées enfants malades pour les hommes et les femmes. Arismore a atteint l’égalité salariale, mis en place des tutorats « et notre accord égalité hommes femmes devrait nous permettre d’augmenter nos effectifs feminins et d’accompagner de belles carrières », assure Caroline Bouchery.
Mais les stéréotypes ont la vie dure, y compris chez les femmes. « Certaines refusent des postes qui impliquent trop de déplacements, alors qu’elles pourraient ensuite occuper des fonctions moins mobiles », remarque Emilie Rambaud. La parité hommes femmes est aussi une affaire sociétale et les grands changements ne se réalisent pas en un jour.
* Observatoire des Ingénieurs, enquête 2012.
Christine Piédalu © Cadremploi.fr
