Airbus et Flixbus : les infos à retenir de notre live sur les carrières à l'international

Sylvia Di Pasquale

[[Replay] Vous voulez revoir ou voir notre Facebook Live consacré aux carrières internationales ? Retrouvez en plateau Thierry Baril, DRH du groupe Airbus, Delphine Chantôme, DRH de Flixbus et Fanny Potier, en charge au BCG d'une étude sur les talents internationaux.

Qu'attendent les talents internationaux de l'employeur idéal ? Les réponses figurent dans la toute dernière étude menée par le Boston Consulting Group et The Network*, auprès de 366 000 salariés dans 197 pays. Deux DRH étaient présents sur le plateau de Cadremploi/Le Figaro Economie pour les commenter. Deux DRH de deux entreprises a priori très différentes qui recrutent néanmoins quelques profils similaires. Voici ce que l’on pouvait retenir de leurs commentaires.

Les invités

-          Thierry Baril, DRH du Groupe Airbus. C’est la multinationale préférée des ingénieurs, 130 000 personnes dont 48 000 en France… 130 nationalités. Des carnets de commande remplis pour les 8 à 10 prochaines années. Airbus recrutera cette année 7 000 personnes, dont 4000 en Europe et 1500 en France.

-          Delphine Chantôme, DRH de Flixbus. 1400 salariés en Europe, dont 90 en France. Vous avez sans doute déjà vu les autocars verts qui font des liaisons de ville à ville à bas prix… Cette start-up née en Allemagne est arrivée en France en 2015 grâce à la loi dite Macron levant l’interdiction de concurrencer la SNCF. Elle est partie à la conquête du monde en recrutant 780 personnes l’an passé dont 40 en France.

-          Fanny Potier, directrice au bureau de Paris du Boston Consulting Group, en charge de l’étude Global Talent.

 Etats-Unis, Allemagne et Canada, dans le trio de tête… La France est 7ᵉ

L’étude Global Talent 2018* le révèle : la France reste dans le Top 10 des pays les plus attractifs pour les talents internationaux mais perd une place par rapport à 2016.

Les destinations les plus attractives en 2018 sont :

  1. USA
  2. Allemagne
  3. Canada
  4. Australie
  5. UK
  6. Espagne
  7. France
  8. Suisse

Le retour à la croissance, les réformes du travail, la French Tech, l’effet Macron…. Tout cela ne suffit-il donc pas pour attirer les talents ? « Les idées reçues sur la France ont la vie rude », sourit Fanny Potier.  L’image de la France met du temps à changer.  « Etre vu comme un pays compliqué et bureaucratique, sans réelle liberté d’entreprise, n’aide pas à gagner en attractivité, confirme Thierry Baril, DRH du groupe Airbus. Mais le jour où l’on décontracte cette vision – cela peut être l’effet Macron – et si les entreprises font aussi des efforts pour attirer, la somme des deux créera un effet positif. »

 

Que pensez de la 5ᵉ place du Royaume-Uni parmi les pays les plus attractifs au monde ?

« Les talents ont bien raison, c’est une destination très sympa… surtout si on a un soft brexit », prévient Thierry Baril, le DRH du groupe Airbus. L’avionneur européen a annoncé le 24 juin dernier qu’il envisage de quitter la Grande Bretagne en cas de sortie de l'Union européenne sans accord négocié avec Bruxelles. Le groupe Airbus y représente 15 000 emplois  sur plus de 25 sites. « Si la sortie du Brexit s’avère compliquée, le Royaume-Uni ne sera peut-être plus dans les destinations préférées des talents et ce sera bien dommage. »

 

69 % des talents français veulent quitter la France

Les Français sont plus mobiles (69 %) que la moyenne des talents dans le monde (57 %). Sans surprise, plus ils sont jeunes et diplômés, plus ils veulent partir à l’étranger. « Mais ce n’est pas une exception française car les jeunes diplômés allemands et américains ont aussi une forte envie d’aller voir d’ailleurs. »

 L’expérience à l’international comme étape incontournable d’une carrière semble rentrer dans les mœurs de ce début de 21ᵉ siècle. « Pour un Français, il est utile de choisir un pays où l’on puisse pratiquer l’anglais, conseille Delphine Chantôme, DRH de Flixbus. Moi-même, j’ai passé deux ans à Londres au début de ma vie professionnelle. » L’un des enfants de Thierry Baril a choisi d’étudier en Chine. « Je suis un peu coupable, sourit-il. Tout se passera là-bas dans les prochaines années. Je pense que son expérience aura vraiment du sens demain par rapport à d’autres séjours en Europe ou aux Etats-Unis. »

 

Les Français sont-ils pour autant plus nomades que les autres ?

