Amiral Lajous : "Management et commandement sont compatibles"

Sylvia Di Pasquale

Elu DRH de l’année 2012, l’amiral Lajous jette des ponts entre les pratiques managériales des grandes entreprises et celles de la Marine. Il doit embaucher 3000 recrues cette année.

Surtout, ne lui parlez pas de ressources humaines. « Richesses humaines, ou raretés humaines, d’accord, mais un être n’est pas une ressource.» L’amiral Olivier Lajous, qui dirige le personnel de la Marine nationale, vient pourtant d’être désigné DRH de l’année 2012 par un jury d’homologues exerçant dans de grandes entreprises.

De l'audace

« Il leur a fallu de l’audace », sourit-il. Pour récompenser un autre monde, et surtout une autre pratique. Un monde, celui de l’entreprise, où l’on ne pratique pas le commandement mais le management. « Les deux ne sont pas incompatibles. Le management consiste à expliquer au long cours, à donner du sens. Le commandement, c’est dans l’action. L’armée, comme l’entrepris, en ont besoin, dans certaines circonstances. Vous ne commanderez bien que si vous avez bien managé avant.»

Sa récompense, il la doit à ses convergences. « Comme les entreprises, nous devons détecter les bons talents, les former, les reclasser… Mais nous avons aussi le dialogue social en commun. Il est très poussé chez nous. » Même s’il est rebaptisé « concertation ». « Nous restons en permanence à l’écoute de nos marins. Et nous avons le souci de les accompagner. Les marins, bien sûr, mais aussi leurs familles. »

Car la vie en mer implique la promiscuité pour les uns et l’éloignement de plusieurs mois pour leurs proches. Une donnée qui n’est pas sans poser quelques soucis à l’amiral recruteur. « J’ai tous les candidats nécessaires pour les postes à terre. Beaucoup moins pour ceux qui s’exercent en mer. » Cette année, il est à la recherche de 3 000 nouveaux marins, au port ou sur les flots. Voire en-dessous, dans les sous-marins. « Ce n’est pas évident de se retrouver enfermé à 300 mètres sous le niveau de la mer avec une centrale nucléaire. »

3000 nouveaux marins

Alors, ses recruteurs vont à la rencontre des jeunes partout en France. A ceux qui ont le goût du large, il ordonne « d’aller au bout de leurs rêves ». A ceux qui ne jurent que par l’ascenseur social, il intime de prendre « l’escalier social. Celui qui se gravit marche après marche ». De laisser du temps au temps. Le temps d’un voyage en bateau, pas en avion à réaction.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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