« Chaque emploi perdu, c'est un emploi créé ailleurs »

Sylvia Di Pasquale

Invité du Club emploi alors qu'il vient tout juste de quitter son fauteuil de président d'Essilor, Xavier Fontanet défend la planétarisation de l'entreprise et la TVA sociale.

 

Chantre de longue date de la mondialisation, il est devenu celui de la TVA sociale, même si le terme ne lui convient pas. « Et ce n'est pas de fraîche date, voilà 20 ans que je la réclame, plaide Xavier Fontanet, tout récent ex-président d'Essilor. Dans une ambiance de mondialisation, et à condition de baisser en parallèle le coût des dépenses de l'Etat, il faudrait idéalement passer tous les impôts sous forme de TVA. » La décision qui devrait intervenir dans les prochains jours va donc dans son sens. Car « même si les prix vont peut-être augmenter un tout petit peu à court terme, les charges sur les entreprises seront allégées et elles vont embaucher. » Un petit mal pour un grand bien ? Celui qui est aujourd'hui administrateur du leader mondial du verre ophtalmique en est persuadé. Comme il est convaincu que la mondialisation est un ascenseur social. « Il faut voyager, découvrir, s'expatrier, surtout quand on est jeune. » Ce ne seraient pas plutôt les entreprises qui s'expatrient sans les salariés français ? « Chez Essilor, nous avons 4 000 salariés dans l'Hexagone, 10% de nos effectifs. » Une stratégie de couturier. « Le tissu est fabriqué ailleurs et la confection reste chez nous. Ainsi, les verres sophistiqués sont toujours fabriqués en France. »

Transferts d'emplois

Mais pour qu'elles puissent conserver ces effectifs minimum en France, Xavier Fontanet souhaite que les entreprises soient à égalité avec les consommateurs. « Ces derniers sont libres et changent de fournisseurs à l'envi. Une flexibilité que n'ont pas les entreprises.» Et d'en appeler à Schumpeter, l'économiste de l'innovation. « A chaque emploi perdu quelque part, c'est un emploi créé ailleurs,» plaide-t-il dans son livre* paru l'an passé et déjà réédité quatre fois. Et face aux 900 usines fermées et 100 000 emplois industriels détruits dans l'Hexagone en trois ans, il brandit les transferts. « On n'évoque jamais, en parallèle, les PME qui se créent. Les vieilles industries disparaissent, mais les nouvelles économies apparaissent.» La confiance que Xavier Fontanet porte à l'initiative entrepreneuriale, il l'a également donnée à ses salariés durant ses années à la tête d'Essilor. Pour lui, le management d'une entreprise de cette taille, doit avoir trois credo qu'il détaille dans son livre : « La confiance en soi, la confiance envers les autres et une bonne stratégie. » A base de TVA sociale, de mondialisation et « d'innovation bien gérée ».

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr

 

* Et si on faisait confiance aux entrepreneurs, L'entreprise française face à la mondialisation, Xavier Fontanet avec la collaboration de Jacques Barraux et Gérard Bonos - Manitoba/Les belles lettres, 2011.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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