Ce serait un faux problème. « Le chômage des jeunes n'est pas plus élevé en France que dans la plupart des pays d'Europe ». Selon Eric Heyer, il serait même en deçà du taux moyen de chômage français, tous âges confondus, « avec 8 % seulement », au lieu de plus de 9 % pour l'ensemble de la population.
Un chômage des jeunes dans la moyenne européenne
Mais comment cet économiste, directeur adjoint au département analyse et prévision de l'Observatoire Français des conjonctures économiques, parvient-il à un tel résultat, alors que le chiffre communément admis table plutôt sur un quart des jeunes de moins de 25 ans sans emploi ? « Ces 25 % de chômeurs sont calculés sur la totalité de ceux qui sont sortis de la scolarité. Or, la France est un cas particulier dans ce domaine. A moins de 25 ans, seuls un tiers d'entre eux ont achevé leurs études, ou y ont renoncé. En Allemagne, ils sont un sur deux. Du coup, si l'on divise le nombre de demandeurs d'emploi de moins de 25 ans par celui du nombre de jeunes de moins de 25 ans, on obtient un taux d'environ 8 % seulement, soit la moyenne européenne. »
Pénalisés dans 40 ans
Il n'en reste pas moins qu'ils restent une catégorie fragilisée et qu'il faut tenter de leur trouver un emploi. « Le problème, c'est que le chômage c'est comme une file d'attente. Si l'on fait passer ces fameux jeunes devant, cela décale d'autant les chances des autres populations sur le marché de l'emploi ». Sauf que les juniors deviendront un jour des seniors et des candidats à la retraite. S'ils ne travaillent pas aujourd'hui, ils n'auront pas cotisé suffisamment dans une quarantaine d'années. « Je crois que c'est sur ce point précis que l'on peut aider les jeunes : en leur ouvrant le compteur de la retraite coûte que coûte et tout de suite ». Et l'économiste de suggérer de développer d'avantage les emplois aidés pour ces jeunes : « les cotisations restent faibles, mais au moins, elles existent.»
Inflation de contrats très courts
Des emplois qui n'ont qu'un temps, comme la plupart des contrats de travail, tous âges confondus, signés au cours de l'année 2010. « L'an passé, 65 % des contrats signés avaient des durées de moins d'un mois, ils ne représentaient qu'un tiers en 2000.» Une situation qui, selon Eric Heyer, ne devrait pas s'arranger à court terme. « Faute de croissance suffisante, on ne pourra pas absorber tous les nouveaux entrants sur le marché du travail. Le chômage devrait donc perdurer. Car il reste un potentiel de suppressions d'emplois non négligeable, notamment dans l'industrie et la construction. »
Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr et Figaro Economie - 14 février 2011
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