Au Club Med, l'ascenseur social n'est pas en vacances

Sylvia Di Pasquale

Malgré la montée en gamme du Club Med, le recrutement des non-qualifiés ne fait pas relâche. Le manque de diplôme est compensé par la formation interne.

L'un des DRH du Club Med l'avoue lui-même : c'est un pari. « Celui d'ouvrir un nouveau site à Valmorel en décembre prochain et de recruter plus que l'an passé. » 5000 saisonniers sont attendus pour animer les villages localisés en Europe, Afrique et Moyen-Orient. Olivier Rozier aux commandes des RH pour la France, le Portugal, l'Ile Maurice et les croisières, ne s'en cache pas : « ils occuperont de nouveaux postes, mais remplaceront aussi la moitié des GO qui ne reviennent pas d'une saison à l'autre. » Un turnover de 50% assumé, comme une règle tacite du Club. Forcément ? « Chez nous, un salarié sur six est en CDI. » Une minorité d'anciens GO évolue en interne. Les autres ? Pour eux, le Club est une étape pour rebondir ailleurs, « ce qu'ils réussissent parfaitement à faire, » selon Olivier Rozier, qui préfère « soigner l'employabilité ».

Sélection sur la sur-motivation

Bien sûr, il cite Nicolas Canteloup et Patrick Bruel parmi ses modèles de réussite de la reconversion spontanée, mais il ajoute aussitôt les milliers d'anonymes recrutés selon des méthodes maison, formés en interne, et parfaitement insérés dans d'autres entreprises. Comme si le Club était, au-delà d'une simple usine à vacances, une machine à intégrer, un ascenseur social, recrutant des non-diplômés à condition qu'ils soient sur-motivés. Comme cette centaine de jeunes de banlieue ou tous les autres venus de toute la France. « On reçoit 55 000 candidatures par an pour 100 métiers différents. » Certains n'exigent aucun diplôme, d'autres nécessitent des brevets d'Etat. « C'est malheureusement de plus en plus souvent le cas, » déplore Olivier Rozier. Pas une raison pour tourner le dos aux non-qualifiés. « Lorsque c'est possible, nous les formons nous-mêmes, en alternance ou en formation continue », afin qu'ils décrochent un CAP d'auxiliaire de puériculture ou des brevets de moniteurs sportifs.

Montée en compétences

Reste que la montée en gamme actuelle du Club Med nécessite une montée en compétences des GO. Pas toujours compatible avec le recrutement sans diplômes. « Non, il reste toujours d'actualité. Nos critères de sélection se durcissent, pas forcément le niveau de formation exigé.» Des critères de plus en plus stricts pour détecter non pas le bon cursus scolaire, « mais l'ADN du Club chez le candidat ». L'avoir ou pas, c'est ce que tentent de déterminer, d'abord au téléphone, puis de visu, des recruteurs eux-mêmes anciens GO. Des méthodes très normées qui n'empêchent pas une candidature d'être traitée en une semaine chrono. Un record que doivent envier nombre des confrères d'Olivier Rozier.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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