Christian Charpy : la tête de l'emploi

Christian Charpy quittera le Pôle emploi en fin d'année. Ce magistrat de la Cour des comptes a été nommé il y a trois ans pour fusionner l'indemnisation et l'accompagnement des chômeurs autrefois pris en charge séparément par l'ANPE et les ASSEDIC. Dans un livre intitulé La tête de l'emploi, il raconte trois années de fusion, coincé qu'il était entre des partenaires sociaux attachés à leur pouvoir, des ministres soucieux de ne pas faire de vague et des personnels plus ou moins convaincus de réaliser le changement.

Les heureux n'ont pas d'histoire, dit-on souvent, on pourrait aussi bien le dire des gens sérieux. Christian Charpy, qui dit apprécier une forme d'humour distanciée chez les collaborateurs qu'il recrute, reste un haut commis de l'Etat entièrement dédié à sa tâche.

Plus techno, tu meurs... Il a été dit ici ou là que son livre était un règlement de comptes, il faut vraiment l'écouter attentivement pour s'en apercevoir même si le livre décoche quelques flèches, c'est d'abord un récit sur une mutation. À vrai dire, le patron de Pôle emploi ne règle pas de comptes, il dit dans ce livre comment il a réformé au pas de charge, sans le véritable soutien du politique, sans un véritable accompagnement syndical et dans un contexte de crise économique grave.

Il faut lire son livre pour se faire une idée du travail qu'a conduit ce manager public avec ses équipes et le comparer à sa prise de parole parfaitement ordonnée. Le langage technocratique se distingue de la langue de bois en ce sens qu'il ne laisse pas prise à la polémique ou la critique. Je vous défie de n'être point d'accord avec ce qui est énoncé par Christian Charpy, il parle le langage d'une administration à la française sérieuse, dévouée, cherchant l'intérêt général et pourtant, et pourtant... Quelque chose manque, quelque chose manque qui n'échappe d'ailleurs par à Christian Charpy.

Lorsqu'on l'interroge à la fin sur le défaut qu'il n'a pas, il énonce "la dissimulation" et quand on le questionne sur la qualité qui lui manque, il avoue : la capacité de convaincre. C'est peut-être ce qui lui aura le plus manqué durant les 3 années qu'il a passées à la tête de pôle emploi.