Coupable d'association de managers

Sylvia Di Pasquale

Pierre Burello mène une double vie. Le DRH de Latécoère préside également un groupe de réflexion sur le management, le Germe, dont il apprécie avant tout la libre parole. Au Club emploi, il use des mêmes droits.

On peut diriger les ressources humaines d'un groupe aéronautique qui sort à peine d'une zone de turbulences, tout en s'engageant, et en présidant, un réseau de managers. C'est le cas de Pierre Burello, président du Germe (Groupe d'entraînement et de réflexion au management des entreprises) et DRH du groupe Latécoère. Cet équipementier renoue cette année avec les commandes et les embauches.

« Nous recrutons 400 personnes tout au long de cette année », explique son patron des RH. Mais entre deux candidats, il prend le temps, une journée par mois, de confronter sa réflexion sur le management à celle d'autres cadres. La chute du moral des cols blancs, pointée par le dernier Baro-Eco de Viavoice pour HEC, Le Figaro et France Inter ? Il la comprend et l'analyse.

Crise d'identité des cadres

Selon lui, les cadres souffrent d'une crise d'identité. « Car ils ne savent plus quel est leur rôle. Leur statut a changé, s'est démocratisé. Il y a 20 ans, dans mon entreprise, nous étions 6 % de cadres. Aujourd'hui nous représentons 40 % des effectifs.» Tous cadres, mais pas tous managers. Ce malaise, aujourd'hui révélé, était déjà sous-jacent et Pierre Burello l'a anticipé, chez Latécoère. « On a senti qu'il y avait un problème il y a deux ans déjà. Alors, on a discuté, réuni les managers et nous avons mis en place des formations. On en récolte les fruits aujourd'hui. »

Pour autant, le DRH de Latécoère n'est pas devin. Cette écoute et ces discussions, il les a engagées depuis trois ans déjà, au sein des groupes de travail du Germe, où 3000 managers se sont déjà entraidés depuis la création du réseau en 1998. Ce n'est pas un organisme de formation au management de plus, mais une association de managers, nuance. Une grande nuance, « On parle plus librement et quand c'est le cas, on peut dire 'je ne sais pas. Car dans chaque groupe, il n'y a ni concurrents, ni chefs, ni collègues, ni subordonnés. ». Un luxe.

Entrainement entre pairs

Une réflexion sur le management passe forcément par les bons vieux conseils sur la bonne manière de diriger son équipe. Et de la motiver en ces temps de morosité ? « Non. On ne fait pas pousser les plantes en tirant dessus. De la même manière, on ne motive pas les gens, on crée les bonnes conditions qui les conduisent à être motivés. » Des conditions obtenues par un travail sur soi, « puis un travail sur son entreprise et sur le monde dans lequel on vit ».

Une réflexion sur le fond, pas seulement sur la forme, sans pour autant se perdre dans des considérations ésotériques. « En ce moment, nous réfléchissons à la créativité et à la conciliation entre le court et le moyen terme. Entre la trésorerie et la stratégie ». Vaste programme.

 

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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