Luc Chatel : "J'ai répété 10 fois mon entretien avec Sarkozy"

Luc Chatel...sur le Bloc Notes de David Abiker

-Poli

-Policé

-Polyactif

-Méthodique

-Souriant

-Pondéré

-Vigilant

-Faussement cool

Impression générale

De son expérience chez L'Oréal, Luc Chatel a gardé les mots et l'expertise du DRH. Avec 850 000 profs dont il faut gérer la carrière et la rémunération, l'Education nationale est un enjeu RH immense. Discours maîtrisé, policé, presque cosmétique, on retrouve ici la mécanique souriante et bien huilée du politique qui sait ne pas en dire trop tout en laissant la porte ouverte, comme on dit en fin de réunion avec les partenaires sociaux...

Utile pour éviter les vagues et négocier avec les syndicats d'enseignants. Chatel convient par ailleurs que son ministère a échoué en matière de motivation, il sait qu'on ne fait pas de grande chose d'un seul coup expliquant qu'il ne croit pas aux Grands Soirs de la réforme. Alors il brode, reçoit, dialogue, choisit le rythme lent pour faire bouger les lignes. J'ai bien aimé son expression "les bijoux de la couronne" pour parler des profs. C'est une formule mais il y a dedans une part de vérité.

L'ADN de l'Education nationale, c'est le prof, et Chatel ne l'oublie jamais. Recruter ces mêmes profs à Pôle emploi ? ça n'est pas un constat d'échec mais juste un moyen d'assurer le remplacement des absents à 100 %. Cette méthode a sans doute été mal comprise donc mal vendue... La diversification de l'origine professionnelle des profs ? Il estime que c'est l'avenir.

Côté politique, il y a de la spontanéité maîtrisée chez le ministre quand il évoque avec gourmandise l'entretien qui l'a conduit à proposer à Nicolas Sarkozy un secrétariat d'Etat à la consommation. Il y a de l'envie quand il s'agit d'imaginer le job d'après - président du PSG ! Il y a aussi une forme de fierté à avoir eu un vrai métier avant de s'engager dans la carrière politique (sur les conseils de Gérard Longuet). Instant curieux, il sèche quand on l'interroge sur la qualité qu'il n'a pas. Surprenant pour un homme qui dit juste avant ne pas avoir la grosse tête.

Bref, nous avons-là affaire à un cadre à haut potentiel de l'entreprise Sarkozyste, un de ces nouveaux entrepreneurs politiques, habiles à communiquer, capable d'intégrer le discours du privé dans la présentation d'une politique publique. D'autres parleront d'un habile carriériste. Se rappeler enfin pour comprendre "l'animal" qu'avant d'entrer en politique Chatel fut à la fois syndicaliste étudiant et patron de la junior entreprise de la Sorbonne. C'est peut-être ça un candidat doté d'une double culture.