Cadremploi : Acheter une voiture sur internet, sans l’avoir essayé, ça marche depuis 14 ans chez Aramisauto ?
Nicolas Chartier : « Oui ça marche ! Et on peut même l’essayer puisqu’en réalité, c’est satisfait ou remboursé. On a 15 jours ou 1 000 km pour pouvoir la ramener, c’est même l’essai le plus long du monde ! En moyenne, nous faisons entre 20 et 30 % de croissance par an depuis le lancement de l’entreprise.»
Votre succès, vous le devez aussi à vos équipes, dont vous dites qu’elles sont « pros, sympas et motivées ». Comment le mesurez-vous ?
« Avec mon associé Guillaume Paoli, être "pro" et "sympa", c’était la manière dont nous résumions dès le lancement du site ce que nous voulions être. Car une start-up c’est souvent très sympa, mais pas toujours très pro. Or nous voulions offrir à la fois la rigueur d’une organisation et une ambiance sympa. Nous le mesurons au travers d'un baromètre réalisé en interne et d'un autre réalisé par l’Institut Great Place To Work. Nous avons figuré deux années de suite au palmarès des entreprises où il fait bon travailler. »
Comment gardez-vous vos salariés motivés ?
« Tout d’abord, nous travaillons avec des personnes dotées d’un état d’esprit d’entrepreneurs, intéressées par un projet, énergiques, dynamiques et positives. Ensuite, en termes de communication interne, nous sommes extrêmement transparents sur la stratégie de l’entreprise : nous partageons absolument tout avec nos salariés, il n’y a pas de secrets. Tous les mois, Guillaume et moi faisons une réunion d’un quart d’heure, qui est diffusée sur YouTube en interne, où nous présentons tous les résultats, quels qu’ils soient. Les salariés peuvent même nous poser des questions en direct via notre réseau social et nous répondons à chacune d’elles. Même si les questions ne sont pas sympas… Nous acceptons le fait d’être challengés, parce que nous savons qu’il y a toujours à améliorer dans la gestion des ressources humaines.»
Dans vos plaquettes, vous affirmez « avoir des valeurs communes sur lesquelles nous ne transigeons pas ». Quelles sont ces valeurs ?
« Nous avons monté la société sur un contrat de confiance. Au tout début de l’entreprise, Guillaume et moi n’avions rien du tout, sauf une grande confiance entre nous et des valeurs communes, ce qui fait que nous avons réussi à rester ensemble pendant si longtemps, et à emmener avec nous autant de monde. Petit à petit, en faisant venir des collaborateurs, nous avons voulu préserver cet état d’esprit. Il y a environ trois ans de cela, nous avons questionné nos employés, via le réseau social de l’entreprise, sur ce qu’étaient pour eux les valeurs d’Aramisauto. Trois valeurs ont émergé qui sont : ambition, confiance et engagement. »
Faut-il être ambitieux pour entrer chez Aramisauto ?
« Il faut surtout vouloir partager une ambition commune, comme d’être la solution préférée du consommateur pour changer de voiture. Pour avoir des collaborateurs qui soient eux-mêmes ambitieux, c’est à nous de les aider. L’ambition, c’est quelque chose qui va dans les deux sens finalement, des collaborateurs à l’entreprise, et de l’entreprise aux collaborateurs.»
Lorsqu’un salarié est recruté, vous lui offrez un livre « S’organiser pour réussir, la méthode GTD » de David Allen, qui est le gourou de l’organisation personnelle. Pourquoi ce livre ?
« Nous avons constaté que des conseils en matière d’organisation personnelle étaient d’une grande aide dans nos univers où il y a beaucoup de travail, beaucoup de flux d’informations, beaucoup de choses à livrer. Les gens structurés et organisés arrivent à être beaucoup plus performants que d’autres. Cela s’apprend. Offrir ce cadeau à nos collaborateurs leur permet de franchir énormément d’obstacles dans leur vie professionnelle. Nous avons commencé avec quelques collaborateurs il y a 6 ans. Et vus les résultats, notre service formation l’a étendu à d’autres. Ce n’est pas obligatoire, mais nous le proposons à tous.»
