Corinne Margot (Soitec) : "Prêter des salariés plutôt que de les licencier"

Sylvia Di Pasquale

Il y a quatre ans, Soitec a « prêté » cinquante de ses salariés à d’autres entreprises pour éviter de les licencier. Aujourd’hui, ils sont presque tous rentrés et la DRH revient sur cette opération récompensée par le prix de « L’initiative RH 2014 ».

Lorsqu’un DRH remporte un trophée, c’est rarement parce qu’il a été confronté à un plan social, plutôt signe d’échec. C’est pourtant ce qui vient d’arriver à Corinne Margot, DRH de Soitec, distinguée du prix de « l’initiative RH de l’année 2014 » par Le Figaro Economie et Cadremploi en partenariat avec Hudson.

Légal mais méconnu

Evidemment, elle n’a pas été honorée pour avoir licencié, mais pour avoir prêté. « Mis à disposition, corrige la lauréate. C’est un dispositif tout à fait légal depuis 1946 mais pourtant méconnu. Nous avons mis 50 de nos salariés, tous volontaires, à disposition d’une dizaine d’autres entreprises le temps de laisser passer les difficultés. » Les entreprises accueillantes les ont rémunérés le temps du transfert provisoire. Les déboires de Soitec ont commencé il y a 4 ans. Il faut parfois beaucoup de patience pour imposer les grandes inventions. Comme celle que cette entreprise de l’Isère – qui conçoit des semi-conducteurs à base de silicium sur isolant – a développée et qui permettra, notamment, à nos smartphones d’augmenter considérablement leur autonomie. « En 2010, nous avons dû réduire notre masse salariale de 300 personnes suite à une brutale baisse de nos ventes sur le marché de l’électronique. » Corinne Margot s’en est donc allée voir d’autres entreprises qui avaient besoin de compétences pointues en électronique.

Avec des volontaires

Avec le recul, tout le monde se félicite de l’opération : les entreprises hôtes, qui se sont offert une main d’œuvre ultra qualifiée et difficile à trouver, Soitec, qui n’a pas eu besoin de licencier les 50 salariés mis à disposition (parmi lesquels 30 ingénieurs, 17 techniciens et 3 opérateurs) et les salariés volontaires qui ont pu rester dans leur région. Evidemment, tous n’ont pas pu bénéficier de cet échange de bons procédés. Mais entre les départs volontaires et naturels, seulement huit licenciements n’ont pu être évités.

Transposable

Aujourd’hui, Soitec va mieux et fait travailler 1300 personnes dans le monde. L’invention a trouvé preneuse du côté de Samsung et STMicroelectronics et la majorité des salariés prêtés est rentrée au bercail. Reste une expérience enrichissante pour eux, « et intéressante pour l’entreprise, puisqu’ils ont été confrontés à d’autres méthodes ». Une solution de prêt tellement positive qu’elle pourrait être instituée même dans les entreprises en bonne santé.

Par Sylvia Di Pasquale

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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