« Passés dans le public, les ex-cadres du privé ne le regrettent pas »

Sylvia Di Pasquale

Primes, formations à l'innovation, suivi individuel des carrières... Le secteur public s'inspire de plus en plus des pratiques managériales du privé. Spécialiste de ces transformations, Gilles Bonnenfant explique au Club emploi comment les cadres du privé passés dans le public y trouvent leur compte.

C'est son cheval de bataille. Gilles Bonnenfant alimente les DRH du secteur public en s'inspirant des pratiques du privé. « Bien sûr, il faut les adapter. » C'est l'un des rôles de ce directeur associé chez Eurogroup Consulting qui accompagne les grands programmes de transformation des administrations françaises, que ce soit les ministères de la Défense ou de l'écologie, des hôpitaux ou des collectivités territoriales.

Des encadrants formés à innover

Tout un programme que ces grands programmes, puisqu'ils placent l'innovation au cœur du dispositif. Et le consultant est convaincu que les agents des établissements qu'il conseille ont en eux cette fibre de l'innovation, « en tous cas, on est sur un bon rythme ». Pour l'accélérer, il a ses trucs. Comme ces Rencontres de la transformation publique que son cabinet organise avec la DGAFP* et auxquelles sont conviés des cadres du public. La dernière en date traitait du management de l'innovation. Pour pousser notamment les cadres à innover plus, l'Etat utilise certains outils inspirés des pratiques du privé, comme les primes, les formations ou une gestion des carrières plus individualisée.

Attirer des cadres du privé

Au passage, ces dispositifs rassurent ceux qui peuvent aider la fonction publique à faire sa révolution innovante : les cadres transfuges. Ces cols blancs qui délaissent la sphère privée pour les ors des ministères ou les palais des collectivités territoriales. Des cadres difficiles à convaincre car le CDD est de mise sans que le salaire ne grise. « Mais les primes aidant, la différence s'amenuise. En plus, l'intérêt des projets est un argument fort. » Et Gilles Bonnenfant de citer l'exemple de ce DRH, venu du privé vers le ministère de la Défense. « Charge à lui de réformer la gestion de carrière de 400 000 militaires. » Pas simple. « Mais ça marque une carrière. » Une fois sa (lourde) tâche accomplie, il est possible que l'homme s'en aille voir ailleurs. Ou pas.

Experts du privé wanted

Réduction des finances publiques oblige, l'Etat ne remplacera pas un fonctionnaire sur deux. Masi il continuera néanmoins à recruter de l'ordre de 35 000 personnes par an, notamment en CDD ou en CDI des expertises qui n'existaient pas dans le public jusqu'à présent. Par exemple, des directeur des achats pour réformer les méthodes d'achat de l'hôpital public. Ceux venus de l'automobile sont très appréciés. L'Etat a aussi besoin de juristes, de communicants, de directeur de systèmes d'information venus du privé, « dans une logique d'aller plus vite dans l'apprentissage, donc de recruter des experts de leur secteur. » Gilles Bonnenfant trouve vertueux d'insuffler ce sang neuf du privé dans le corps de l'Etat. « Privé et public doivent s'inspirer l' un l'autre. » Même si, jusqu'à présent, les méthodes de management, d'innovation ou de gestion ont peu inspiré les opérateurs du privé.

* Direction générale de l'Administration et de la Fonction publique

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr - 7 novembre 2011

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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