Comment percevez-vous le marché de l’emploi en cette rentrée 2016 ?
[Extraits video ci-dessus - Texte de l'interview intégrale ci-dessous]
Christophe Catoir : Il s’améliorait au début de l’été. C’était d’ailleurs la première fois que les chiffres de Pôle emploi et du BIT (Bureau international du travail) concordaient pour attester une baisse du chômage en France. Néanmoins, cette baisse n’est pas encore portée de manière très nette par l’activité économique. Le deuxième trimestre a été compliqué : 0% de croissance après un beau +0.7% en début d’année. Mais force est de constater que l’ensemble des catégories d’âge sont concernées. C’est aussi la première fois que toutes les catégories sont concernées: autant les moins de 25 ans que les plus de 50 ans.
Certains secteurs qui ne recrutaient plus ou peu ont-ils à nouveau des besoins spécifiques ?
Oui certaines activités sont dynamiques comme la construction où l’on enregistre plus de 10% de croissance de l’intérim. Ce secteur a connu sa période de vache maigre après les autres et est en train de repartir après les autres. De plus, on constate à nouveau des tensions sur les postes d’encadrement dans le bâtiment. L’industrie automobile, qui a connu une belle année 2015, poursuit sur sa lancée. Beau fixe pour les cadres dans cette industrie et, fait nouveau, le recrutement est davantage axé sur les ouvriers qualifiés et les techniciens que sur les ouvriers non qualifiés, dû aux prémisses des montées d’automatisation dans les usines. Enfin le transport et la logistique tirent depuis deux ans les chiffres vers le haut. A la fois parce que le ecommerce se développe et que la forte saisonnalité de cette activité génère des embauches dans les plate-formes, mais aussi parce que les flux de marchandises restent relativement vifs en France. Ces trois activités tirent le marché vers le haut tandis que d’autres ont plus de difficultés. L’industrie métallurgique connait une forte concurrence chinoise, et ça se sent dans les effectifs intérimaires qui continuent de diminuer. D’autre part, les incertitudes dûes au Brexit impactent directement l’agroalimentaire français, le premier client de la France étant l’Angleterre.
Pensez-vous que l’intérim reste l’indicateur avancé du marché de l’emploi, qui prédit à 6 mois la tendance ?
L’intérim reste un bon indicateur, à condition que les évolutions soient franches. Depuis le mois d’aout 2015, l’intérim est reparti à la hausse avec une progression de +6,1% au deuxième semestre, que l’on n’avait pas connue depuis cinq ans. Néanmoins, l’interim n’a fait que 5,8% au premier semestre 2016. Alors que dans une phase de reprise, il prend 15 à 20%. On peut dire que c’est légèrement positif mais on ne peut pas parler de franche reprise.
Est-ce que François Hollande commencerait à gagner son pari sur l’inversion de la courbe du chômage ?
Sans parler du président, je dirais que les conditions sont plus favorables pour les jeunes. Pour les cadres, elles le sont encore plus. C’est à signaler car on n’en parle pas beaucoup. Le Syntec recrutement, Prisme emploi et l’Apec annonce des croissances à deux chiffres. Et l’Apec a même annoncé une reprise du même niveau d’avant la crise.
Est-ce que cet afflux d’offres se sent dans les filiales d’Adecco dédiées aux cadres ?
Oui car nos filiales Spring et Badenoch & Clark, qui portent les recrutements cadres, ont terminé l’année sur des croissances de 30 à 50%. Ce qu’on n’avait pas vu depuis 3 ou 4 ans. Et c’est encore le cas cette année car la rentrée s’annonce favorable.
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.