C’est un peu comme une religion chez vous ?
« Non, je n’irais pas jusque-là. Nous sommes vigilants à ne pas en faire précisément une religion. on peut tout à fait réussir sans, et ce n’est pas indispensable.»
Vous pratiquez l’actionnariat salarié. Sous quelle forme ?
« Il y a 10 ans, nous avons commencé à distribuer des actions gratuites. Nous avions une trentaines de salariés, essentiellement des cadres. Depuis nous en avons distribué régulièrement. Et puis il y a eu des modifications législatives, ce qui fait que nous avons arrêté il y a quelques années. Mais la nouvelle Loi Macron va nous permettre de recommencer. Et nous pourrons l’ouvrir à d’autres salariés. »
Continuez-vous à embaucher ?
« En 2016, nous recruterons entre 50 et 100 personnes. Des conseillers et des managers commerciaux, notamment pour nos points de vente. Qui sont de véritables business unit offrant, pour de jeunes managers bac +2 à bac +5 avec un fort dynamisme commercial, des postes très intéressants. Au siège nous recrutons beaucoup sur les parties techniques IT et big data des data analyst et des data scientist, ainsi qu’au marketing. »
Est-ce qu’il y a des fonctions sur lesquelles vous avez du mal à recruter ?
« Non pas vraiment, si on a du mal à recruter, c’est qu’on s’y est mal pris. Il me semble que nous sommes assez attractifs pour les profils que nous recherchons. En général, lorsqu’ils viennent chez nous, ils sont conquis.»
Combien de temps dure en moyenne un recrutement , entre le moment où vous rédigez la fiche de poste et le moment où la personne arrive ?
« Cela dépend des profils et des moyens que nous mettons en œuvre. Cet été nous avons recruté une vingtaine de conseillers commerciaux pour notre site de Rennes en moins de 6 semaines. Et sur des postes de cadres, cela peut durer entre 6 et 10 semaines.»
Vous offrez une "journée de découverte du poste" aux candidats. À tous les candidats ?
« Pas nécessairement mais à une grande partie des candidats. En particulier sur tous les jobs opérationnels, comme les conseillers commerciaux. Cette journée leur permet de se rendre compte de ce qu’est vraiment l’entreprise et de la façon dont nous vivons ensemble. Par exemple sur un poste de conseiller commercial, on vend des voitures, mais c’est très différent de l’ambiance que l’on peut avoir dans une concession. À la fin de cette journée découverte, le candidat peut nous dire si le poste l’intéresse ou pas.»
Est-ce que vous avez une question fétiche en entretien d’embauche ?
« J’en avais une que je ne pose plus assez. Je demandais aux candidats quelles étaient les trois personnes qu’ils admiraient le plus. Ses choix reflètent les valeurs du candidat, ce qu’il va rechercher, le type de personnes avec qui il aime travailler…»
Le président de Cisco, l’Américain John Chambers, a fait une véritable déclaration d’amour à la France qui est selon lui « en train de se transformer en profondeur ».
Êtes-vous d’accord avec lui sur les atouts de notre pays ?
« Oui, et il n’est pas le seul à le penser. Il y a des entrepreneurs français dont on parle beaucoup, comme le patron de Sigfox, celui de Criteo, comme Frédéric Mazzella de Blablacar, pour ne citer qu’eux. Nous ne voulons pas participer au french bashing. Développer une entreprise en France, ce n’est pas pire qu’en Europe ou ailleurs. Il y a des avantages et des inconvénients. Ce qui est certain, c’est que nous disposons en France de ressources extraordinaires en matière de formations, en particulier pour les sujets dans le digital. Nous allons régulièrement dans la Silicon Valley et nous n’avons pas du tout à rougir par rapport à eux. Il faut être positif. »
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.