Didier Baichère : "3 ou 4 métiers différents dans une carrière chez DCNS"

Sylvia Di Pasquale

Le géant industriel de la construction navale militaire cherche à recruter 200 à 400 personnes, dont 50 % d’ingénieurs, attirés par des carrières au long cours.

Ce n’est pas la grande muette, mais de ses rapports à l’armée lui vient certainement ce goût prononcé pour la discrétion. Ce silence, DCNS, le champion français du naval militaire, voudrait bien en sortir, ne serait-ce que pour attirer des talents. Et faire savoir que ce groupe de droit privé, malgré tout détenu à 64 % par l’État – le reste étant aux mains de Thalès (35 %) et de ses salariés (1 %) –, a quelques arguments à faire valoir.

Des carrières longues et balisées

« Il faut sept ans pour construire un sous-marin, dont la durée de vie est de cinquante ans, indique Didier Baichère, DRH adjoint de l’entreprise. C’est pourquoi il nous faut des talents capables de durer chez nous. » Autant dire qu’à l’heure du zapping de l’emploi, où certains cadres changent de boîte de manière métronomique, on n’entre pas chez DCNS pour deux ans seulement. « Nous proposons des parcours de carrière longs. Un salarié peut exercer trois ou quatre métiers différents tout au long de sa vie professionnelle. Ce qui permet par exemple à un ouvrier d’être formé au fil du temps à encadrer et à manager. » Et les RH accompagnent les évolutions de ses salariés. « Nous avons bâti 50 passerelles entre nos 230 métiers de la construction de navires et de sous-marins, en passant par nos services mais aussi nos nouvelles activités dans les énergies marines renouvelables. »

« Nous cherchons des profils internationaux »

Voilà qui devrait donner envie de postuler à quelques diplômés, du CAP à l’ingénieur. Des jeunes et moins jeunes, l’entreprise souhaite en embaucher entre 200 et 400 en 2015, dont 50 % d’ingénieurs. Parmi eux, « nous recherchons des ingénieurs ayant déjà fait du développement commercial à l’international, et qui connaissent notamment les pays en voie de développement. » Mais d’autres recruteurs industriels lui font de l’ombre. Notamment dans les spécialités pointues de l’informatique comme le développement logiciel, « domaine pour lequel nous recrutons des "systémiers" qui travailleront sur des systèmes de combat », ou encore des ingénieurs chimistes, « capables de travailler sur le traitement de surface des hydroliennes » et bien sûr des ingénieurs de production dédiés à l’industrialisation de process ou à la qualité.

Damer le pion à l’industrie de série

La difficulté que rencontre le géant, c’est que d’autres entreprises moins secrètes, plus glamour, recrutent les mêmes profils. « Il y a un désamour de l’industrie en France mais il y a aussi une méconnaissance des industries qui ne font pas de la série. L’automobile ou l’aéronautique n’ont pas notre déficit d’image. » Alors DCNS tâche d’y remédier, de créer de toutes pièces une marque employeur balbutiante. La semaine passée, le groupe était présent au traditionnel salon Euronaval qui se tient tous les deux ans au Bourget. Pour trouver de nouveaux clients mais aussi pour faire connaître ses atouts. « Nous invitons traditionnellement des étudiants mais cette année, nous avons aussi invité des prescripteurs, notamment des directions d’écoles.» Pour leur présenter un groupe qui s’ouvre à l’international afin de compenser les baisses de commandes de l’armée française, et qui livre des navires à de nombreux pays. Et pas seulement des porte-hélicoptères pour la Russie, toujours en attente de livraison.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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