Jeannette Bougrab : le stage relève presque du délit d'initié

Jeannette Bougrab... sur le Bloc Notes de David Abiker

Libre

Frondeuse

Souriante

Atypique...

Impression générale

Jeannette Bougrab, juriste, ex présidente de la Halde, Secrétaire d'Etat à la Jeunesse et à la Vie associative, n'a pas adopté les codes traditionnels de communication d'un ministre. Discuter avec elle conduit nécessairement sur des chemins de traverse.

Celle qui a été tancée deux fois en un an par François Fillon (pour avoir dit que Moubarak devait quitter le pouvoir en Egypte et pour avoir affirmé très récemment que l'islamisme modéré n'existait pas) intrigue. Ministre sans moyens, elle en est réduite à confier ses interrogations sur un système qui discrimine les jeunes à l'embauche, sur l'obtention du stage qui relève en France du quasi "délit d'initié" tellement les fils d'archevêques sont pistonnés.

La ministre s'interroge également sur le système scolaire et l'orientation qu'elle considère assez peu à l'écoute des attentes des jeunes gens scolarisés : "Pourquoi envoyer en comptabilité des jeunes qui demandent à faire de la mécanique ?". Jeannette Bougrab semble marquée par son expérience personnelle. Après un premier souvenir d'entretien où elle a le sentiment d'avoir été discriminée pour un job de femme de ménage dans un hôpital, elle revient sur une indépendance dont elle est fière, conquise après des études de droits et grâce à une nomination au Conseil d'Etat en 2007 par... Nicolas Sarkozy.

Son statut de maître des requêtes lui permet de dire ce qu'elle pense, y compris dans l'exercice de ses fonctions ministérielles, sans risquer le chômage. Elle parle sans langue de bois des blocages qui minent l'embauche des jeunes, elle prend ses distances avec l'idée d'un uniforme à l'école et semble déjà rêver d'autre chose après une expérience ministérielle où elle avoue d'emblée ne pas avoir eu les moyens financiers de la mission qu'on lui a confiée.

Jeannette Bougrab en entretien c'est un mélange de détachement (la vie est ailleurs) et de convictions fondées sur une méritocratie qui, à l'entendre, est bien menacée. Face à cette femme en poste mais qui rêve à d'autres horizons professionnels, et qui se demande "Qu'est-ce qu'on attend ?", on se surprend à se demander : "Qu'attend Jeannette Bougrab pour agir autrement, ailleurs."