Marc Dugain : le recrutement c'est violent

Marc Dugain...sur le Bloc Notes de David Abiker

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Ponctuel

Ne se livre pas facilement

Pondéré

Travailleur

NB : C'est le problème des romanciers, ils doivent être imaginatifs, talentueux, inspirés mais ça, ça ne se juge pas pendant un entretien, mais en lisant leur livre. Donc ces qualités là, je vous laisse le soin de les attribuer à Marc Dugain si vous lisez ses livres.

Impression générale

Il ne faut pas confondre culture d'entreprise et culture dans l'entreprise. Le romancier Marc Dugain l'a compris après une carrière dans la finance puis dans le transport aérien. La semaine dernière nous recevions un philosophe, Charles Pépin, qui nous expliquait que les cadres avaient envie de concept, de réflexion, d'intelligence.

Cette semaine, nous avons rendez-vous avec un homme qui nous confie avoir recherché cette culture et cette intelligence dans l'entreprise. Marc Dugain a aimé être recruté par des hauts fonctionnaires brillants, il a apprécié pouvoir parler de Godard avec son premier patron, il nous a dit être incapable de négliger ses lectures, ses sorties au profit des entreprises qu'il a dirigées.

Dans sa façon d'évoquer les qualités du candidat, il a laissé percer son goût pour les gens qui voient les choses non pas en grand mais en large, pour ceux qui savent analyser un contexte, une perspectives, bref, Marc Dugain s'est toujours défié des esprits étriqués, il a toujours redouté le syndrome de l'ingénieur. On le soupçonne de leur avoir préféré les littéraires. Il est même allé jusqu'à avouer qu'il s'ennuyait avec ses ex associés.

En parlant ainsi, Marc Dugain parle à chacun d'entre nous. Car il y a en chacun un homme ou une femme en quête de sens et qui voudrait un jour que sa vie professionnelle aille aussi à l'essentiel ou soit plus créative, que les réunions de travail ne ressemblent pas à celles de Caméra Café, que les relations entre collaborateurs soient plus profondes, plus riches et ne soient pas le jeu de rôles que pointe Marc Dugain. Nous avons tous en nous un petit quelque chose de Marc Dugain qui nous chuchote à l'oreille « Et si j'écrivais ? » « Et si je partais plus tôt du boulot pour aller au cinéma ? » « Et si j'osais parler à mon boss de ma passion pour la peinture ? ».

A sa façon Marc Dugain nous rappelle que le boulot ne satisfait jamais notre quête de sens. On comprend donc que l'auteur de L'insomnie des étoiles, de La malédiction d'Edgar ou de La chambre des officiers ait laissé derrière lui sa vie de PDG pour devenir romancier et écrire tout ce qu'une vie de bureau ne permet pas de voir éclore. On comprend mieux aussi pourquoi certains d'entre nous peuvent avoir envie de l'imiter, parfois, quand vient le blues aux abords des photocopieurs.