Christophe Burgaud (Signium International) : "Nous manquons de grands leaders à chasser"

Sylvia Di Pasquale

Les entreprises ne forment pas assez de leaders. Débusquer des dirigeants devient de plus en plus difficile.

Parfois, les espèces en voie de disparition sont aussi les plus chassées. Il en va ainsi des présidents et des directeurs généraux. « Les choses changent. Il y a une véritable pénurie de leaders, de moutons qui n’ont même plus cinq pattes, mais six. » Celui qui constate cette raréfaction est chasseur de têtes justement. Directeur associé au sein du cabinet Signium International, Christophe Burgaud s’est fait, depuis le temps qu’il en côtoie, une idée du patron idéal.

« Quelqu’un qui doit à la fois gérer l’incertitude, maîtriser les technologies, avoir d’énormes capacités d’apprentissage, gérer ses émotions, être authentique et prendre du recul. » C’est beaucoup pour un seul être. En plus, quand ce super-héros veut changer de poste et donc se retrouver dans la ligne de mire de Christophe Burgaud –  puisque les offres d’emploi sont rares à ce niveau –, il doit être visible. Si la proie reste cachée dans son bureau, le chasseur ne la voit pas.

« C’est parfois difficile de convaincre un PDG ou un DG surbooké qu’il doit consacrer une demi-journée de travail par mois à se montrer, même à son niveau. » Un moment pour « se marketer », apparaître dans les médias, donner des conférences ou publier des tribunes. Et soigner son réseau, évidemment, puisque la cooptation représente la première source de transferts de patrons.

Mais il ne suffit pas d’apparaître dans les phares de la voiture du chasseur, il faut être capturé par une entreprise. A cette étape, le chasseur Burgaud devient coach. Et prépare les candidats. Pas seulement à mieux appréhender les séries d’entretiens avec l’entreprise qui pourrait peut-être les intégrer, mais aussi, parfois, à changer de division. A passer de Ligue 1 en Ligue 2, d’une grande entreprise, à une plus petite.

« Difficile en France, où l’on est très arquebouté sur le statut social, sur le paraître plus que sur le faire. Mais la jeune génération est en train de faire changer les choses. » La remise en question de ces grands fauves de l’entreprise doit parfois en passer par une autre épreuve, un refus. « Quand la réponse est non. Que l’entretien a échoué ». Pas toujours facile à accepter pour des patrons dont l’une des tâches consiste justement à dire non aux autres. Mais pas à l’entendre.  

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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