
Télétravailler depuis l’étranger, c’est possible
Elle a vécu le rêve de nombreux cadres coincés derrière leur bureau. Pendant trois mois (août à novembre 2023), la consultante Audrey Quermeur a vécu et travaillé à Madagascar tout en menant une mission humanitaire sur place.

Une semaine sur deux, elle bossait en télétravail classique pour son employeur Next Décision (270 salariés répartis dans 10 agences). Consultante dans l’ESN nantaise, cette diplômée d’un Master en contrôle de gestion de Brest business school aidait classiquement ses clients français à installer des logiciels. « C’est le même travail que je faisais déjà de Brest en télétravail, précise-t-elle. Mais je le réalisais de Tuléar, la grande ville (250 000 habitants) sur la côte sud-ouest de Madagascar ».
Puis le week-end, elle partait en voiture et en bateau pour se retrouver, une demi-journée plus tard, à Efoetse. Dans ce village côtier, elle s’occupait de l’informatisation d’une école de brousse pour une association humanitaire dénommée ABC Domino.
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Sécuriser l’immersion à l’étranger
Tout cela a été rendu possible grâce à son employeur Next Décision et l’accord signé avec la société Holiworking (voir ci-dessous), une société qui prend en charge l’immersion à l’international de salariés sous tous ses aspects (juridique, pratique, logistique, etc.).

« Nous nous sommes lancés dans ce mécénat humanitaire en 2020, pendant le Covid, précise Olivier Marquis, cofondateur et PDG de Next Décision. Nous cherchions à améliorer notre réflexion RSE en travaillant sur notre utilité sociétale en tant qu'entreprise de service du numérique. Nous avons alors encouragé nos collaborateurs à accompagner des populations en difficultés. Ces missions à Madagascar en font partie. Nous désirions aussi permettre à nos salariés de s’épanouir à l’étranger. J’ai ainsi fait une pause de 10 mois pour faire un tour du monde en famille. Et puis, pour l’entreprise, c’est aussi un moyen de faire ce que l’on dit. On promeut des valeurs philanthropiques et cela attire aussi des candidats voulant travailler à l’étranger ».
Salaire intégral
Pour ces 3 mois d’humanitaire et de télétravail, l’employeur verse un salaire complet. Cela lui coûte donc la moitié, quelque 8 000 à 10 000 euros pour cette mission sachant que Next Décision verse aussi environ 25 000 euros par an à ABC Domino.
« C’est un geste fort pour l’entreprise, rappelle Olivier Marquis. Pour nos collaborateurs, c’est aussi une expérience de vie qui fait grandir. Cela marque une vie. On va réitérer avec le soutien de Holiworking dont la gestion de l’intendance et de l’administratif est indispensable pour sécuriser le contrat de travail et le juridique ».
Concilier boulot et engagement humanitaire
Audrey Quermeur poursuit : « j’ai intégré Next Décision en 2021. Mon employeur était déjà mécène de ABC Domino. Je faisais, en plus de mon job, partie de ce projet consistant à financer un bâtiment informatique pour une école malgache et nous voulions aussi les accompagner sur la partie pédagogique. J’étais moi-même déjà bénévole pour un festival de musique et assurais des cours de comptabilité pour une école. Mais cela ne m’intéressait pas d’aider l’école malgache pour une courte période. Quand j’ai appris qu’ABC Domino avait en tête une mission plus longue, j’ai été tout de suite intéressée. Cela pouvait associer mes passions du bénévolat et de la pédagogie ».
Télétravailler depuis l’Afrique vers l’Europe
Une semaine sur deux, Audrey Quermeur restait donc derrière son bureau à Tuléar, à peu près de la façon qu’elle le faisait en Europe (du bureau de Brest pour être précis).
« Que je le fasse de Bretagne ou de Madagascar ne change rien. A l’école, je travaillais avec les enseignants et habitais dans un très bon logement avec mon compagnon qui m’avait suivi pour l’occasion. On était en bord de mer avec de la nourriture saine, du poisson en général, tout en faisant attention à boire de l’eau en bouteille. Cela me permettait d’être utile à la fois à mon entreprise et à l’école de Efoetse. »
Financièrement, la jeune femme percevait le même salaire qu’à Brest avec un loyer du même ordre.
Côté finances, c'était neutre. Côté mission, c’était passionnant. Je souhaite y retourner. Je me sentais à ma place lors de cette mission. Je découvrais, je ne m’imposais pas et tout s’est bien passé. Je conseille cependant de partir à deux. C’est aussi ce que prône ABC Domino.Audrey Quermeur
Holiworking, l'intermédiaire qui sécurise l’immersion des télétravailleurs à l'étranger
Holiworking (contraction de Holiday et de working), est une entreprise nantaise permettant à des salariés de partir entre 3 et 12 mois en télétravail à l’étranger. 11 destinations sont aujourd’hui possibles : Afrique-du-sud, Indonésie, Canada, Ile Maurice... Holiworking permet aux collaborateurs de bénéficier d’un contrat de travail valable dans le pays d’accueil, d’une assurance santé et organise, via des "Holicoachs", l’intendance sur place : maison, ligne internet voire électricité, école pour les enfants, bons plans touristico-culturels, mises en relation avec des autochtones… C’est le service de base. Pour l’employeur, c’est gratuit et l’employé verse entre 0 et 20 % de son salaire à Holiworking selon la durée du séjour et sa destination.

Depuis, Holiworking propose aussi de mixer, gratuitement, humanitaire et travail à distance en sécurisant de la même façon le séjour avec volonté d’ouvrir d’autres destinations comme le Togo. « Pour en bénéficier pleinement, je conseille à l’employé de bien préparer son projet en choisissant la bonne destination, détaille Gaël Brisson, le dirigeant-fondateur d’Holiworking. Pour l’employeur, c’est aussi tout bénéfice. Cela lui permet de proposer à ses salariés des solutions de télétravail particulièrement enrichissantes et, par la même, de les motiver, les fidéliser et d’attirer les nouveaux candidats dans une société leur permettant de découvrir une nouvelle culture et de s’améliorer linguistiquement ».
Aujourd’hui, Holiwork favorise le télétravail à l’étranger pour des entreprises des hautes technologies, des services, des grands groupes industriels et de la communication.
Holiworking en chiffre
- 7 salariés en France et 11 holicoach
- Nombre de salariés en mission mécénat de compétences : 1
- Nombre de salariés en télétravail de par le monde : 50.
- Nombre de pays « ouverts » : 11 mais « nous offrons du sur-mesure » sur un pays précis.
- Salaire moyen des Holiworkés : 3000 euros net par mois.
- Age : 50 % des Holiworkés ont entre 30 et 40 ans et 45 % entre 25 et 30.

Je suis journaliste spécialisé dans les questions de formation et d’emploi. L’un ne doit pas aller sans l’autre et la compréhension des deux permet de s’orienter au mieux. Je rédige aussi, tous les deux ans, le Guide des professionnels du recrutement. Je suis aussi passionné d’histoire et amoureux des routes de la soie.