« Ni plus, ni moins, remarque Fanny Potier. D’autres peuples ont beaucoup plus des fourmis dans les jambes et notamment des pays où l’on constate des hausses de plus de 10 points d’envie de mobilité comme le Vénézuela, l’Inde ou le Brésil. » Dans les pays du Golfe (Qatar, Emirats arabes unis, Arabie saoudite), la mobilité s’explique par le besoin de « développer sa carrière ».

 

On part pour enrichir son expérience perso et sa carrière… mais aussi pour le salaire

Le boost de salaire figure dans le Top 3 des raisons pour lesquelles les Français partent à l’étranger, « ce qui n’était pas le cas en 2014 », précise Fanny Potier. « Aller à l’étranger devient de plus en plus un projet personnel ou familial, nous le constatons chez Airbus, illustre Thierry Baril. La vie au travail est en train d’évoluer : l’expérience pro reste un élément important mais l’expérience perso qui consiste à aller vers d’autres pays, d’autres cultures, de vivre son expérience d’être humain ailleurs, devient absolument primordial. »

Qu’attendent les talents mondiaux des entreprises ?

Plutôt du développement de carrière et de la formation en Asie et en Amérique latine, une stabilité financière de l’employeur aux Etats-Unis, de bonnes relations avec le supérieur hiérarchique au Canada, en Israël… (voir slide à 15’00). « Les Français, mais aussi les Italiens, l’Espagne et la Grande-Bretagne se distinguent en mettant l’équilibre vie privée/vie pro en haut de leurs attentes », analyse Fanny Potier.

« C’est à l’entreprise de s’adapter aux candidats, d’être inventive et réactive pour attirer ces talents, affirme Thierry Baril. Même si on bénéficie d’un nom qui fait rêver, l’attractivité ne se décrète pas, c’est à nous de proposer ce qui va nous différencier. En particulier quand on décide de devenir attractif sur des métiers qui n’étaient pas les nôtres et qui sont ceux des Gafa – datascience, software, cybersécurité… Nous sommes sponsors de l’e-sport pour cette raison notamment (détails à 16’31 de la video).

« Ce qui attire chez Flixbus, c’est souvent le hasard ou un ami d’ami qui parle de l’entreprise, sourit Delphine Chantôme. C’est ensuite, quand on se renseigne sur Internet qu’on se rend compte que le modèle économique est intéressant. Je suis arrivé il y a 1 an pour cette raison d’ailleurs ! A la base, le produit ne paraît pas sexy, puisqu’on opère des bus, mais on est en réalité une entreprise de la tech. Ce qui attire aussi, c’est que nous offrons du challenge parce qu’on est sur un nouveau marché. »

Les points communs dans les recrutements Airbus et Flixbus ?

Chacune à leur échelle et dans leurs domaines, ces deux entreprises recrutent des profils digitaux et numériques.

Exemples de métiers Flixbus :

  • SEO Manager (pôle Marketing)
  • Business Development Manager (pôle Commercial/Business)
  • Product Owner (pôle Produits)
  • Financial Data Analyst (pôle Finances)
  • Business Intelligence Engineer (pôle R&D)
  • Agile Coach (pôle Produits)
  • Pricing & Yield Manager (pôle Commercial/Business)

Exemples chez Airbus :

Outre les métiers de l’ingénierie aéronautique traditionnels et ceux de la production, Airbus recrutera des compétences dites « émergentes » de l’ingénierie et du numérique (500 postes au total dont 250 en France ) comme par exemple :

  • Digital Design Manufacturing
  • Cybersecurity / IT Security Profiles
  • Network and IT Engineers( Ingénieurs réseaux et informatiques systèmes)
  • Digital Developers/ Software Engineering(Ingénieurs logiciel)
  • Embedded Software Engineers(Ingénieurs logiciel embarqué et architectes)
  • Data Analysts
  • Cloud Engineers (Customer Site Reliability Engineer,..)
  • Big Data Engineers (Development, Architecture, Platform Owner…)
  • API (Application Programmable Interface) = Architects, Developers
  • Internet of Things = Developers
  • IT automation specialists
  • Software architect and UX/UI designer (User eXperience, User Interface)
  • Engineering architects/ Industrial architect
  • Service architect
  • Robotics/maintenance/industrial systems simulation

 

 

* L’étude Global Talent BCG/The Network 2008 a été menée auprès de 360 000 personnes en recherche passive d’emploi dans 197 pays. Environ 31 % de diplômés.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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