Jean-Luc Mélenchon... sur le Bloc Notes de David Abiker
Littéraire
Enthousiaste
Un poil cabot
Cultivé
Psychologue
Affectif
Impression générale
Parce qu'il parle haut et fort au monde du travail et qu'on le voit souvent à la sortie des usines, on croit que Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à l'élection présidentielle, n'a rien à dire aux cadres. C'est une erreur.
Prenant le monde du travail à ses propres mots, le candidat du Front de gauche soutient que le cadre sera aux avant-postes de la révolution citoyenne qu'il appelle de ses vœux. Les cadres conduiront le changement. Pas n'importe lequel. Ils conduiront le changement de système. Excédés par le chômage, mettant en cohérence ce qu'ils pensent du monde d'aujourd'hui et ce qu'ils doivent en faire aux postes de responsabilités qui sont les leurs, les cadres feront la révolution.
Rhétorique post-marxiste ? Pas si sûr. Jean-Luc Mélenchon a parfaitement compris que les ouvriers ne sont pas son électorat exclusif. Il sait que les cadres fragilisés, ces désabusés de la classe moyenne, sont sensibles à son diagnostic et à sa façon de l'énoncer. Aussi s'adresse-t-il à eux quand il explique : « La tâche que nous avons, nous, les dirigeants politiques ou économiques, c'est qu'il faut que nous ralentissions pour maîtriser ». Et Mélenchon va plus loin. Convaincu que nous sommes dans une période révolutionnaire, il estime que les cadres assureront la transformation de la société capitaliste à bout de souffle.
Disant cela, le candidat à l'élection présidentielle suggère à ceux qui sont séduits par son énergie et sa culture politique qu'il est en phase avec le diagnostic désabusé qu'ils portent sur le monde du travail. A eux, Mélenchon ne promet pas des lendemains qui chantent ou du travail, il promet qu'ils seront acteurs du changement, le vrai.
Pour le reste, Jean-Luc Mélenchon revient sur les mesures qu'il prendra pour contrôler la finance, inscrit ses propositions dans une logique très industrielle et pas vraiment tournée vers l'économie tertiaire qui domine aujourd'hui. Ses idées pour l'emploi consistent principalement en une réforme de la formation professionnelle qui faciliterait l'action de Pôle emploi. En fin d'entretien, il reviendra sur ce jour où on lui a refusé un CDI avec ce sentiment d'avoir été discriminé. Depuis, le jeune journaliste a fait son chemin et vise non plus un CDI mais un nouveau contrat social.
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David Abiker a animé l'émission « On revient vers vous » diffusée sur Cadremploi.fr entre 2009 et 2013. Auparavant, il a été DRH, puis a travaillé dans la communication et la formation avant de signer plusieurs essais et romans. Il est désormais journaliste et chroniqueur radio, TV et presse.