G. Rabel-Suquet (Manitou) : « Nous attirons des cadres qui veulent échapper à la "matrice" »

Sylvia Di Pasquale

Le DRH de Manitou détaille ses 25 recrutements de cadre notamment dans le digital, les achats et la logistique. Ambiance de travail responsabilisante, formations digitalisées et possibilités de télétravail en font un employeur qui attire des cadres à la recherche d’une organisation en pleine libération. Et séduits par la proximité de Nantes.

Interview intégrale retranscrite ci-dessous – Extraits de l'interview dans la vidéo ci-dessus.

Cadremploi : Vous venez d’organiser une Journée portes-ouvertes aux salariés et à leur famille au siège de l’entreprise à Ancenis.  Vous-même avez-vous fait votre baptême de nacelle ?

Guillaume Rabel-Suquet : je l’avais fait il y a un an et demi sur le site de Candé qui fabrique la plupart de nos nacelles. Mais ce week-end, j’ai laissé la place aux enfants de nos collaborateurs.

Chiffres clés Manitou Group

Leader mondial du marché des chariots de manutention tout- terrain

Fête ses 60 ans

20 filiales dans le monde, 8 sites de production sur 4 continents

1,3 milliards de CA

3200 permanents à travers le monde dont 1800 en France

Votre entreprise peut-elle encore innover sur des engins et des nacelles élévateurs ?

Oui, nous sommes toujours innovants. La preuve : la dizaine de brevets que nous déposons chaque année. Le dernier d’entre eux concerne la future cabine de nos machines, qui sortira très bientôt. Grace à cette innovation, nos conducteurs auront une meilleure vision en cabine.

 

Y-aura-t-il du digital dans ces cabines ?

Nous y venons.  Par exemple, le cadrant actuel sous forme d’aiguille pourrait devenir une tablette qui fournirait différentes informations numériques et permettrait d’en enregistrer.

 

Est-ce que vous connaissez l’ingénieur qui vous a permis de déposer votre dernier brevet ?

Nous avons environ 250 ingénieurs dans nos bureaux d’études. Une idée est développée par un équipe. Mais s’il faut donner un nom, je citerai Thierry, notre designer interne dans l’équipe de Concept Truck. Il fait de superbes dessins avec des lignes et des courbes absolument fabuleuses. Nos collaborateurs ont la passion des belles machines. Notre designer met de la rondeur sur nos machines et c’est aussi ce qui différencie Manitou de ses compétiteurs.

 

Quelle est la différence d’employeur de Manitou ? Pourquoi est-ce qu’on viendrait travailler chez vous et pas ailleurs ?

Manitou est un employeur profondément humaniste. Concrètement, nos équipes ont plaisir à travailler ensemble au quotidien. L’entreprise est à taille humaine, il n’y a pas 50 000 personnes. Chez nous, tout le monde se connaît. La grande difficulté lorsque vous arrivez c’est que tout le monde s’appelle par son prénom. Lorsqu’on parle de « Michel », vous ne savez pas de quel Michel on vous parle. C’est ça la singularité de Manitou avec ce côté humain, de proximité, cette passion et cette fierté partagées.

 

Vous venez de recruter un nouveau vice-président marketing et développement produits. Arnaud Boyer est ingénieur Centrale Marseille et il a fait un MBA à HEC. Comment réussissez-vous à attirer ce type de profil à Ancenis ?

Arnaud est typique des cadres qui nous rejoignent. Il travaillait dans une grande entreprise, du secteur de l’équipement/machine. Il a souhaité travailler dans une organisation plus humaine, plus petite, il voulait échapper à la « matrice ». Tourner le dos à ces organisations matricielles dans lesquelles on s’occupe d’un petit bout du sujet qu’il faut partager avec 50 personnes. Manitou lui propose ce qu’il cherche, à savoir la responsabilité de l’ensemble du marketing et du développement.

 

Et votre organisation le permet ?

Oui, car nous plaçons nos collaborateurs en situation de responsabilités dès le premier jour. Ils sont « en charge ». Ils ont un boulot qui fait sens, la responsabilité et l’autonomie qui vont avec. Avec l’équipe qu’ils gèrent, ils peuvent délivrer des plans d’actions, des améliorations, des réponses afin de répondre à notre clientèle.

 

Vous embauchez 200 nouveaux collaborateurs cette année. 50 CDI, 50 CDD, 80 stagiaires et 30 alternants. Combien de postes concernent les cadres en particulier ?

Environ 25 postes de cadres. Nous recherchons des profils très experts en achats, logistique, informatique et digital. Le comex de Manitou vient de valider la nouvelle feuille de route et la nouvelle organisation digitale. Début 2017, nous ouvrons des postes à des profils digitaux, dans le e-commerce et le data management. Comment utiliser les milliers de data que produisent nos machines dans le but d’améliorer la satisfaction de nos clients ? Ces nouveaux profils nous aideront à prendre de l’avance par rapport à nos concurrents sur nos marchés. Les offres seront publiées début janvier 2017.

 

Vous allez recevoir des candidatures spontanées…

Volontiers ! Nous leur ferons découvrir l’expérience Manitou en attendant qu’ils nous rejoignent début janvier.

 

Manitou est emplanté en Europe du Nord, du Sud, les Amériques (avec une récente implantation au Brésil) et également en Asie. Dans quel pays conseilleriez-vous à un jeune de commencer ?

A Singapour ou au Brésil. D’ailleurs, l’un de nos jeunes alternants à la DRH est en train de faire ses valises pour partir à Singapour pendant 2 ans en tant que VIE. C’est un pays qui a de la croissance, il y a des choses à développer et nous avons besoin d’y renforcer notre politique RH. Il y a une vitalité et une culture extraordinaire en Asie et il faut y être.

La deuxième destination est le Brésil, qui est au creux de la vague aujourd’hui mais qui va redécoller. C’est à ce moment qu’il faudra être présent donc c’est maintenant qu’il faut y aller.

 

Vous n’avez que 21% de femmes chez Manitou, pourquoi pas davantage ?

C’est vrai mais ce taux cache des situations contrastées : 41% de femmes parmi les employés, 37% chez les cadres, mais seulement 10% chez les ouvriers.  L’industrie est toujours associée à la pénibilité alors que les temps ont bien changé. Par exemple, concernant le port de charge, on ne porte pas plus de 7kg (ce qui correspond à un pack de lait) donc même les femmes peuvent le faire.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

Vous aimerez aussi :