Rhône-Alpes : les entreprises recrutent avec prudence

Christine Piedalu

Les employeurs recherchent des commerciaux, des ingénieurs et des techniciens.

Touchée comme d’autres régions par le ralentissement économique, la région Rhône-Alpes pourrait repartir dans les prochains mois. Certains signaux le laissent espérer. Patrick Favre, directeur au sein du cabinet de recrutement Michael Page, constate qu’un cercle vertueux se met progressivement en place. « On assiste à un redéploiement des ressources, avec des recréations de postes. Après avoir réduit la voilure côté commerciaux, des entreprises opèrent de nouveau un maillage plus serré du territoire. Des volumes de production attendus en hausse relancent un turnover naturel et le besoin en managers de production », explique-t-il.

Des besoins en remplacement

Mais beaucoup d’entreprises demeurent prudentes. Marie-Françoise Doyat, directrice régionale chez Hays, note un attentisme des chefs d’entreprise depuis la rentrée. « Lorsqu’il y a ouvertures de postes, il s’agit plus de remplacements liés à des promotions internes, ou de commerciaux qui changent d’entreprise industrielle », précise-t-elle. Est-ce le signe d’un redémarrage qui sera lent ? « En 2013, après un début septembre plutôt plat, nous avions réalisé un très bon dernier trimestre », observe Emeline Gauthier-Knauf, directrice de bureau chez Experts.

Marie-Françoise Doyat, directrice régionale chez Hays

« On remarque un attentisme des chefs d’entreprise depuis la rentrée. Lorsqu’il y a ouvertures de postes, il s’agit plus de remplacements liés à des promotions internes, ou de commerciaux qui changent d’entreprise industrielle. Dans les fonctions support, la finance d’entreprise recrute. On note aussi des créations de postes en ressources humaines. Il s’agit de profils très opérationnels qui interviennent sur les sites de production. Les entreprises restent très exigeantes. De grands groupes, mais aussi des PME de 100 à 300 personnes créent des viviers de hauts potentiels. »

Les secteurs qui recrutent

Les sociétés de services tirent leur épingle du jeu. Les sociétés de service et d’ingénierie informatique, recrutent des ingénieurs informatique. Les PME spécialisées dans les biens d’équipement et machines spéciales étoffent leurs équipes. « Elles ont besoin de compétences en automatisme, en électromécanique, en mécanique, de chargés d’affaires, de responsables export pour se développer à l’international », explique Patrick Favre.

« Le biomédical, les dispositifs médicaux se renforcent en commerciaux et dans les fonctions scientifiques (recherche clinique, affaires réglementaires…). L’industrie agroalimentaire et agricole embauche des commerciaux et des cadres en production », ajoute-t-il. Quel que soit le secteur industriel, les ingénieurs qualité et amélioration continue sont recherchés.

Dans les fonctions support, les employeurs recrutent des spécialistes de  la finance d’entreprise . Marie-Françoise Doyat observe des créations de postes en ressources humaines. « Il s’agit de profils très opérationnels qui interviennent sur les sites de production », confie-t-elle.

 

Emeline Gauthier-Knauf, directrice de bureau chez Experts

« En intérim l’activité finance, RH est porteuse, avec des besoins de gestionnaires de paye, de comptables, de contrôleurs de gestion, d’assistants ressources humaines, paye ou formation. Les CDD ou CDI sont tirés par les métiers techniques et par le commerce au sens large : les commerciaux, les technico-commerciaux, les spécialistes en marketing, en achat, en communication liés notamment au numérique. Des groupes créent une équipe dédiée ou renforcent celle qui existe déjà. En ingénierie et en informatique, les tensions obligent au niveau du groupe, à recourir à l’impatriation de spécialistes étrangers. »

 

Les commerciaux plébiscités

Emeline Gauthier-Knauf souligne un marché à deux vitesses. En intérim,  l’activité finance, ressources humaines sont des marchés porteurs, avec des besoins en gestionnaires de paye, en comptables, en contrôleurs de gestion, en assistants ressources humaines, paye ou formation. Les CDD ou CDI sont tirés par les métiers techniques et le commerce. Les entreprises ont besoin de commerciaux, de technico-commerciaux, de spécialistes du marketing, des achats, de la communication connaissant le numérique. « Des groupes créent une équipe dédiée ou renforcent celle qui existe déjà », analyse Emeline Gauthier-Knauf. 

Les entreprises restent très exigeantes. « De grands groupes, mais aussi des PME de 100 à 300 personnes créent des viviers de hauts potentiels. Ils recherchent des candidats issus des meilleures écoles capables d’évoluer qui partiront ensuite dans une filiale pays », remarque Marie-Françoise Doyat.

Mais certains métiers ne trouvent pas tous les talents dont ils ont besoin en France. Experts fait venir des spécialistes de l’ingénierie et de l’informatique qui travaillent à l’étranger. « Le groupe propose à des spécialistes étrangers de s’installer en France. C’est le cas sur Grenoble et Lyon par exemple », explique Emeline Gauthier-Knauf.

La région reste l’une des plus attractives pour les cadres  mais ceux-ci préfèrent s’installer dans les grandes villes. «Les PME industrielles n’y sont pas », rappelle Marie-Françoise Doyat. Autre frein, les salaires de la Suisse, qui pénalisent les entreprises frontalières. « Il peut y avoir une surenchère salariale pour  l’expert qui détient un compétence technique primordiale pour l’entreprise, reconnaît Patrick Favre. Mais ces cas sont des exceptions. »

Patrick Favre, directeur senior chez Michael Page

« On assiste à un redéploiement des ressources, avec des recréations de postes. Après avoir réduit la voilure côté commerciaux, des entreprises opèrent de nouveau un maillage plus serré du territoire. Des volumes de production attendus en hausse relancent un turnover naturel et le besoin de managers de production. Les sociétés de service et d’ingénierie informatique recrutent des ingénieurs informatique. Les PME spécialisées dans les biens d’équipement et les machines spéciales ont besoin de compétences en automatisme, en électromécanique, en mécanique, de chargés d’affaires, de responsables export pour se développer à l’international. »

 

Christine Piédalu, avis d'expert pour © Cadremploi

Christine Piedalu
Christine Piedalu

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