Il propose des CDI, ils préfèrent des CDD

Sylvia Di Pasquale

Implantée en Haute-Normandie, sa petite entreprise a retrouvé son volume d'affaires d'avant-crise. Mais ce dirigeant peine à attirer des candidats en contrat à durée indéterminée

 

Il se bat contre les vents normands et les marées de la Manche. Pour développer son usine de fabrication de cloisons sur-mesure et continuer d'embaucher. « Mais c'est difficile, » convient Guillaume Loth Demay, directeur général de SIC Solutions, implantée en Haute-Normandie. Pas à cause du climat, ni de ses commandes - elles ont retrouvé leur niveau d'avant la crise -, mais de ses problèmes de recrutement liés à son éloignement des bassins d'emploi. « à 70 kilomètres de Rouen, on est trop loin pour les cadres et les agents de maîtrise qui y vivent. » Pour l'embauche d'ouvriers, il se heurte à un autre frein : « la prime de précarité à la fin des CDD ». Un détail ? « Pas vraiment. En décembre dernier, trois salariés en CDD à qui je proposais un CDI ont refusé pour pouvoir toucher cette prime de 10 %. » Ils préféraient cumuler d'autres contrats à durée déterminée pour gagner plus.

 

Emplois non délocalisables

Alors, lorsque l'on évoque avec lui les 150 000 emplois qui devraient être créés dans l'industrie cette année, lorsqu'il observe l'action gouvernementale récente, cette « Semaine de l'industrie » destinée à sensibiliser le public et les candidats potentiels aux entreprises comme la sienne, il sourit. « Les intentions d'embauches, j'y crois, puisque je fais partie des entreprises qui recrutent. Quant à la Semaine de l'industrie, pourquoi pas. Mais je n'y participe pas. » Pas le temps. Il laisse les plus grandes entreprises convaincre que l'industrie française n'est pas morte, ni totalement délocalisée. « Surtout pas dans des boites comme la nôtre. On fabrique des cloisons sur-mesure pour l'industrie. C'est lourd, et ça coûte cher en transport. » Impossible à rentabiliser en Chine.

 

Apprentis appréciés

D'autant qu'avec la reprise, les clients sont de plus en plus pressés d'être livrés. D'où l'importance pour Guillaume Loth Demay de disposer d'un personnel réactif et opérationnel. D'où son appétence pour l'apprentissage. « C'est un système qui nous permet de former des jeunes qui sont parfaitement opérationnels à la fin de leur alternance. Et nous offre des exonérations de charge non négligeables. Le seul bémol, c'est qu'un apprenti n'est présent que 60 % du temps.» L'un de ses apprentis vient d'être embauché, et quatre autres devraient l'être à l'issu de leur cursus. « Enfin, je l'espère. »

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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